La Traque

XII

John Corwin

Lorsque John sortit en courant de l'immeuble, une heure supplémentaire s'était écoulée. Il lui avait fallut plus d'une demie heure pour calmer la concierge et le reste de l'immeuble. Il secoua la tête. Ces gens étaient obstinés ! Il avait dû prouver qu'il avait vidé le chargeur avant de menacer Finn Isaac. Ce dernier avait, après avoir appris pourquoi il était ici, été paradoxalement son plus ardent défenseur.

Une demie heure supplémentaire fut nécessaire pour que les résidents de l'immeuble comprennent ce qu'il cherchait et enfin, il eût sa réponse. Une jeune afro-américaine avait aperçu sa cible quand elle avait sorti les poubelles et l'avait vu prendre la direction de North Side. La route était droite et longait un autoroute, ce qui limitait les possibilités. C'est pourquoi le détective courait tout en se promettant intérieurement d'arrêter la cigarette.

Maintenant il ne courait pas seulement pour l'argent, il courait aussi contre le temps afin d'empêcher un nouveau drame. Malgré la migraine que lui avait causé les habitants de l'immeuble, il avait été sincèrement touché par le désespoir qui se lisait dans les yeux de la concierge.

La mort de Rex, bien qu'il soit qu'un chien, avait bouleversé la vie de ce bâtiment. C'était un geste odieux, uniquement motivé par la haine et l'envie de meurtre. Cela ne pouvait être toléré.

Le détective arriva, essoufflé, à un carrefour. Il guetta autour de lui, cherchant son souffle et sa cible.

Là ! Il le vit s'enfoncer dans une ruelle. Sa volonté s'affirma et il s'élança à nouveau, ne se souciant plus de la fatigue.

John zigzagua entre les voitures, récoltant des jurons et quelques bleus mais il arriva face à la ruelle en ayant rattrapé son retard sur l'autre qui fuyait.

Désormais il le talonnait. N'osant sortir son revolver dans un quartier plus bourgeois que le précèdent et donc plus enclin à appeler la police au moindre bruit, le détective tenta d'attraper sa cible. Cette dernière se dégagea de sa poigne d'un geste brusque et, d'un bond qui semblait impossible pour un être humain, grimpa la moitié du mur qui bouchait la ruelle.

Le pourchassé s'aida ensuite des anfractuosités du mur, achevant de se hisser plusieurs mètres au dessus de son chasseur essoufflé. De là, il s'octroya une pause et offrit au détective de son plus beau regard moqueur.

Ils restèrent plusieurs minutes ainsi à se dévisager tandis que John se faisait violence pour ne pas tirer sur sa proie. Puis comme lassé par ce jeu le grimpeur se détourna et sauta dans la cour derrière le mur, disparaissant aux yeux de John.