Chapitre 3

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J'avais également menti à Dalila. Tant qu'à vivre dans le mensonge, hein ! Elle pense que je l'ai tenu au courant de mon statut d'héritière du Royaume. C'est pour cela qu'elle m'ait mise en garde contre lui. Selon Dalila, les apparences sont trompeuses et je devais me méfier de sa soi-disant honnêteté, puis ses intentions envers moi. Sauf qu'elle venait totalement de me décrire sans le savoir. Tout cela ce n'était pas lui, mais bien moi. Comme s'il me fallait des regrets en plus.

J'en ai visité des endroits en une semaine ! Ça n'en finissait pas. Ce petit manège ne cessait de se répéter. J'étais avec Majid chaque soir, à la même heure, mais dans différents endroit à Rabat. Il me faisait visiter chaque recoins en ville et j'avais réellement l'impression de découvrir Rabat. La simplicité de chaque lieu où il m'emmenait était magique. C'était un monde dont on me tenait loin depuis ma tendre enfance. Va savoir pourquoi ! Ce qui m'enchantait, c'est qu'on ne me reconnaissait pas. Je respirais pleinement et j'en apprenais de plus en plus sur lui. On pouvait passer des soirées à discuter, comme on pouvait passer des soirées dans le silence à apprécier le moment. Peu importe l'ambiance, j'étais bien tant que je me retrouvais près de lui.

Un soir, alors que nous nous promenions sur la corniche, j'étais dans mes pensée et j'ai naïvement fait glisser quelques mots comme à mon habitude;

— Pff, comment ça me manque de sentir les vagues chatouillées le bout de mes pieds. Enfaite, je pense bien en avoir oublié la sensation.
— Ah ouais ? Ça date de quand t'es pas allée à la plage ? me demanda Majid.
— Ça doit faire bientôt 10 ans je pen-
— 10 piges ? me coupa-t-il. Pourquoi wesh ?
— J'en sais rien, j'ai pas le droit.
— Comment ça ? À Casa y'a v'la les plages Maïssa, pourquoi tu peux pas profiter ?

À Casa. Casablanca. Face à Majid, tu es de Casablanca Romaïssa, ne l'oublie pas. Encore une fois, j'étais à deux doigts de tout foutre en l'air. J'ai rapidement corrigé ma gaffe et me revoilà baignant tranquillement dans le mensonge. Je me trouve horrible ...

— Vas-y, viens.

Majid me prit soudainement par l'épaule. Je me retournai, légèrement dans l'incompréhension, puisque je signale que nous étions en pleine conversation. Il pencha sa tête à mon niveau et me dit ;

— Moi, en vie, j'te laisserais pas boucler une dizaine d'année sans t'être baigner à la plage. T'es tarée, miss !

Je me mit à le regarder avec de grands yeux. Je l'admirai plutôt. Il allait m'y amener ? Une boule m'apparût au ventre, certainement le fruit de mon excitation. Il allait me faire retomber en enfance.

— Mais le soir, c'est risqué, non ? demandai-je.
— Depuis quand tu te soucis du risque ?

Pas faux

— Je t'aurais pas proposé si t'avais quelque chose à craindre. Allez, on y va, me lança-t-il sur de lui.

Je le suivis sans hésitation. J'allais à la plage ! Avec Majid ! Qui l'eut cru. La dernière fois que je mit les pieds dans le sable chaud qu'offrait la plage de Rabat, j'étais accompagnée de Dalila et de cinq gardes. Puis me voilà aujourd'hui, j'y retournais et pas avec n'importe qui. Romaïssa, c'est ton jour de chance, ou plutôt ta nuit de chance ? Peu importe, j'avais hâte, tellement hâte qu'à vrai dire, je laissais échapper de ma bouche que des bêtises. J'avais l'impression de le saouler. Et je crois bien que ce n'était pas qu'une impression

— J'ai même pas de maillot. Comment vais-je faire ? [...] En plus, mes cheveux seront tout mouillés, je vais tomber malade ! Ô MON DIEU, MAJID ? m'écriai-je.
— Quoi ?
— Imagine que j'ai oublié comment nager ? Oh mon Dieu ! Je vais mourir noyé Majid. Tu penses que je vais mourir ?

 « Étouffée, il la fit respirer »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant