Je suis descendue en cachant mon trouble aux autres employés. J'ai brièvement croisé Kingsley, qui semblait avoir pris tout le ministère en main, et qui m'a informée que les Détraqueurs avaient repris leur place à Azkaban. Cette fois, ils avaient juré de ne pas quitter les lieux sans autorisation du ministre lui-même, qui qu'il soit. Eh ben, sacré Kingsley ! Il savait négocier, c'était sûr.
Je suis donc descendue à la salle de jugement, où j'ai été informée que je devais faire passer les prisonniers trois par trois, aidée de quatre personnes qui avaient demandé à assister à la séance.
Avec une certaine surprise, j'ai découvert que mes coéquipiers n'étaient autres que Harry Potter, Ron et Ginny Weasley, et Hermione Granger. J'ai soupiré en les voyant. Manquait plus qu'eux !
On est tous les quatre entrés dans l'ascenseur. Sur le chemin, Hermione a essayé d'entamer un semblant de conversation. Question numéro un: qui suis-je ?
- Floralys, fille de votre directeur à Poudlard pendant six ans ...
Ils n'ont pas réagi sur le coup. Puis Harry a écarquillé les yeux, et a lancé:
- Dumbledore ?
- Oui. A moins que vous n'ayez eu un autre directeur. D'ailleurs, il faudra que je voie Minerva, ai-je ajouté pour moi-même.
Arrivés au lieu dit, nous avons fait sortir Dolohov, Mulcimber et Avery. J'ai fait apparaître de fines chaînes sur leurs mains, maintenues ainsi dans le dos, comme mes directives me l'indiquaient. Sous "bonne garde", ils sont montés dans l'ascenseur. Rhaaah ! Je détestais faire le bourreau ! Mais n'ayant rien contre le système actuel, je me devais d'obéir. Nous sommes entrés dans la salle, les trois hommes ont pris place, et la séance a commencé.
- Vous avez chacun été condamné à la prison à perpétuité, en raison de vos multiples crimes. Avez-vous quelque chose à dire pour vous défendre, et alléger votre peine ?
Dolohov a lancé ironiquement:
- Est-ce que le fait qu'on soit désolés change quelque chose ?
- J'ai tout analysé, ai-je répondu. Et malheureusement pour vous, vos souvenirs sont tout autres ... Donc, basée sur vos réponses et vos souvenirs, la Cour ne peut pas vous accorder des droits comme celui-ci. Pas de chance ...
Potter m'a lancé un regard tordu, se demandant sans doute pourquoi je disais ça. Granger s'est penchée vers lui et a murmuré quelque chose. Son visage a montré qu'il avait compris ce qu'elle lui avait dit.
Les condamnés ont tous baissé la tête. Kingsley s'est levé, et a déclaré:
- Vous serez emmenés à Azkaban sous escorte d'ici ce soir.
Il m'a fait un signe, et je me suis levée. Les quatre qui m'aidaient ont suivi le mouvement, et nous avons accompagnés les trois hommes vers la sortie. Sur le pas de la porte, Avery s'est retourné, et leur a crié:
- Ce n'est pas fini ! Nous sortirons ! Un autre prendra sa place !
Potter et Weasley l'ont poussé dehors, tandis qu'il commençait à se débattre. Hermione et Ginny ont fait apparaître les menottes, et tout ce petit monde (moi avec), est redescendu aux sous-sols. On a remonté les condamnés suivants, le scénario s'est répété à deux ou trois répliques et expressions près pendant des heures, etc ...
Finalement, l'avant dernier groupe est redescendu. Je me suis soudain figée. Ouch ! Lucius + Narcissa + Drago + Harry + Ginny + Ron + Hermione, ça promettait.
- Euuuuh ...
- Il y a un problème, Mlle Dumbledore ? s'est enquise Hermione.
- Vous connaissez les résidents des trois dernières cellules ? ai-je coupé à brûle-pourpoint.
- Pourquoi ? Qui sont-ils ? a demandé Ginny.
- Drago, Lucius et Narcissa Malfoy, ai-je lâché.
Harry s'est arrêté en plein milieu d'un pas, pied en l'air.
- QUOI ? LES TROIS ENSEMBLE ?
- Je ne suis pas la responsable, me suis-je défendue. Calmez-vous s'il-vous-plaît.
