14. Air trip

33 6 2
                                    

En fin de compte, prendre l'avion s'avère être moins agité que je ne le pensais. Je m'imaginais subir des turbulences, des trous d'air à répétitions ... Mais pour l'instant, mon voyage est juste .... d'un ennui affligeant.

Cependant, comble de l'ironie, l'hôtesse à ma disposition, une autruche, ne semble pas aussi détendue que moi en revanche ... Elle jette constamment des coups d'oeil anxieux par les hublots, et se rendant compte de l'évidence, à savoir que nous sommes à quelques centaines de mètres du sol, elle cache son visage dans ses mains, pensant ainsi disparaitre instantanément et échapper à son calvaire. Une fois calmée, elle se redresse, et se rendant de nouveau compte que sa situation n'a aucunement changer, recommence son manège.
Les autruches ne sont pas des oiseaux volatiles et sont ...particulièrement stupides. Selon certaines théories, leur cerveau serait même plus petit que leurs yeux ... À mon humble avis, cette fille de l'air n'a pas du comprendre en quoi consistait son contrat lorsqu'elle l'a signé ...

Pour tromper la torpeur qui m'engourdit, et essayer de détendre un peu Amanda, comme l'indique le petit badge de plastique blanc étiqueté sur sa poitrine, j'essaie alors de gratter quelques informations sur la destination finale. Je n'ai pas spécialement peur de l'inconnu, mais très franchement, je préférerais effectivement avoir une petite idée, du lieu où l'on m'envoie. Après tout, maintenant que je suis officiellement agrée à l'ordre des Nymphettes, comme en témoigne la cape blanche recouvrant toujours mes épaules, je ne vois pas en quoi il est utile de me tenir dans le secret.

- Amanda ? Excusez moi, pourriez vous m'indiquer ou se trouve notre destination ? je demande doucement.

Mon interlocutrice relève la tête du siège où elle s'était cachée, et me regarde de ses yeux ronds, avant d'esquisser un timide sourire. Puis, d'une voix empreinte de panique, elle me répond, tout en tripotant nerveusement l'ourlet de sa veste bleue marine, tirant sur des petits fils décousus.

- Personne ne vous à rien dit ? Nous ne regagnons pas la terre ferme. Les gouvernements ont construit un immense navire, une véritable cité flottante pour accueillir les Nymphettes ... On l'appelle l'Aurora D9. C'est pour éviter que les loups localisent la base et viennent détruire les gens formés pour les espionner ... Enfin, interrompre leurs messages ...

Si cette hôtesse n'a pas d'assurance pour faire son métier principal, elle n'en reste pas moins une excellente informatrice. Et semble bien connaitre l'organisme que je m'apprête à rejoindre.

- Alors, l'Aurora D9 change de coordonnées géographiques de manière récurrente ? Ce ne doit pas être simple pour le pilote de savoir où aller non ? je demande, sceptique.

Madame Autruche hoche rapidement la tête comme pour me donner raison, et de sa petite voix , réplique rapidement.

- Oh non non non ! Notre pilote est très compétant ! La longitude, et la latitude où se trouve actuellement l'Aurora D9 lui sont transmises juste avant le décollage. Ne vous inquiétez pas, on ne vous perdra pas !

Je ne peux m'empêcher de lui sourire gentiment, devant le ton  protecteur et rassurant qu'elle emploie avec moi, faisant visiblement de son mieux pour ne pas montrer qu'elle est rongée par l'anxiété. On dirait une maitresse d'école qui ne veut pas inquiéter et décourager son élève alors qu'elle lui présente un bulletin de notes remplis de zéros accumulés. Elle m'adresse un petit sourire en retour et pousse soudainement un cri paniqué aigu, avant de se précipiter sous un siège pour de nouveau s'y cacher.
Je me remet alors confortablement dans le siège, laissant en paix ma pauvre petite autruche qui ne comprend pas ce qu'elle fiche ici.
Ça risque de ne pas être simple pour correspondre avec le village ...

Malgré moi, mon coeur se serre à la simple évocation de ma famille. N'ayant aucune notion du temps passé, et encore moins de l'heure qu'il est, j'ai du mal à imaginer ce que mes frères et mon père peuvent bien faire en ce moment. La plupart d'entre eux doivent s'entraîner, c'était l'activité principale à la maison.
Je songe que c'est le tour d'Hélias de préparer le repas. Ça passe encore...
Je me remémore, je me rappelle, je me souviens. J'attrape la nostalgie et m'en défait tout aussi rapidement qu'elle est venue.
Je soupire, je respire.
Et puis tout à coup, le noir complet se fait autour de moi. Et de douces ténèbres accueillantes m'enveloppent. Je ne cherche pas à m'en défaire et accepte cet étreinte d'ombre, me laissant glisser dans les plaisirs tentants de l'oubli partiel et momentané.

Eye of the Owl - Fanfiction Code RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant