Vendredi 21 mars 2011

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Vendredi, les choses ont changé. Le matin on pouvait lire de la peur dans les regards de Vincent et Matthieu. J'ai senti que j'avais développé en moi une forme inhumaine durant la nuit. Je ne me sentais plus comme avant, j'avais vraiment changé.

A part David, personne n'osait m'approcher. Même Fanny avait remarqué la fureur qui animait mon regard. Matthieu débordait de haine, mais je pense que Vincent et lui étaient tous deux à court d'idées pour me faire souffrir.

- Au fait, quand tout ça sera fini, vous nous tuerez ? demandai-je, indifférente.

La question ne leur avait pas encore été posée depuis mercredi. Vincent sourit :

- Je me demandais laquelle des deux poserait la question et quand. Ca commence à t'inquiéter ?

- Non, répondis-je.

- Bien sûr que non. On vous a enlevé le goût de vivre, vous ne demandez qu'à ce qu'on vous tue !

- Prétentieux..., marmonnai-je.

- Comment ? Répète ?

- J'ai dit : prétentieux. C'est beau de croire des choses que vos victimes ne pensent même pas.

- Qu'est-ce que tu penses alors ?

- Je vais encore me répéter mais j'ai dit que je me battrais jusqu'au bout. Je ne veux pas mourir et je vous coincerai. Moi je veux que justice soit faite !

- Haha. Dans ce cas, tu as la réponse à ta question. Tu sais qu'on ne te laissera pas parler. Mais on a encore toute une semaine pour en parler et s'amuser.

Je ris. Au début je ricanais pour moi mais le fou rire est vite arrivé. Ils y croyaient vraiment à nos deux semaines de vacances !

- Pourquoi tu ris ? demanda Matthieu.

Je ne répondis pas et continuai de rire. Matthieu était en train de craquer, il allait passer à l'attaque tôt ou tard.

- Pourquoi tu ris, bordel ?! s'énerva-t-il.

- Vous croyez encore tenir une semaine dans ces conditions ? risqua Fanny. Charlotte toquera toujours à la porte pour nous voir, on est ici pour elle aussi. Elle se doutera bientôt de quelque chose.

- On trouvera une solution, répondit sèchement Matthieu. Ne t'en fais pas pour ça.

Je me calmai et regardai Fanny avec gratitude. Elle n'avait pas lâché le morceau. Ils devaient continuer à croire que nous restions encore une semaine. Sinon, qui sait ce qui nous arriverait s'ils venaient à apprendre la vérité ?

Mais Matthieu vit notre échange de regards et se douta de quelque chose. Il empoigna Fanny en disant :

- Vous nous cachez quelque chose !

- Non ! criai-je. Tu te fais des idées.

- Je n'y crois pas. Mais il est temps que tu payes pour ce que tu m'as fait !

- Bordel vous faites chier ! C'est moi qui t'ai coupé la couille gauche, c'est pas à Fanny d'être punie !

- J'en ai rien à faire ! T'as dit que ça ne servirait à rien de te corriger alors faut bien corriger quelqu'un d'autre à la place !

Il attacha Fanny sur le lit. Il l'avait couchée sur le ventre et l'avait bâillonné. Je le vis prendre un couteau dans sa poche. J'ai cru un instant qu'il allait la poignardée mais non... Il lui ouvrait juste les plaies de la veille... Sans réfléchir, je me jetai sur lui.

Vacances en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant