Chapitre 4

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— T'inquiètes Maïssa, va te changer chez toi et ressors me donner mon t-shirt, tranquille j'attends.

Le monde s'écroula autour de moi. Je ne suis qu'une idiote, la princesse des idiotes même. Voilà mon deuxième retour brusque à la réalité. Pourquoi je m'emballe aussi rapidement lorsqu'il s'agit de lui ? J'en ai marre de me sentir conne encore une fois. J'ai cette impression que mes sentiments grandissent dans le vide. Décidément, maman a raison. La vie n'est pas un film, dommage que j'y crois tant. Ma fierté est touchée, j'ai honte de moi. J'ai honte de croire à l'impossible, l'irréel, le rêve quoi ! Je suis rêveuse depuis ma tendre enfance. Cette qualité commençait sérieusement à me jouer des tours et devenait peu à peu un défaut majeur chez moi.

— Eh, ça va ? Si tu veux le garder y'a aucun blème, me rassura-t-il.
— Non... Je, euh, attends deux secondes, balbutiai-je.
— J'dis ça pour-

Je ne laissai pas finir et traversai le portail. J'étais chamboulée, triste, mélancolique, tout ce que vous voulez. Je n'étais vraiment pas bien et, à ce moment précis, je tenais qu'à m'effondrer dans les bras de Dalila. Enfin, je voulais seulement être dans ses bras, puisque je mettais déjà effondrée pitoyablement derrière le portail...

Je tentai de reprendre mon souffle tout en retirant son t-shirt. J'enfilai, par la suite, mon haut de pyjama encore trempé et déposai la abbaya sur mes épaules. Puis, je lui lançai son t-shirt au delà du mur qui nous séparait.

— Bah, sors ! T'attends quoi ? me demanda-t-il l'autre côté du mur.
— Je v-vais... r-rentré. Bonne... n-nuit , répondis-je péniblement.
— À demain, non ?
— ...
— Oh ? Maïssa ?
— In... In sha Allah, soufflai-je

Un silence dura une dizaine de secondes.

— Sors deuspi, dit-il
— Pardon ?
— Montre ta tête, vite fait, reprît-t-il.
— Non, je v-vais filer. Il est tard et-
— Tu vois l'arbre à ta gauche ? Si tu sors pas, wAllah je grimpe et je saute l'autre côté du portail.

Je ne me fis pas prier et je le rejoignis deux secondes plus tard. Les yeux rivés au sol, je vis ces pieds s'avancer en ma direction. Il s'arrêta et je senti son regard lourdement posé sur moi. Il hésita longuement avant de passer délicatement sa main le long de mes cheveux avant de me prendre par la nuque. Puis, il saisit mon menton et me releva la tête. Des frissons s'emparèrent de mon corps tout entier. Je n'avais toujours pas levé les yeux. Nous étions beaucoup trop proche pour que je prenne l'initiative de le fixer. C'était une longue minute de supplice pour mon pauvre petit coeur.

— Pourquoi tu pleures ? me questionna-t-il

Je ne répondis pas. Je n'avais rien à lui offrir comme réponse. J'en avais assez eu pour ce soir, je ne comptais pas m'humilier une fois de plus. La panique m'envahit au moment où Majid se mît à effleurer avec son pouce ma lèvre du bas. Il était doux. Surprise, je l'observai attentivment avant de baisser mes yeux.

— Regarde moi, murmura-t-il.

J'ai prit quelques secondes à saisir mon courage à deux mains et de l'affronter. Sauf qu'en le regardant, je remarquai qu'il ne m'affrontait pas du tout du regard. Au contraire, c'était doux. Puis, il se mit à me questionner du regard. Comme s'il cherchait en moi une quelconque permission.

Je fermai les yeux en le voyant pencher sa tête vers mon visage. Il pivota légèrement celle-ci et ses lèvres se déposèrent sur ma joue. Il ne retira pas sa bouche et la laissa glisser jusqu'à proximité du coin de mes lèvres. Il y déposa un dernier baiser avant de s'éloigner. Nous étions assez loin l'un de l'autre; le contraire d'il y a quelques secondes. Je recherchai en lui un grain de regret, mais je n'ai trouvé que de la timidité. C'était une jolie timidité rattaché au respect ou à la pudeur je suppose. Ça faisait totalement de lui un homme. Je me suis rapidement attachée à ce côté de sa personnalité. Pour ma part, c'était pire que de la timidité, je vous en épargne les détails. Il hocha la tête avant de se retourner et prendre le chemin pour rentrer chez lui. C'était sa façon de tout me dire en un simple geste. Je n'ai pas tardé à regagner aussitôt le chemin du retour au Palais Royal.

 « Étouffée, il la fit respirer »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant