La Traque

IV

John Corwin

John avait toujours été un détective hors pair malgré ses méthodes disons...controversées.

Ce sont ces mêmes méthodes qui avaient attirées l'attention de ses nouveaux clients.

John ne les aimait pas. Trop bourgeois à son goût, du style à se lamenter de l'augmentation du nombre de sans-abris dans les rues la bouche pleine caviar importé à grands frais de Sibérie.

Dès qu'ils lui avaient parlé, le détective avait senti tout le mépris et le dédain cachés sous leurs épaisses fourrures.

Lui qui peinait à nourrir sa fille, âgée de neuf mois maintenant, depuis la mort de sa femme n'avait pas fait la fine bouche. L'argent était de l'argent et s'il fallait pour cela qu'il ravale sa fierté, et bien tant pis.

Déterminé à toucher son salaire, il contemplait fixement une carte de la ville fixée au mur sale de son agence.

Des épingles de différentes couleurs indiquaient les lieux et habitudes de sa proie mais aussi les derniers endroits où l'on avait aperçus. Afin de compléter le tout des fils de laines bigarrée s'entremêlaient, formant un motif compliquée que John tentait désespérément de déchiffrer depuis plusieurs heures déjà. La lourde fumée parfumée de nicotine avait depuis longtemps envahie la pièce mais ne l'avait en rien aidée dans sa quête. C'était à en croire que sa proie était totalement imprévisible.

John se pencha plus en avant, collant son front au papier. Il sentait qu'un dessein précis était caché dessous mais il n'arrivait pas à déterminer lequel. Il se savait si proche, tellement proche qu'il pouvait le percevoir au bout de ses doigts amaigris par la faim.

Animé par sa frustration et sa rage, son poing heurta le mur et provoqua la chute de quelques débris de plâtres détachés du plafond miteux sur sa tête ainsi que sur les épais dossiers qui tapissaient le sol.

John s'affala sur une chaise et soupira. Trop de problèmes s'accumulaient sur ses épaules déjà lourdes. Ses yeux fixant le vague, il chercha à se raccrocher à quelque chose. N'importe quoi qui pourrait l'aider à débloquer cette situation insoutenable.

Il resta ainsi plusieurs minutes durant, son esprit las de toute chose.

Soudain une sonnerie retentit dans le minuscule bureau.

Se jetant sur le combiné, John le décrocha sans même prendre la peine de se présenter.

-Allô ? Je crois pouvoir vous aider, déclara une voix tremblante dans l'appareil

Un sourire carnassier découvrit les dents de John.

La chasse était relancée.