Chapitre 8

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J'essaie de remettre de l'ordre dans mes pensées. Je me rends compte que moi "la célibataire endurcie" je suis en train de complètement changer mon caractère depuis ma rencontre avec Matt. Je deviens "nian nian" comme les filles que je déteste dans les films romantiques qui ne font que pleurer ou s'apitoyer sur leur sort. Je suis bien décider à mettre les choses au clair avec ma sœur avant de voir Matt. Je prends mes clés et avant de partir appelle Al pour savoir où elle est, car la connaissant elle n'a pas dû retourner chez elle. Elle ne décroche pas et ça m'énerve encore plus. Je lui laisse un message vocal : "C'est moi. Je dois te parler maintenant donc soit tu me dit où tu es soit j'appelle Éric et je lui explique la situation. Je suis sûre que cela va beaucoup l'intéresser... Je te donne 5mn"

Quelques minutes plus tard je reçois un sms : " Je suis au parc à côté de la maison"

En chemin je me passe dans la tête tout ce que j'ai envie de lui dire. Plus le temps passe, plus je suis enragée.

J'arrive au parc. Comme je suis déjà venu avec elle, je sais où elle se gare et où elle fait jouer ses enfants. Je ne tarde pas à l'apercevoir au loin, assise sur une balançoire. Le parc est quasi désert à cause du mauvais temps. Le vent souffle de plus en plus fort et le ciel devient sombre. La pluie ne va pas tarder. Je me dirige vers elle d'un pas décidé mais lorsque j'arrive devant elle, ma colère s'est tout d'un coup évaporée. Je me tiens droite devant elle et aucun son ou mot ne sort de ma bouche. Elle se balance doucement tout en regardant ses pieds.

— Je présume que tu sais maintenant ? me dit-elle en relevant la tête. Elle me regarde droit dans les yeux avec son visage rempli de larme.

— Oui je sais. Mais ce que je ne comprends pas c'est ta réaction ? Tu l'aime encore c'est ça ?

— Tu ne peux pas comprendre. Je suis avec Éric depuis la fac et je n'ai connu que lui. Je ne m'intéressais pas aux garçons. Je dédiée mon temps seulement aux études. J'ai rencontrée Matt la dernière année de fac. Il était nouveau et nous avons sympathisés. Au fil de l'année je sentais que notre relation n'était pas seulement amicale mais je m'y renonçais car j'étais bien avec Éric et je l'aimais. Il n'y a jamais rien eu, nous sommes simplement restés amis. Quelques années plus tard, j'ai travaillée avec lui lorsqu'il venait de monter son entreprise. Avec Éric, nous traversions une période difficile. Nous nous disputions continuellement et je me demandais si j'avais fait les bons choix dans ma vie. C'était peut-être ma crise de la trentaine ! dit-elle avec un petit rictus. Mon travail me plaisait et me faisait oublier mes problèmes. Les nouveaux contrats étaient d'une importance capitale pour la survie de l'entreprise et du coup nous passions énormément de temps ensemble.

— Ok le reste je connais l'histoire. Vous vous êtes rapprochés et vous avez couchés ensemble, lui dis-je en la coupant dans son histoire.

Elle me regarde surprise de ma prise de parole.

— Oui en gros c'est ça. Mais je me déteste d'avoir craquée. Je voulais me prouver que je pouvais encore plaire et Matt est tellement charmant et gentil. Mais je regrette tu ne peux pas t'imaginer comment.

— Ce que je ne comprends toujours pas c'est pourquoi tu as réagi comme ça en le voyant chez moi ? Tu dis que tu le regrettes, mais tu ne m'as pas dit si toi aussi tu avais des sentiments pour lui ?

— Je crois que j'ai été surprise en le voyant chez toi mais j'ai surtout été jalouse.

— Jalouse !

— Oui je sais c'est idiot mais Matt d'une certaine façon est à moi et de voir qu'il s'intéresse à toi m'a fait comme un électrochoc. Toi tu as eu des dizaines de relations. Tu as vécu pleins de choses. Tu en as toujours fait qu'à ta tête. Tu partais pendant des mois sans qu'on sache exactement où tu allais. Tu as toujours été très indépendante.

— Peut-être mais ça ne fait pas de moi quelqu'un de mauvais ! lui dis-je agacée. Tu as eu ta vie et moi la mienne. Nous n'avons jamais été très proche enfant. Tu étais toujours le nez collé dans tes bouquins. Moi je voulais vivre, sortir, m'amuser. Je n'ai pas souvent fait des bons choix c'est vrai mais au moins j'ai appris de mes erreurs. Aujourd'hui je suis plus posée et ma rencontre avec Matt est comme une bouffée de fraicheur. Mais j'ai l'impression que chaque fois que l'on se rapproche, quelque chose se produit afin de nous séparer.

