chapitre 4

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Comme Jemma l'avait supposé, elle trouva Célia confortablement installée dans un Triclinium taillé dans de l'albâtre sur lequel était posé un épais matelas recouvert de velours rouge brodé de fil de doré. Devant elle sur la petite table ronde en bois acajou reposait trois verres vides et un autre dont le contenu multicolore surmonté d'un parasol vert et d'une brochette de fruit frais lui donna soudain la sensation d'être assoiffé après avoir traversé le Sahara.

La beauté du Nèamh ne cessait de la surprendre. A chaque fois qu'elle entrait dans le club de strip-tease d'Opaline, elle avait le sentiment d'être aussitôt transporté en Antiquité grâce à l'immense talent de la jeune femme. Elle avait su rendre le style Rome Antique si authentique qu'elle s'attendait presque à voir entrer Jules César et sa pléiade de sénateurs à chaque instant.

Jemma ne se laissait jamais d'admirer le décors : l'ovale parfait formé par la vingtaine de colonne en marbre dans le style ionique et mesurant près de neuf mètres de haut et dont les chapiteaux ornés de deux volutes latérales soutenaient le plafond voûté sur lequel était peint une scène représentant des éphèbes à moitiés nus étaient à ses yeux dignes de l'œuvre de Michel-Angelo dans la chapelle Sixtine au coeur de Rome.

Sur chacun des murs, de majestueuses mosaïques relataient toutes un mythe divin du panthéon Romain. Entre les colonnes, des voiles de soies argentés et mordoré amplifiait le caractère lascif du Nèamh dont le nom était tout indiqué : Paradis.

D'ailleurs, au paradis dansait des '' anges à peine vêtu'' sur un podium encerclé là aussi par de superbes colonne, certes plus petites mais agrémentées de feuilles de vignes grimpantes.

Un chemin de torche éclairait l'allée conduisant vers la scène surmonté de quatre marche de marbre. Des rideaux en soies bordeaux habilement installés entre les colonnes cachaient la rampe et de spot dirigée vers la scène. En souriant, Jemma détourna les yeux de la scène et alla rejoindre Célia. Elle s'installa confortablement sur le siège romain en avisant Célia et l'expression morose peinte sur son visage.

Son amie leva soudain la main et fit un petit signe à Miles au bar. Celui-ci acquiesça en lui décochant un clin d'œil complice.

- Tu ne m'en veux pas de ne pas avoir eu la patience de t'attendre, Jem ? Lui demanda tout à coup Célia.

- Bien sûr que non ! D'ailleurs, tu n'as rien raté...

Célia haussa un sourcil signifiant : hé oh je te connais par coeur, ne me mens pas !

- D'accord, j'ai juste mis ce crétin de Darran au tapis. Je n'étais pas d'humeur à supporter ses fichues mains baladeuses, grommela Jemma.

- Pourquoi tu l'es d'habitude ? Fit Célia pince sans rire.

Jemma marmonna en faisant la moue.

- Je crois que je ne serai plus jamais de cette humeur.

Célia grimaça, elle ne pouvait plus retarder les révélations qu'elle devait à Jemma. Il en allait de sa sécurité après tout.

- Jem...

Jemma l'observa, ses prunelles vairons reflétèrent brusquement cette angoisse que Célia détestait lire dans le regard de ses amies. Par moment, la douleur de Jemma lui rappelait celle d'Eve et pire...la sienne. Elle aurait aimé pouvoir revenir en arrière néanmoins, c'était impossible. Elle aurait du apprendre à contrôler son caractère impulsif, cela lui aurait été certainement bien utile. Seulement, elle en était incapable. Elle ne savait pas se taire et pire refusait de laisser ses amies souffrir si elle pouvait l'éviter.

Sombres Héritages-6 En PauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant