Recroquevillée sur mon lit, ma mère brossait délicatement ma chevelure. C'était la routine du soir. J'aime ma douce mère, mais je n'aime pas ce qu'elle s'oblige à être. Elle s'efforce à être l'exemple parfait de la première dame du Royaume. Elle est une version féminine de mon père. Tout ce qu'il veut que je fasse elle me le fait faire. Au fond de moi, je sais qu'elle n'est pas toujours en accord avec les décisions de mon père, mais pourquoi ne réagit-elle jamais ? Évidemment, je ne suis pas comme ma chère maman. Contrairement à elle, j'ai ce besoin constant de devoir m'affirmer et tenir tête quand je m'y sens obligée. Parfois, je me demande si elle sait ce que c'est d'être elle-même.
— Yemma ? murmurai-je.
— Oui, ma fille.Je pris une grande inspiration, cette sensation me revient. Je me sens étouffée. La réponse à ma question, je la connais déjà, mais j'avais besoin de la lui poser.
— T'y crois au coup de foudre ? demandai-je
Elle se stoppa dans son geste et je la senti se refroidir. Mauvais signe.
— Pourquoi tu me demandes une chose pareille, Romaïssa ?
— Pourquoi pas ? rétorquai-jeElle déposa la brosse à cheveux sur le lit et me retourna face à elle.
— Tu sais bien que le coup de foudre n'est qu'une bêtise du cinéma, me dit-elle.
— Je veux savoir ce que toi t'en sais yemma.
— Peu importe mon avis ma fille. Une princesse comme toi finira par épouser un prince et vivra heureuse sans avoir goûter à ce stupide coup de foudre, ajouta-t-elle. Allez, cessons d'en parler. Si ton père nous entendait, il-
— Qu'il nous entende ! dis-je en haussant la voix. Ce n'était qu'une question. Et si je voudrais y goûter à ce coup de foudre yemma ? Qui m'en empêchera ? Le protocole ? Tu ne-Je fis interrompu par une servante qui cogna à la porte de ma chambre. Ma mère me lança un regard glaçant le sang tant il était froid.
— Entrez, dit ma mère.
La servante apparut au cadre de la porte et déclara que ma mère était demandée au salon Royale. Elle remercia la vieille dame et quitta la pièce me laissant bouillante au plus profond de moi.
Quelques minutes plus tard, on cogna à nouveau à ma porte. Je fis mine de dormir. Je n'avais pas la tête à voir qui que ce soit. Cependant, j'entendis la voix de Dalila. Dieu seul sait à quel point Dalila a le don de m'apaiser.
— Mais ! C'est qu'elle est affreuse ma Romaïssa lorsqu'elle boude, me lança-t-elle.
— Lila, pas ce soir s'il-te-plaît.
— Qu'est-ce qu'il se passe, mon ange ? me chuchota-t-elle.Elle s'installa tranquillement à mes côtés et prit la brosse à cheveux que ma mère a déposé près de moi. D'une main, elle me souleva la tête.
— Raconte moi tout pendant que je finisse de démêler tes cheveux, dit-elle. Vu leur longueur, j'en ai pour un moment, allez.
Je restai quelques secondes à apprécier son travail, puis je pris la parole, d'un ton totalement déprimé ;
— Dis Lila, t'y crois au coup de foudre ?
Elle laissa échapper un léger rire.
— Bien sûr que j'y crois, ma puce.
— Vraiment ?
— Tout à fait. Je l'ai même vécu, ajouta-t-elle.
— Avec Faouzi ?
— Oui, c'est ça. Avant de devenir veuve, je n'ai aimé que lui, enchaîna-t-elle. Et encore aujourd'hui, mon coeur ne bat que pour lui.
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« Étouffée, il la fit respirer »
RomanceSon Altesse royale, Lalla Romaïssa, est la princesse du Royaume du Maroc. Cette dernière, assoiffée de rébellion, prendra fuite le soir de sa majorité à la recherche d'aventure. Une aventure qui la mènera loin ... Très loin.