Ron a posé la main sur l'épaule de son ami, et je me suis remise en marche. J'ai toqué aux portes des trois cellules, et les trois membres de la famille sont sortis lorsque j'ai ouvert les battants. Ils ont écarquillé les yeux en voyant leurs "gardes", et m'ont dévisagée, interrogateurs. J'ai haussé les épaules, et j'ai juste dit:
- Allons-y.
Arrivés en haut, ils ont pris place comme tous les autres. De retour sur mon estrade, je les ai regardés. Drago semblait avoir disparu tellement il se faisait petit. J'ai observé la Cour, et je me suis fait remarquer à moi-même qu'il y avait vraiment quelque chose d'intimidant dans toute cette assemblée, qui pouvait décider en un mot du cours de votre vie.
- Malfoy Lucius, a lancé la basse voix de Shacklebot. Avez-vous autre chose à dire que ce que vous avez déclaré à notre envoyée ?
- Non.
- Malfoy Narcissa ?
- Non.
- Malfoy Drago ?
Silence. Kingsley a sans doute pris ça pour un "non", car il a continué.
- Dans ce cas, voici la sentence: Lucius et Narcissa Malfoy, vous irez faire pénitence pendant quatre ans et demi.
J'ai sursauté. N'avaient-ils pas dit neuf ans, hier ? Visiblement, ils avaient reconsidéré les faits.
- Votre fils sera confié à une membre de cette assemblée pendant la durée de votre absence. Cela vous convient-il ?
Je me suis à nouveau redressée. Depuis quand demandait-on leur avis aux condamnés ? Depuis aujourd'hui, visiblement.
Potter, lui, a semblé se faire violence pour ne pas commenter.
Les deux parent ont hoché la tête en signe d'accord. De longues larmes coulaient sur le visage de Narcissa, et Drago semblait se retenir de faire de même.
- La séance est terminée.
Je me suis levée, et me suis dirigée vers les trois sièges au centre de la salle. Les quatre m'ont emboîtée le pas, mais Kingsley les a rappelés, leur demandant quelque chose qui ne me concernait pas et ayant sans doute assez confiance en mes talents.
La famille m'a suivie dans l'ascenseur sans un mot. Au moment d'entrer dans sa cellule, Narcissa m'a tout de même demandée:
- Qui est cette membre ?
- Moi.
- Merci.
L'échange avait été clair et bref.
J'ai raccompagné Drago, puis je suis remontée. Il était midi et demie. Je suis rentrée chez moi pour mettre au point les derniers détails.
********
- Je suis de retour ! ai-je lancé en guise d'annonce.
La personne que je visais est sortie de la cuisine, et m'a saluée sans dire un mot, le visage fermé. Mince ...
Je me suis dirigée vers la cuisine d'un pas alerte. J'ai vu que tout était en place. J'ai aussitôt levé ma baguette, et j'ai mis mes instruments au travail. En quelques minutes, le plat se préparait seul. J'ai laissé mes instruments se débrouiller seuls, les ayant "programmés" à l'avance, et je suis sortie dans le jardin externe.
Ah oui, je ne vous ai pas encore décrit ma maison ...
Bon, allons à l'essentiel. C'est un manoir de trois étages, plus le rez-de-chaussée, fait de pierre grise et de marbre noir. Assez sinistre. Des serpents en marbre blanc encadrent l'entrée principale, et des têtes d'hydre du même matériau surmontent les fenêtres. Le troisième étage est un jardin fermé, le deuxième m'est réservé, avec Tom, et le premier est réservé à Drago. Enfin, dans le futur. La maison est entourée d'un grand pré. Le double de la taille d'un terrain terrain de Quiddich. En parlant du sport, mon "garage" de balais comportait une quinzaine d'Éclairs de Feu flambants neufs et les quatre balles classiques. D'après mon père, j'excellais en tant qu'attrapeuse. Mais, on en parlerait plus tard.
Je suis revenue dans la cuisine par la porte arrière. J'ai songé au week-end qui arrivait. J'allais sans doute inviter Minerva, et Potter. Et toute la compagnie qui allait avec.
Encore un problème à régler d'ici bientôt. Mais on laisse tomber ce genre de problèmes pour l'instant.
- Tom ?
- Ne-m'ap-pel-le-pas-com-me-ça, a-t-il grondé.
Whoups.
- Désolée. Lord sera mieux ?
- Oui.
Le mot suivant a eu un peu de mal à passer.
- Merci.
WHAT ? Lord Voldemort qui dit "Merci" ? Wow.
