UPSURGE

2

ALABAMA

En franchissant les portes de l'école, je sentis mon bracelet vibrer. Il affichait maintenant deux mille six cent soixante dix-huit points. Je dis au revoir à Nevada, qui se dirigeait vers l'aile du cycle inférieur.

Virginia me rattrapa.

« Regarde qui vient. »

Elle fit des mouvements de sourcil en direction d'un garçon qui marchait dans le couloir. Mes joues s'empourprèrent quand je reconnus Phoenix.

Ne vous méprenez pas, je n'étais pas amoureuse de lui. Pourtant, je devais reconnaître qu'il avait de magnifiques cheveux blonds, un regard bleu azur pénétrant et un sourire enjôleur. Bref, il aurait pu être top model.

Hélas, il avait tiré une croix sur sa potentielle carrière de mannequin après avoir été pris en train de trafiquer des stupéfiants à la sortie de son lycée, ce qui lui a valu une place VIP pour Upsurge. Quel gâchis.

Virginia me donna un coup de coude.

« Et voilà Miss Monde. »

Une brunette apparut et se précipita vers Phoenix pour l'enlacer. C'était Olympia, sa petite amie. Elle était arrivée il y a deux ans, et s'était vite imposée comme la starlette d'Upsurge. Aussi pénible que c'était, je devais reconnaître que son nom lui allait à ravir : elle était belle, vraiment belle, une déesse grecque. Pas étonnant qu'elle ait fini avec Phoenix. Ils étaient faits pour être ensemble. C'était le couple parfait. Non, je n'étais pas du tout jalouse.

« Je ne comprends pas l'intérêt que tu lui portes. » fit Virginia. « Il est trop âgé pour toi. »

« À t'entendre, on dirait qu'il a trente ans, alors qu'il vient tout juste d'être majeur. » me défendis-je.

« Ah, parce que tu connais le jour de son anniversaire, en plus ! Mince alors, t'es encore plus mordue que je ne le croyais. »

Je fis semblant de la frapper et nous allâmes en cours.

Comme d'habitude, nous nous assîmes côte à côte. À huit heures trente tout pile, l'écran plasma de la salle de classe grésilla, faisant cesser tout bavardage.

Le visage d'un homme sans âge apparut, tout pixélisé. Il s'agissait de notre professeur de mathématiques.

« Allumez votre tablette, ouvrez votre session et commencez par me tracer la courbe représentative de la fonction ci-contre. »

La tête de notre professeur se fit de plus en plus floue, jusqu'à être remplacée par une association de chiffres incompréhensible. Je poussai un soupir de découragement.

Mon regard croisa celui de mon voisin de bus. Il rentra la tête dans ses épaules et se gratta la tête, faisant mine de réfléchir au problème.

Je m'avachis sur ma table, abattue. C'était le commencement d'une longue journée.

Enfin, ça l'aurait été si l'écran ne s'était pas subitement éteint.

Puis les lumières.

Noir.

➤

Personne n'osa faire le moindre geste. Ça ne devait être qu'une coupure passagère. Mais moi, je ne tenais pas en place.

Curieuse, je m'approchai de l'écran, et passai mes doigts sur le moniteur. Je n'y trouvai pas de bouton "on/off". Même chose pour les lumières. Tout s'allumait automatiquement, à Upsurge.