— Je ne pensais pas que tu tenais à lui me dit-elle surprise.

— Tu ne me l'as pas demandée ! Tu juges les autres trop facilement. Pour toi je ne suis qu'une fille naïve, avec des relations sans lendemain. Tu te crois mieux que tout le monde et tu sais quoi en fait je suis bien contente que tu es trompée Éric. Au moins ça te fait redescendre du piédestal sur lequel tu t'es perchée. Maintenant que ça te plaise ou non je suis avec Matt et je compte bien le rester.

— Pourquoi tu me parles comme ça ?! Je voulais simplement t'expliquer pourquoi j'ai réagis comme ça, me dit-elle furieuse.

—Tout simplement car comme à chaque fois qu'il t'arrive quelque chose, tu veux que les gens s'apitoient sur ton sors. Ok tu as eu une relation avec Matt. Mais tu l'as dit toi-même tu regrettes. Donc passe à autre chose et oubli ! Éric est un mec génial. Tu as 2 beaux enfants. Tu veux quoi de plus ? Matt et toi vous êtes restés amis alors soit heureuse pour lui, si tu ne peux pas l'être pour moi !! lui dis-je en criant.

La pluie se met à tomber. Al me regarde sans un mot. Nous sommes debout face à face à présent.

— Excuse-moi me dit-elle à voix basse. Tu es ma sœur et je suis heureuse pour toi. J'ai réagis comme une ado. Je pense ce que je t'ai dit lorsque je suis venu chez toi, je veux qu'on soit plus proche. Tu vois si on se parlait plus on n'en serait pas là me dit-elle en rigolant.

— En même temps si tu n'étais pas parti en courant j'aurais pu te parler ! lui dis-je avec un sourire en coin.

— Je vais devoir m'excuser auprès de Matt aussi. Il est toujours chez toi ?

— Non Il est parti furieux. Nous nous sommes disputés.

— Je vais lui parler. Rentre chez toi maintenant, tu es trempée.

— Ok

Je décide de la laisser faire après tout c'est à cause d'elle où nous en sommes. En plus je suis effectivement trempée et je n'ai qu'une envie, rentrer chez moi et me mettre au sec.

Il pleut à grosse averse. Je suis dans ma voiture et roule jusqu'à chez moi. Pendant le trajet, je pense à ma conversation avec ma sœur. L'eau ruisselle tellement sur mon pare-brise que je vois difficilement la route. J'ai envie de m'arrêter mais j'ai peur que cela dure longtemps et je n'ai pas envie de rester plusieurs heures dans ma voiture en étant trempé. L'obscurité est de plus en plus présente. Un éclair vient de frapper et cela m'a fait sursauter. Conduire dans ces conditions me rend nerveuse et je me languis d'arriver. Je suis concentrée sur la route devant moi. Les voitures que je croise par moment m'envoient des vagues d'eau contre ma portière et cela me fait me déporter légèrement.

Une lumière me surprend, celle d'un éclair, et pendant un court instant j'ai cru voir quelqu'un sur le côté de la route me regarder fixement. Une femme il me semble. J'ai dû rêver car personne ne serait assez fou pour rester sous cette pluie à regarder les voitures passer. Je continue ma route. La pluie commence à un peu diminuer d'intensité et je commence à me relaxer quelque peu. Quand tout à coup, je la vois. Cette femme de tout à l'heure, là au bord de la route. Je la fixe pour essayer de distinguer son visage avec cette pluie. Elle portait une robe blanche un peu large qui arrivait au-dessus des genoux. J'arrive presque à sa hauteur. Je peux enfin voir son visage. NON ! CE N'EST PAS POSSIBLE ! NON ! NON !

Mon véhicule sort de la route et fait des tonneaux pour au final atterrir contre un arbre.

J'ai mal partout. Mes airbags se sont déclenchés. J'ouvre difficilement les yeux. Je regarde autour de moi. Il y a du sang et du verre partout. J'ai froid. J'essaie d'appeler de l'aide mais je n'arrive pas à crier. Je regarde par ma fenêtre. Elle est là. Tout prêt. Elle me regarde. J'ai peur. Je lui dis : "Non ce n'est pas réel." Elle me sourit. Il y avait quelque chose de paisible sur son visage.

Elle...

Elle est...

MOI !

J'ai froid. J'ai sommeil. Tellement sommeil...


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⏰ Dernière mise à jour : Sep 07, 2016 ⏰

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