Après m'avoir raccompagnée jusqu'à ma chambre, Jehn m'a laissé, me conseillant de me reposer. D'après elle, Dame Kaihime est une excellente commandante, mais aussi en partie parce-qu'elle tient à ce que le rythme reste soutenu afin que nous puissions agir dans les délais les plus brefs.
Il est évident qu'ici, tous l'admirent et la respecte. Pourtant, je sens bien que Samaël est plus réservé à son sujet. Je me demande bien pourquoi. Son silence, après le repas, me laisse perplexe. Et je ne suis pas la seule à avoir remarquer son changement d'attitude.Avant de s'en retourner dans ses propres quartiers, Jehn m'a demandé de l'excuser, de ne pas lui en tenir rigueur. Elle m'a confiée qu'il n'a jamais été bien dans les clous, mais qu'il n'en reste pas moins une personne fiable.
Je me tourne dans mon lit, dans un bruissement de draps froissés. J'ai envie d'avoir confiance en eux. En leur présence, je me sens étrangement bien. C'est rare que des inconnus me mettent aussi facilement à l'aise. Même après dix-sept années au sein du village, je n'ai réussi à devenir aussi complice avec personne. Enfin, sauf avec Raven Corax (Kagerou-Chan ). Comme moi elle était un volatile. Et comme moi, elle portait un intérêt particulier à ses proches. D'ailleurs, c'est même par l'intermédiaire de nos frères respectifs que nous nous sommes un peu côtoyée. Son frère, Kévin, était l'un des meilleurs amis des jumeaux, bien qu'il soit d'un an leur cadet. Je me demande ce qu'ils sont devenus tous les deux. Au fur et à mesure, j'ai commencé à passer de moins en moins de temps dans le village, m'isolant de tout. Je n'aurais pas dû, Raven a toujours été cool avec moi. Mais parfois, j'agis d'une certaine manière et après, je ne saurais pas expliquer pourquoi après. J'espère qu'elle aura réussi ses tests. Quant à Kévin, la dernière fois que je l'ai aperçu, c'était sur le sable de l'arène, lors de la confrontation avec le Maître Loup qu'avait amené Shawn. Il était parmi les combattants que le lupin avait mis au tapis. Dans la cohue de l'instant, je n'ai pas non plus fait attention à ce qu'il était advenu de lui.
Je ferme les yeux. Derrière mes paupières closes, des images de mon passé dansent. Un frisson me parcoure l'échine, le long de ma colonne vertébrale. Les souvenirs me prennent aux tripes, me donnant la nausée. Mais je résiste, je ne me redresse pas, je me mure dans le silence. Et fini par m'endormir.
Le lendemain, je me réveille en sueur. Mes joues sont encore poisseuses de larmes, et pourtant, je n'ai pas le moindre souvenir d'avoir pleurer la veille. J'ai l'esprit embué, la désagréable impression que mon corps ne m'appartient plus, dans une parfaite dualité de l'enveloppe charnelle et de l'âme. On frappe à ma porte. Je me dégage de mon lit et me traîne difficilement pour aller ouvrir. Jehn apparait dans l'encadrement de la porte, tout sourire.
- Ouh là là ! J'en connais une qui a eut une nuit agitée ! s'exclame-t-elle de sa voix enjouée.
Sans me laisser le temps de rétorquer, elle pénètre dans ma chambre, comme un courant d'air. C'est seulement alors que je remarque ses bras encombrés de linges soigneusement pliés. Elle dépose précautionneusement la pile sur mon lit, et me la désigne.
-Je t'apporte ton uniforme. ~
Je m'approche, intriguée, et commence à prendre les vêtements. Il y a une robe noir, arrivant à hauteur du genoux, un blaser de la même couleur avec un liseret blanc, commun aux filles et aux garçons, comme le chaperon blanc, et une paire de botte montante brune.
- T'as des rechanges, les lessives ont lieu en fin de semaine. Ça évite la galère des "j'ai rien à me mettre !" ricane Jehn.
J'acquiesce avec un léger sourire, et file dans la salle de bain pour me préparer. Après une petite douche rapide me remettant sur pied, je démêle mes cheveux, me brosse énergiquement les dents et enfile mes vêtements.
Je dois admettre qu'il y a un certain charme dans le port de l'uniforme. Quelque chose de solennel, marquant clairement l'appartenance à un groupe.
Je sors, et Jehn m'accueille avec un petit cri de joie, sautillant sur place et tapotant vivement dans ses mains.- Hiii ! J'étais sure que ça t'irait trop bien ! T'as l'éthique pour être nymphette !
Je lui sourit pour la remercier, et elle m'adresse une moue adorable en retour. Puis elle m'agrippe par le poignet et m'entraine hors des dortoirs, tout en bavardant joyeusement, comme elle en a l'habitude. Je fais de mon mieux pour l'écouter, mais j'admet que j'ai un peu de mal à émerger le matin ...
- [...] Sam' doit déjà nous attendre au réfectoire. Quand il s'agit de manger, comptes sur lui. Mais bon là j'admet que j'ai aussi un peu la dalle pour le coup ... Pas toi ? Rhaaa, on a tout juste une demi heure devant nous ! Heureusement on commence par les aptitudes physiques. C'est bien qu'ils aient pensé à nous faire bénéficier de la fraicheur matinale pour ça. Bon, j'avoue en hiver, j'tiens pas vraiment le même discours ...
Je me contente d'acquiescer quand il faut, la suivant avec des actions robotisées, sans vraiment avoir conscience de ce que nous faisons. Non, je ne suis définitivement pas du matin. Mais on ne se change pas. ~
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Encore un chapitre posté en retard ! Désolée 😘
Bon, petit chapitre dédié à Kagerou-Chan , puisque je me suis permise d'inclure son personnage.
Allez lire sa fiction, Slowly Closer, elle vaut vraiment le détour !J'essaye de poster en temps et en heures pour la prochaine fois !
Bisous, bisous ! 💋
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Eye of the Owl - Fanfiction Code Rouge
FanfictionAu village, les perspectives d'avenir sont rares, et la seule possibilité de sortir de l'enceinte est de devenir Chaperon où Chasseur. Dans le meilleur des cas, Mère-Grand. Céléna fait parti de ces adolescents, lassés d'obéir a des règles et de voi...