Eye of the Owl - Fanfiction Code Rouge

2. Welcome to the Show

Au moment de saisir la poignée, ma main tremble violemment. Et j'ai la désagréable impression que tout le monde peut percevoir les battements effrénés de mon coeur, qui palpite jusque dans mes tempes.  Argh. Respire bordel ! Ne montre ta peur à personne... Je m'inflige une gifle mentale, et m'efforce de reprendre le contrôle de moi-même. Quand je pense qu'au final, j'en suis là à cause de mes stupides frères ...

Enfants, nous étions avides d'aventures et de liberté. Nous étions encore insouciants et nous ne préoccupions pas des éventuelles difficultés de la vie. Alors, innocemment, nous avons fait un pacte ; tour à tour, nous passerions les épreuves "qu'Ils" nous imposent pour quitter le village. Et le premier parvenant à s'échapper deviendrait le futur chef de famille. Ce rôle peut sembler un peu archaïque vu comme ça, mais étant la seule fille, je rêvais d'avoir enfin l'ascendant sur mes frères.

Et ce rêve est pour l'instant encore réalisable, car jusqu'à présent, aucun de mes frangins n'a eu l'examen.

Revigorée par ce doux espoir, je me résout enfin à ouvrir cette fichue porte de bois massif et après avoir jeté un ultime regard derrière moi, je m'engouffre avec prudence dans ce qui semble être un long couloir. Impossible d'être précise, car en dépit du petit filet de lumière tamisée que filtre la porte encore entrouverte dans mon dos, c'est le noir complet.

J'avance prudemment de quelques pas et le grincement sinistre coupé d'un claquement derrière moi m'indique que la porte s'est refermée, me laissant dans l'obscurité la plus complète. Prise d'un axe de panique, je tente de revenir sur mes pas. Mais rapidement, je me rend à l'évidence : ma seule issue a disparue. Je n'ai d'autres choix que d'avancer à l'aveuglette.

Je reprend donc ma marche, et tous mes sens sont en alertes : à défaut de pouvoir utiliser la vue, je tente désespérément de me repérer à l'aide de mon ouïe particulièrement fine. C'est alors qu'un étrange phénomène m'interpelle : jusqu'à présent mes pas résonnaient contre le sol, comme si j'évoluai sur un sol de pierres. Mais à présent, la semelle de mes chaussures crissent comme si j'étais... Sur du parquet ?!

Et puis, petit à petit, la lumière se fit. Par l'intermédiaire d'une multitude de bougies, qui avaient été généreusement déposées et allumées. (Notez ici l'ironie.) Ce qui me permit de découvrir que j'étais arrivée dans une sorte de maison abandonnée, sur plusieurs étages. Sympa l'ambiance ...

Bon. J'imagine que ce n'est pas en restant planté là que les choses avanceront. Du peu que je sais d'Eux, ce n'est pas leur style de ménager qui que ce soit. J'avance donc, sans réellement savoir ou je vais. Je me contente de grimper les marches des escaliers en colimaçon, sans jamais avoir l'impression d'en voir le bout. C'est alors qu'un battement d'ailes attire mon attention. Je lève les yeux et suis le vol gracieux d'une magnifique chouette effraie, qui me survol silencieusement. Holy shit. Qu'est-ce qu'elle est belle ! Et étrangement, j'ai l'impression que je peux m'en remettre à elle. 

C'est peut-être un sentiment stupide. Mais lorsque tout me semble flou, je me raccroche à n'importe quoi. J'imagine que c'est aussi en partie ce qu'on me reproche chez moi. C'est encore une faiblesse ... Sauf que cette fois, personne n'est là pour me rabaisser. Tes frères ne sont pas là cette fois. Profites en. Alors, je fais tout ce qu'il me reste à faire : je suis mon instinct qui a prit la forme de mon animal totem. Sans plus faire attention où elle me guide.

Soudain, la chouette se pose sur une marche. Qui ne donne sur rien. Je la rejoint intriguée. Et je me mis à crier lorsque la vieille planche de bois sous mes pieds céda, me faisant chuter.

Une chute. Longue. Beaucoup trop longue pour que ce soit aussi simple qu'un banal accident. Tout est prémédité. Suis-je déjà hors jeu ?!

J'ouvre enfin les yeux, me remettant de mes émotions. J'en ai marre. Je suis pas là pour amuser la galerie bon sang. Tout en réfléchissant je me redresse, m'époussette et relève le visage pour chercher la chouette du regard.

Mais elle a mystérieusement disparue. Et à sa place, assis autour d'une table de glaise, se tient le jury. Oh oh ...