Es-tu là ?

CHAPITRE 4

Je m'installe au volant de ma voiture. Éric m'a changé la roue et l'a récupérée pour la faire réparer. C'est vraiment un amour... Je décide d'aller faire un tour histoire de me changer les idées. Je roule sans réfléchir à la destination. Je me relaxe et me vide la tête en écoutant de la musique. Je longe la côte et en profite pour admirer la mer. Il fait beau et il y a du monde sur les terrasses de café. Je m'arrête à un feu rouge et regarde les gens boire et manger en famille ou entre amis. Je remarque un couple qui est un peu à l'écart. La femme a de longs cheveux blonds et porte une robe rouge assez courte qui fait ressortir ses longues jambes de mannequin. C'est vraiment une belle femme. Elle est penchée vers la table et tiens la main d'un homme que je ne vois pas. J'aimerais tellement être à sa place... Je me refuse à penser à lui. Le feu va passer au vert. Je jette un dernier regard à ce couple avant de démarrer. Tout à coup, elle se recule et laisse apercevoir l'homme qui est avec elle. Il regarde le sol. Il est brun, assez grand et porte une chemise noire et un jean. Il relève la tête et là... je le vois... c'est Matt ! Mon cœur va s'arrêter. Je le vois parler avec elle et lui tenir la main. Elle lui passe son autre main dans les cheveux.

BIP BIP !!!

On me klaxonne. Je roule pendant 10 minutes et me gare au bord d'une petite route. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. J'ai un mélange de sentiments qui s'accumule. Je me pose des millions de questions : Est-ce que j'ai rêvée ? J'ai peut-être mal vu ? Non impossible. Je suis en colère contre moi. Pourquoi je me comporte comme une gamine de 15 ans ! Tu croyais quoi que c'était le prince charmant !! Idiote ! Idiote ! Idiote ! Je m'énerve et tape sur mon volant. Comment j'ai pu croire qu'il était différent ! Comment j'ai pu me laisser aller au point d'avoir couché avec lui !!! NON NON NON. Je pleure. Je suis tellement déçue et en colère contre moi.

Je reprends la route et rentre chez moi.

Je suis enfin à la maison. Je ne me souviens même pas comment je suis arrivée jusqu'à mon canapé. Je suis en mode zombie. Je reste là et je pleure.

Les heures défilent. Cela fait maintenant une centaine de fois que je refais dans ma tête le film de notre rencontre jusqu'à maintenant. La colère a fait place à la lucidité. Quand j'y repense je me dis qu'il y avait des signes : la première fois qu'il a disparu lorsqu'il a reçu un appel après le match de ping pong, lorsqu'il a reçu cet autre appel aujourd'hui et qu'il est sorti de la pièce pour pas que j'entende. C'est vrai qu'il était gêné et nerveux c'est d'ailleurs ce qui m'avait énervé. Et puis c'est soi-disant grande déclaration... J'ai été naïve. Je me suis tellement laissé charmer par son physique et sa gentillesse que j'ai cru qu'il était différent. Mais je ne vais pas me laisser abattre par cette histoire de 24 heures. J'ai été idiote ça me servira de leçon ! Allez debout ! Ce n'est pas lui qui va te démolir. Tu es forte ! J'adore me booster comme ça. Certes, heureusement qu'il n'y a personne avec moi car elle me prendrait pour une folle qui parle toute seule mais ça fait du bien.

Cette pensée me fait sourire. Je décide de reprendre le dessus, de me faire à manger et me mettre de la musique à fond. La tristesse fait place à la bonne humeur voir même à la folie. Je danse et chante dans mon salon puis pareil sous la douche. Tout ça m'a épuisée mais surtout cela m'a bien vidé la tête. Je vais me coucher, demain est un autre jour.

Le réveil sonne à 6h30. C'est l'heure de me préparer et d'aller bosser. Je suis de bonne humeur mais en retard comme d'habitude. Je mange rapidement un morceau de pain toasté et emporte ma tasse de café avec moi pour le trajet. Cela fait maintenant un mois que je travaille chez un réparateur de climatisation et chaudière. Je m'occupe de gérer les plannings des interventions aux différents techniciens. C'est un boulot pour payer les factures mais je m'y sens bien. Les gars, car ce sont quasiment que des hommes, sont hyper sympa avec moi et on rigole bien.