Chapitre 72 : Ryan

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Émilie tombait de fatigue, elle n'en pouvait plus. Chaque jour, dès qu'elle avait une minute de libre, elle courait à la bibliothèque, ne sachant même pas quel livre elle cherchait. Pourtant, elle n'abandonnait pas, secrètement convaincue qu'elle le trouverait un jour.

Mais le temps était compté. Certes, Ryan lui avait promis de tout lui révéler avant la fin de l'année, néanmoins Émilie comptait bien apprendre la vérité par elle même pour pouvoir retourner la situation à son avantage. Elle détestait ne pas avoir le contrôle sur ses choix.

-Miss, la bibliothèque va fermer, rouspeta Madame Pince.

-Oui, je... Excusez moi. Encore.

Elle se leva, rangea sa chaise sous la table où elle avait l'habitude de s'installer, et prit sa pile de livres dans ses bras pour aller les ranger.

Elle s'était assoupit, et la seule lumière des bougies ne l'aidait pas à y voir très clair, si bien qu'elle se trompa d'allée et arriva au rayon sur les créatures magiques, au lieu de celui d'à côté sur les onguents et philtres d'attraction.

Elle tituba, se prit les pieds dans sa robe de sorcière, et se cogna la tête contre une étagère.

Elle entendit Madame Pince accourir, sans doute plus préoccupée pour le bien de ses précieux livres que pour celui d'Émilie.

La jeune fille rouvrit difficilement les yeux, et son regard fatigué tomba sur un petit livre ouvert et poussiéreux qu'elle avait fait tombé avec elle.

"L'essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu'avec le cœur. C'est ainsi que le professeur..."

-Qu'avez vous fait ? pesta la bibliothécaire.

-R... Rien Madame. Je suis tombée, voilà tout. Je... Je peux vous emprunter ce livre ? demanda Émili, tout en se relevant maladroitement.

-S'il le faut, mais sortez tout de suite !

Émilie attrapa alors le livre, puis se rua vers la porte d'entrée, comme si une énergie nouvelle venait de naître en elle. Elle l'avait trouvé, elle en était sûre. Les mots de Ryan résonnaient encore dans son esprit.

La citation qu'il avait dit à voix haute lors de leur dernière rencontre, était exactement la même que celle qu'elle avait lu dans le petit livre, qu'elle serrait étroitement dans ses mains, n'y croyant même presque plus. Elle allait enfin savoir.

Elle monta les escaliers quatre à quatre, ne pouvant plus patienter, prononça rapidement le mot de passe et s'engouffrit dans le passage derrière la Grosse Dame, pour enfin arriver dans une salle commune vide et accueillante.

Émilie se jeta dans un fauteuil, et commença sa lecture à la page où elle était tombée.

"Chapitre 6
L'essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu'avec le cœur. C'est ainsi que le professeur Marlowe Loncrocs utilise cette citation française pour définir
le lien qui frappe la bête et qui tombe sur la belle. (À noter que, une louve peut aussi être frappé par ce lien et être liée à un jeune homme.)

En effet, l'imprégnation peut arriver à tout moment dans la vie d'un loup, subitement ou lentement, et ne peut pas être le fruit d'un désir. Par ailleurs, le loup s'en rend compte immédiatement, contrairement à l'humain qui a besoin d'un temps d'adaptation.

À vrai dire, il faut également un temps d'adaptation au loup, le temps qu'il apprenne à connaître son âme sœur, à l'apprivoiser et à l'aimer. Cette phase est très courte, et laisse place à de magnifiques sentiments intenses et profonds. Les "symptômes" sont l'attirance continuelle, un besoin constant de protéger l'humain, de l'aimer, de s'assurer qu'il est heureux.

Généralement, le loup attend la fin de cette première phase pour faire par à son être aimé de son amour. Il est donc le seul à savoir pleinement à ce moment ce à quoi il s'attend. L'humain quand à lui, ressent les même sentiments, bien qu'ils sont encore incompris. La réaction de l'humain est une chose imprévisible et unique à chacun, ce qui rend le loup nerveux lors de la seconde phase, dite de la "découverte".

Mais après la seconde phase, l'humain accepte bien vite la réalité, et comprend rapidement qu'il ne pourra plus jamais ressentir le besoin d'être séparé de son âme sœur."

Émilie reposa  Gueule de loup, cœur d'homme sur ses genoux, et eut besoin de quelques minutes pour comprendre l'importance de ce qu'elle venait de lire.

* * *

-Ryan !! RYAN CONNOR OUVRE MOI CETTE PORTE !

Émilie se défoulait sur la porte de la salle commune des Serpentards.

-Hé ! HÉ ! Du calme, tu vas réveiller tout le château, dit une douce mais endormie. Que veux tu ?

C'était Astoria qui venait d'ouvrir la porte.

-Oh, excuse moi, je... Cherche Ryan, c'est important, bredouilla Émilie qui était devenue aussi pâle que les murs de pierre.

-Je... Je n'ai pas le droit de rentrer dans les dortoirs des garçons... Désolé, essaye de repasser demain matin, peut être qu'il-

Émilie baissa la tête, tremblante et elle allait repartir vers la tour de Gryffondor lorsque la main chaleureuse de la Serpentard la retint.

-Rentre, je vais voir ce que je peux faire.

Émilie pénétra alors dans la salle commune. L'eau du lac reflétait une sombre couleur verte et glaciale sur la pièce, et elle osa à peine s'asseoir dans l'un des immenses canapés de cuir froid disposés dans la salle.

Astoria disparue vers les dortoirs, laissant Émilie seule dans la grande pièce peu accueillante quelques minutes, puis Ryan apparut.

-Émil- ?

-J'ai trouvé, dit-elle en lui tendant le livre. Je sais ce que tu es.

-Dit le.

-Pourquoi ?

-Pour-

-Tu es un loup. Et tu t'es imprégné de moi. Je le sais, mais je ne veux rien de tout cela.

Il y avait un mélange de colère et de tristesse au fond de se voix.

-Émilie, nous n'avons pas le choix.

-Tu n'as pas le choix. Moi, je ne ressent rien pour toi, même pas une-

Elle se tut lorsque Ryan posa sa main sur la sienne. Elle était beaucoup plus chaude que celle de la jeune fille, mais ce qui avait fait taire Émilie était tout autre chose. Son cœur avait fait un bond dans sa poitrine, et une extrême sensation de chaleur et d'amplitude l'avait englobée. Elle se sentait calme et sereine à présent.

-Tu vois... Ce n'est pas rien. Tu ne peux pas le nier.

Il s'approcha d'elle de plus en plus, et Émilie sentait à présent son souffle sur sa peau.

-Non, Ryan... Tu ne peux pas...

Mais il était inutile de résister. Le jeune loup l'embrassa et Émilie se sentit mieux que jamais. Contre toute attente, elle lui rendit même son baiser, ne voulant pas que la sensation de chaleur ne s'échappe.

-Je l'ai fait parce que je pouvais le faire, lui chuchota-t-il. Je pouvais le faire parce que j'en avait envie. J'en avait envie parce que tu venait de dire que je ne le pouvais pas. Mais, tu découvriras bien vite que je fais ce que je veux, surtout quand on me l'interdit, et que rien n'est plus fort que moi. Même toi, alors que je sais que tu as un drôle de caractère, ma petite Émilie. Nous sommes ensemble maintenant. Ensemble et contre tous. Et... tu as découvert mon secret.

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