L'Ombre [Harry Potter]

Chapitre 3

Ah, d'accord. Première chose que j'ai remarqué en entrant dans le hall, c'est que tout le monde paraissait agité, nerveux, mais aussi soulagé. Enfin, sauf ceux qui tempêtaient parce qu'ils se faisaient arrêter, soupçonnés de trahison envers le ministère. Je me suis arrêtée deux secondes. Attendez ! Quel ministère ? Celui de la guerre, ou celui de l'avant-après guerre ? Remarque, si ça continuait comme ça, en plus des Mangemorts, j'allais devoir inspecter les employés. Étant donné que je faisais partie de l'Ordre, personne ne me soupçonnait, moi, de complicité avec les accusés. Ha ha ! Ils s'étaient piégés eux-mêmes. Mais, ils n'avaient pas besoin de le savoir.
Je me suis dirigée vers la salle principale, d'où partaient tous les conduits. Ah, tiens. Autre nouveauté, la statue avait disparu. Laquelle ? Celle des deux sorciers écrasant les Moldus. L'équilibre avait été rétabli. Je me suis demandée qui allait faire office de directeur à Poudlard. Probablement une directrice, Minerva. Cela dit, rien n'était sûr.
Un grand sorcier noir m'a soudain abordée:
- Oh, vous voilà, Dumbledore.
- Oui, Shacklebot. Que suis-je censée faire en priorité ?
- Descendez dans les salles d'interrogatoire. Les suspects y sont déjà, chacun dans une cellule séparée. Vous devez recueillir leurs souvenirs, que ce soit par la persuasion ou par la force. Ensuite, vous nous confierez tout ça. Ce sera analysé, et les bonnes conclusions seront tirées.
- Je suis aussi censée mener un interrogatoire ?
- Oui.
- Donc, je vous confierai aussi les souvenirs des interrogatoires.
- Oui.
Ben dites donc ! Côté monosyllabes, il pouvait gagner le trophée de celui qui en disait le plus ... Et pourtant, on se connaissait ...
J'ai soupiré.
- Ça risque de prendre un bon bout de temps. En plus, on est en pleine nuit, et vous m'avez réveillée.
- Vous avez raté la bataille ?
- Oh, la bataille ? Je crois que notre héros s'en est assez bien sorti tout seul. Et, Shacklebot ?
- Oui ?
- S'il-vous-plaît. S'ils ont agi sous pression, ne les condamnez pas trop vite. J'ai été dans l'ombre de Voldemort depuis la mort de mon père. Je sais que certains sont innocents, ou presque.
- On verra.
- Je vais consigner l'interrogatoire sur papier, ai-je ajouté.
Le travail s'annonçait fastidieux, mais tant pis. Et puis, j'avais quand même le droit à des pauses. Rentrer chez moi et petit-déjeuner par exemple. J'ai rapidement regardé ma montre, et j'ai sifflé. Minuit et demie. J'allais devoir prévenir Tom que je ne rentrerais pas avant longtemps.
- Et d'ailleurs, ai-je questionné, où se trouve notre "sauveur" ?
- Il se repose au Terrier.
- Pendant que les autres travaillent. Sympa.
- Il en a fait beaucoup plus que nous au cours de ces sept dernières années.
- Je sais. J'ai été sa surveillante. Pendant les dix-sept dernières années.
- Bon, allez voir les suspects, a-t-il dit pour mettre fin à la conversation. Je suis entrée dans l'ascenseur avec un certain Weasley, je ne sais plus lequel. Je l'ai regardé de plus près, et j'ai vu qu'il portait des lunettes à monture d'écailles. Un certain .... Perry ? Peter ? Aucune idée. Il est bien vite descendu, affairé (une dissertation sur l'épaisseur des fonds de chaudron en main), et moi, je suis descendue au dernier niveau. Des sorciers armés patrouillaient dans les couloirs. J'ai noté un changement sur le mur, et je l'ai observé avec plus d'attention. Une sorte de tableau, avec des baguettes, le décorait. J'ai rapidement compris. C'étaient les baguettes des prisonniers, avec leurs noms, taille, indices de reconnaissance (bois et intérieur), et le numéro de cellule.
J'ai consulté la fiche que m'avait remis Shacklebot, j'ai parcouru l'ordre des noms, et j'ai soupiré. Premier: Antonin Dolohov. Dernier: Drago Malfoy.
En soupirant à nouveau, j'ai remis ma baguette à un sorcier qui l'a contrôlée, j'ai ensuite fait apparaître un bloc-notes déjà en partie complété et une plume, et je me suis entrée dans la première cellule.

