Imbécile

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Nous sommes là, côte à côte, comme deux idiots, bercés par le bruit du silence. Je ne sais pas ce que tu attends pour ouvrir la bouche et dire quelque chose. J'espère juste que tu vas briser ce vide qui devient angoissant.
Le métro s'arrête à la station. Je te regarde un instant, tu fixes la fenêtre. Je t'observe l'air de rien du coin de l'oeil. Je ne sais pas trop ce qui attire mon regard chez toi ; tu n'as rien de spécial. Mais la lueur qui se dégage de ton sourire est différente.
Tu tournes la tête vers moi, et m'interroge du regard. Pour ne pas montrer ma gêne, je me mets à rire. Le rire est comme une carapace ; je me cache dessous pour me rassurer et me protéger.
Tu prends ta tête d'exaspéré, même si je sais bien que c'est pour rire. En vérité, je ne sais absolument pas ce que tu penses. Et dans un sens, ça me fait peur.
J'ai peur de beaucoup de choses, mais s'il y a bien quelque chose qui me fait perdre mes moyens, c'est toi. Je ne sais pas ce que je suis sensée dire ou faire pour ne pas te blesser, te vexer, te décevoir, t'éloigner de moi. J'ai peur de ce que tu peux penser, peur de ce qui peut arriver, peur de te perdre. Pourtant, je me sens bien. Pourtant, j'ai envie de rester avec toi encore un peu. Mais je ne sais pas comment te le dire. Alors je ne dis rien. Et je ris.
Tu me traites d'idiote, je fais de même. Ça ne sonne pas méchamment lorsque cela sort de ta bouche. C'est une façon de se dire que l'on tient l'un à l'autre ; je crois.
Je parle de tout et de rien, pour couvrir les bruits de mon coeur battant. Je fais de grands gestes, je parle fort ; je me recouvre d'une carapace aussi épaisse que je le peux. Tu souris, un peu. J'aime bien quand tu souris. Il se dégage comme une étincelle châleureuse de ton visage.
J'ai envie de te serrer tout contre moi. J'ai envie de te garder juste pour moi et me réchauffer de ton sourire. Envie de prendre ta main dans la mienne. Mais je ne dis rien. J'ai peur de tout foutre en l'air.
Je continue de parler sans réelle raison. Je ris. Tu ris aussi.
Et j'aimerais tant me dire que cela suffit.

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