Chapitre 5

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Al comprend à ma tête que je suis surprise.

— J'ai invitée Matt. Il était seul ce soir et comme je sais qu'il adore les sardines...

— Super... dis-je complètement dépitée. Je vois dans ses yeux qu'il est mal à l'aise.

— Bon installez-vous ici tous les deux. Elle nous montre deux places côte à côte devant moi.

Ce n'est pas possible le destin s'acharne sur moi, ou bien ma sœur sans le vouloir me pourrit la vie.

Nous nous installons à table. J'essaie de ne pas tourner la tête vers lui. Une fois assise je décale discrètement ma chaise afin de laisser un espace plus grand entre nous. Dans un sens ce n'est pas plus mal d'être à côté de lui car je n'ai pas à le voir chaque fois que je lève la tête. Il faut que je fasse attention de ne pas éveiller des soupçons chez ma sœur.

Nous commençons le repas. Al a préparé en entrée des tomates mozza basilic. Les hôtes font la discussion. Matt et moi essayons de donner le change sans pour autant se parler entre nous. Matt d'ailleurs parle avec Éric des derniers matchs de football ce qui me laisse du temps pour discuter avec ma sœur des derniers exploits de mes neveux. Une fois l'entrée terminée, Al débarrasse le plat vide et se dirige vers la cuisine. Éric quant à lui s'affaire à finir de faire cuire les sardines. Nous nous retrouvons seul à table. Je sens le malaise s'insinuer entre nous. Je fais tout mon possible pour ne pas tourner la tête vers lui mais je vois du coin de l'œil qu'il me regarde. Je cède et le regarde à mon tour.

— Je ne savais pas que tu étais là sinon je ne serais pas venu, me dit-il un peu sèchement.

Je rêve ! C'est lui qui joue l'énervé alors qu'il n'a aucune raison de l'être !

— Je ne vois pas pourquoi ? S'il y en a bien un entre nous qui ne devait pas venir sachant cette situation c'est bien moi !

Il fronce les sourcils. — Ta réaction me prouve bien que je me suis belle et bien trompé sur toi...

Non mais c'est le monde à l'envers ! Au moment où j'allais lui répondre Al réapparut de la cuisine avec une salade à la main. Je boue intérieurement de ne pouvoir lui dire ses quatre vérités. Éric nous sert fièrement sa sardinade et nous continuons à manger. Cette fois les discutions sont plus rare et je sens qu'un léger malaise plane au-dessus de la table. Pour détendre un peu l'atmosphère Al nous raconte l'histoire de sa collègue de bureau qui sortait avec un homme qui s'est avéré être marié.

— Tu te rends compte quand même. Elle est malheureuse la pauvre. Elle s'est attachée à lui. Découvrir ça du jour au lendemain, ça l'a anéanti.

— Tu sais maintenant on ne peut pas avoir confiance aux hommes. Ils te sortent des belles phrases, te font croire que c'est des hommes parfaits alors que ce sont des menteurs et des profiteurs, dis-je en lançant des petits regards à Matt.

Je vois à son expression qu'il a compris que cela lui était destiné.

— Je ne suis pas d'accord ! dit-il énervé. C'est facile de faire porter le chapeau aux hommes. A croire que les femmes sont exemplaires et qu'elles ne mentent pas pour avoir ce qu'elles veulent !

— Pour avoir ce qu'elles veulent ! répétais-je furieuse. Mais une femme tout ce qu'elle veut c'est trouver un homme qui la respecte et qui l'aime. Tandis qu'un homme tout ce qu'il veut c'est coucher ou tromper sa copine, dis-je en criant.

Éric et ma sœur nous regardent fixement sans comprendre pourquoi la conversation avait pris une telle tournure.

— Calmez-vous, nous dis Éric un brin amusé. Je sais pourquoi vous êtes célibataire tous les deux.

Es-tu là ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant