Lily-Rose : la quête du bonheur. [Terminé]

Prologue

« La nuit était belle. Ce soir-là, à Paris, dans le quatrième arrondissement, Lily-Rose regardait le ciel, pensive. Assise sur le rebord de sa fenêtre, les pieds sur les toits, elle frissonnait. La légère brise automnale vînt frôler ses traits fins avec délicatesse, faisant flotter ses longs cheveux auburn au rythme de l'air ambiant. Elle se recroquevilla en position fœtale, se réchauffant comme elle le pouvait. Sous le croissant de la première lune, elle se mit à penser à sa vie, tout en caressant machinalement un jeune chat noir à ses côtés.

Nous étions la veille de son anniversaire. Vingt-sept ans, déjà. Une petite vie bien rangée à première vue, dans son studio spacieux au dernière étage de son petit immeuble, à quelques stations de métro de son travail. Traductrice respectable le jour, jeune fille dévergondée la nuit. Elle en venait à se demander comment elle en était arrivée là où elle en était aujourd'hui. À cette vie, dont elle jouissait depuis le début de sa majorité. Ses quelques amis avaient appris depuis bien longtemps à ne pas la juger. Qu'elle était juste comme ça, indépendante, et libre. Bienheureuse et légère.

Le sexe était bien loin des sentiments. Elle savait parfaitement différencier les deux. Toutefois, quand il s'agissait de les mêler, elle devenait une réelle novice en la matière. Pour elle, faire l'amour était bien plus simple que d'aimer. Utiliser ses sens, donner et recevoir, lui semblaient davantage aisé que d'offrir son cœur dans l'aveuglement le plus total.

Lily-Rose ne connaissait pas la fidélité. Pour elle, l'amour était recevoir un orgasme plus phénoménal qu'un autre. Dans ces cas-là, elle pouvait parler de plausibles sentiments. Pour autant, bien qu'avec un homme, elle ne pouvait empêcher ses nuits de séduction de continuer.

Séduire. Dieu, que la jeune femme aimait séduire. Commencer le tout avec un jeu de regard, jouer l'indisponibilité, se faire offrir un verre, puis flirter ouvertement. Elle adorait que rien ne lui résiste. Surtout les hommes. Plus ces derniers représentaient des défis, plus ils lui semblaient inaccessibles, plus la jouissance lui paraissait plus grande. Aujourd'hui, elle n'aurait jamais imaginé que cette lobby serait devenu son fléau. Lily-Rose ne connaissait rien à l'amour. Elle aimait jouer. Elle aimait emprisonner, dominer, avoir toute l'emprise sur un homme. Mais ne savait pas ce que signifiait ce sentiment de se faire prendre à son propre jeu. D'être soumise à ses émotions. Ce ressenti de ne rien contrôler à la situation. Lily-Rose était solitaire. Lily-Rose était castratrice. Lily-Rose était forte.

Jusqu'à ce qu'Il ne rentre dans sa vie, quelques années auparavant. Et qu'Il ne chamboule tout. La jeune femme fit rougeoyer son briquet, puis tira une longue latte sur sa cigarette. Elle fumait peu. Elle buvait peu. Pourtant, cet Homme lui avait fait aboutir à ses vices, davantage qu'à son accoutumée.

Pourquoi désirait-elle autant l'impossible ?

Était-ce pour se sortir d'un quotidien jugé trop monotone ? Pour rêver et jouir d'un accomplissement de soi qu'elle fantasmait plus que tout ? Pour se donner un nouveau défi à relever ? La réponse était d'une positivité fulgurante.

Une chose était néanmoins certaine. Lily-Rose n'aimait pas perdre. Et cet Homme, rencontré deux ans plus tôt, elle ne le perdrait pas. Elle le gagnerait.

Parce que Lily-Rose était une battante. Bien qu'une putain de nymphomane ne vivant que pour des nuits de débauches, cet Homme, elle l'aurait.

Parce que Lily-Rose se rendrait rapidement compte qu'elle était une nymphomane amoureuse.

À son plus grand regret. »