- Donc, ai-je repris en m'installant à table, à partir de ce soir, nous allons avoir un co-locataire qui logera en bas. Et le week-end prochain, c'est à dire dans dix jours, je vais devoir inviter Minerva McGonagall et Harry Potter.
- PARDON ?
- C'est un passage obligatoire.
- D'accooooord ...
- Donc, ils viendront sans doute un dimanche. Je te demanderai, et ça vaut à partir de cette après-midi, de rester à l'étage. Drago n'y aura pas accès, je m'en chargerai.
- Drago ?
- Malfoy.
Intérieurement, j'étais morte de rire. La réaction était tout simplement indescriptible. Surpris aurait été trop peu. Ébahi aurait convenu un peu mieux. Mais même, c'était au delà de tout.
Il a fait un effort suprême pour garder son calme.
- Et je suis supposé supporter toutes ces allées et venues sans dire un mot ?
- A moins que tu ne veuilles mourir, oui.
- Bon, eh bien il va falloir faire avec.
- Oui. De toute façon, je compte les renvoyer à Poudlard dès que possible, si ça l'est.
- Ce ne sera pas avant un bout de temps, a-t-il déclaré avec une certaine satisfaction.
- Oui ... Bravo pour tes oeuvres incroyablement destructrices ...
J'ai consulté la pendule, et j'ai sursauté.
- Je dois encore y aller.
- Pas si vite !
- Quoi donc ?
- Ma baguette !
- Non.
- Pardon ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce que.
- Parce que quoi ?
- Parce que je ne veux pas me faire tuer dès que je rentrerai.
- Ah ... Bonne raison ...
- Comme tu le dis. A partir de maintenant, en haut ! ai-je ordonné.
Il a obéi. Je lui ai adressé un signe de la main en sortant, et je suis, pour la énième fois en deux jours, partie au Ministère.
Ah, qu'est-ce que c'est bien, la vie d'une employée d'un ministère après une crise ou une guerre ! De quoi vous mettre a bout de nerfs en permanence !
Aller. Retour. Aller. Retour. Aller. Etc ...
Pour la millième fois des trente dernières heures, sans doute, j'ai croisé Kingsley.
- Pouvez-vous emmener Drago maintenant ?
- J'allais le faire, ai-je rétorqué d'un ton acide.
- Et passez chez Weasley, vérifier si Potter va bien.
- Avec le jeune Malfoy ? Vous plaisantez ? Ils vont détruire les maisons à des kilomètres à la ronde !
- Eh bien ce serait l'occasion pour eux de se réconcilier, a-t-il lancé avec un sourire.
Je me suis tue. Ça ne m'arrangeait pas vraiment, ni moi, ni mon programme, mais bon.
J'ai fait apparaître deux invitations dans ma main. Je les ai tendues à Shacklebot, et j'ai ajouté:
- Donnez l'autre à McGonagall pour moi. Merci.
Je me suis détournée sans rien dire d'autre.
En descendant, j'ai observé les convois de prisonniers. Ils étaient placés dans les blocs de titane pour plus de sécurité. Blocs qui étaient ensuite dirigés grâce à un "Wingardium Leviosa". Plus moyenâgeux, il n'y avait sans doute pas !
Je suis entrée dans la bonne cellule. Drago semblait déjà être prêt. J'ai pivoté sur moi-même, et il m'a emboîté le pas. En passant devant l'étagère, j'ai remarqué que quasiment toutes les baguettes avaient disparu. Sauf une. Celle de Drago. Je l'ai récupérée sans m'arrêter, d'un geste fluide, sans cesser de marcher, et je l'ai rangée dans une poche invisible de ma robe de sorcière.
Sur notre passage, des sorciers nous dévisageaient. Surtout Drago d'ailleurs. Sans y faire attention, j'ai continué d'un pas vif vers la sortie. Nous sommes sortis dans la lumière du jour, et le jeune blond m'a attrapé la main, prêt pour le transplanage. Je me suis concentrée, en pensant "La colline de Têtafouine". Pour ceux qui ne sauraient pas, c'est une colline non loin du "Terrier", où les sortilèges de protection qui barricadent la maison n'agissent plus.
Nous sommes arrivés à bon port (merci papa !), ou a bonne colline plutôt. Je me suis tournée vers le Malfoy, et je lui ai expliqué:
- Je dois passer voir Harry Potter avant de te ramener chez moi. Je t'en prie, ne fais pas sauter leur habitation ...
- Avec quelle baguette ? a-t-il relevé ironiquement.
J'ai souri pour toute réponse.
- Ah oui, j'allais oublier ... Ils viendront sans doute déjeuner au manoir ce week-end.
Silence pensif et agacé. Je le comprenais, d'un côté.
Je me suis remise à marcher, et nous sommes vite arrivés aux barrières.
- Qui va là ? a lancé la voix d'Arthur Weasley ?
- Personne ... sauf le sang d'un mage, ai-je répondu.
C'était mon mot de passe personnel. Véridique, car je n'étais pas censée exister. Drago m'a regardée d'un air interrogatif, mais je n'ai pas répondu à sa question muette.
- Ah, Floralys ... Bienvenue. Kingsley nous a prévenus.
Il a ouvert la porte, et je suis passée dans le jardin, suivie de Malfoy. Weasley l'a contemplé en faisant les gros yeux, et m'a murmuré:
- J'espère qu'il ne fera pas tout exploser ...
- Il n'a pas sa baguette. Faites de même pour Potter.
Il a filé à l'intérieur, et est revenu quelques instants après, nous priant de le suivre. Nous sommes arrivés dans la cour de derrière. Une table avait été installée, et mes quatre assistants de la CEIA y étaient déjà assis, côte à côte. J'ai fait de même en face d'eux.
- Mlle Dumbledore, m'a salué Potter froidement. Et Malfoy.
Mutisme de la part du dernier cité. J'ai pris la relève du même ton.
- Mr Potter Junior, Mlle Granger, Mr et Mlle Weasley. Comment allez-vous ?
- Comme à l'issue d'une guerre, a répondu Hermione.
- Ne vous plaignez pas, j'ai passé les quarante huit dernières heures au Ministère.
- Et nous, nous avons passé l'année passée à chercher les ... a commencé Ron, mais Harry l'a fait taire.
- Les Horcruxes, ai-je complété.
Ils m'ont dévisagée avec des yeux ronds.
- Comment ... ?
- Je suis LA Dumbledore.
- Et vous saviez tout ?
- J'ai surveillé le doublement survivant ici-présent pendant seize ans et des poussières.
- Comment ?
- Cape. Pas la vôtre, Mr Potter, mais une copie d'assez longue durée. Ne vous inquiétez pas, ça ne m'a pas plu de faire la garde invisible et inactive.
- Pourquoi n'êtes vous pas intervenue ?
- Parce que père ne le voulait pas. C'était votre combat, pas le mien. Moi, je faisais la surveillance.
- Pourquoi êtes-vous ici ?
- Pour prendre de vos nouvelles et éclaircir les points qui sont restés dans l'ombre.
- Depuis seize ans ?
- Depuis la mort de vos parents. Je les aimais bien.
- Vous les connaissiez ?
- Oui.
- ...
La série questions-réponses s'est poursuivie. Finalement, j'ai réussi à répondre à tout, et ils se sont tus.
- Ah, oui. Mr Potter, Mr Malfoy.
- Oui ? ont fait les deux en même temps.
- Shacklebot aimerait que vous vous réconciliez ...
Ils se sont dévisagés avec un profond dégoût, en chiens de faïence.
- Il plaisante, j'espère, a lâché Potter, glacial.
- Non.
Drago a respiré un grand coup avant de laisser échapper:
- Potter ...
L'interpellé a relevé la tête.
- Granger, Weasley ...
La suite a eu l'air de quelque chose de difficile à dire, comme si elle allait le tuer:
- Je suis désolé. Pour tout.
Un lourd silence a couvert la déclaration de Drago. Harry avait l'air d'avoir avalé quelque chose de particulièrement infect. Puis, il a lancé:
- Je ne dirai pas que moi aussi, ça ne serait pas vrai. Mais en tout cas, je regrette. On aurait pu être amis.
Je me suis levée sans rien ajouter. Hermione m'a coupée dans mon élan de départ en déclarant:
- Drago ? Moi aussi.
C'était tout. Mais c'était aussi un début, et une fin. Le début d'une acceptation entre des personnes qui se haïssaient cordialement. La fin d'une haine qui avait duré sept ans.
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L'Ombre [Harry Potter]
Fanfiction« Juste une ombre dans la nuit. Évanescente, silencieuse, toujours présente mais jamais visible. Un silence, un murmure, une présence. Rien d'autre. Juste le froufrou d'une cape d'invisibilité. Juste une ombre, juste un nom. Floralys. » [fanfiction...