********

- Antonin Dolohov ? ai-je dit à l'homme en face de moi.
De mauvaise grâce, il a acquiescé d'un signe de tête.
- Attendez une minute, je fais juste quelque chose.
J'ai fait apparaître un Patronus, un cobra plus exactement, que j'ai chargé d'un message, et que j'ai envoyé à la personne qui m'attendait chez moi. Je me suis à nouveau tournée vers Dolohov, qui s'était détourné. Bon, il faut dire que les cellules n'étaient pas si mal que ça. Un lit propre, un canapé, une baguette à usage restreint, et quelques stupidités dans ce genre. J'étais assise dans un siège datant d'un roi français, Louis XIV je crois. Quoi qu'il en soit, j'étais là pour mener un interrogatoire. ET pour récolter des informations, au travers des souvenirs des Mangemorts.
Plume en main, j'ai commencé.
- Vous avez été enrôlé en tant que Mangemort auprès de Voldemort ?
Il a frémi, mais a fait un signe de tête affirmatif.
- Avez-vous tué ?
- Oui.
Aucun frémissement dans la voix. Pas de regret. Je l'ai noté.
- Avez-vous suivi le Seigneur des Ténèbres de votre plein gré ?
- Oui. Et je ne le regrette pas, même si ça doit me valoir des années à Azkaban.
- Combien de personnes avez vous tué ?
- Beaucoup.
- Plus d'une dizaine ?
- Sûrement.
Il avait dépassé le quota donné à coup sûr. Aller simple à Azkaban.
- Avez-vous usé d'autres Sortilèges Impardonnables de votre plein gré ?
- Oui. Tous, à un moment où à un autre.
J'ai griffonné ses réponses sur mon bloc-notes.
- Vous savez que vous venez de gagner un aller simple à Azkaban ?
Son visage s'est assombri. Qui aurait été réjoui par la perspective ?
- Est-ce que si je vous paie, vous allégerez ma peine ? a-t-il soufflé.
- Est-ce que vous savez que je suis obligée de faire une incursion dans votre esprit, et que cette incursion et ce que je verrai feront partie de mes souvenirs, que je retransmettrai plus haut ? Ça ne sert à rien de mentir, j'ai reçu des ordres stricts.
Il a juré tout bas.
- Qui êtes-vous exactement ? a-t-il lancé brusquement.
J'ai souri.
- C'est moi qui pose les questions ici. Mais, je vous accorde la réponse, cette fois-ci. Floralys Dumbledore.
Si son visage avait pu s'assombrir d'avantage, ce serait arrivé.
- Non, a-t-il décrété.
- Non quoi ?
- Vous n'entrerez pas dans mon esprit comme ça.
- Vous pouvez aussi me confier les souvenirs de ces derniers mois volontairement. La bonne volonté allège toujours un petit peu la peine
- Où allez-vous m'enfermer s'il n'y a pas de Détraqueurs ? a-t-il ricané.
- Oh, ce sera vite résolu. Dans le pire des cas, vous irez faire un tour soit chez les centaures, soit chez les êtres de l'eau.
- J'aurais préféré mourir, a-t-il grogné.
- Dommage pour vous.
Il m'a lancée un regard vide, rien à voir avec le sauvage Mangemort que j'avais connu. Puis, il s'est concentré, et, partant de sa tempe, un liquide gazeux bleu/argent a commencé à s'écouler. J'ai saisi une fiole que je venais de faire apparaître, et avec ma baguette, j'ai placé la substance dedans. J'ai rapidement étiqueté la fiole <A. Dolohov. Souvenirs volontaires>, et je l'ai remercié d'un signe de tête.
- Je vous laisse.
Il m'a dévisagée d'un regard sans expression, pendant que je sortais. J'ai tourné une autre page de mon bloc-notes, et je suis entrée dans la cellule suivante.

Certains interrogatoires ont été à la "Dolohov", d'autres m'ont fait déployer toute a ruse et mon pouvoir d'argumentation. Pour certains, j'ai du déployer la force. Face à Travers, j'avais du recourir à l'Imperuim et au Doloris, tellement il était buté. Les gardes étaient accourus, et j'avais du patiemment expliquer que j'avais reçu une autorisation spéciale de Kingsley. Finalement, alors qu'il ne me restait plus que trois personnes à interroger, je suis sortie, et je suis rentrée chez moi, prendre quelque chose à manger.