Chapitre 5

267 7 0
                                    


Plantée devant mon miroir, je me mets pour la dernière fois du crayon. Je passe un coup de brosse dans mes cheveux et les laisse retomber sur mes épaules. Aujourd'hui, je porte un jean, un haut gris simple avec ma veste à capuche bleu marine habituelle. Je sais que c'est débile, mais je stresse. Je stresse pour mon premier jour au lycée, alors que dans deux mois, ça sera déjà terminer.

Une douleur à l'abdomen me foudroie et je me plis en deux, laissant échapper un gémissement de douleur à travers mes lèvres. Je commence à en avoir l'habitude. Plus je me rapproche de mes dernières heures, plus souvent je ressens cette douleur -et en général plus forte.

Cette torture se dissipe et je me remets droite, comme s'il ne s'était rien passé. Je me jette un dernier coup d'œil dans le miroir, attrape mon sac à dos et descends à toute allure les escaliers pour débouler dans le salon. J'en profite pour observer mon nouvel environnement ; Les murs blanc et gris sont tous ornés de tableau. Les meubles en bois clairs ou en verre sont disposés de manière astucieuse, à croire qu'une femme vie ici. Chaque pièce est spacieuse et lumineuse grâce aux nombreuses baies vitrées. Mon père est devenu sacrément riche, ce qui me pousse à l'aime encore moins : il nous a laissé, ma mère et moi, dans le besoin alors que lui déborde sûrement d'argent.

- Tu es prête ? me demande mon père, sans que je l'entende arriver.

- Tu fais quoi comme métier, maintenant ?

- Je suis avocat.

- On peut y aller, annonce-je.

En effet, mon père est blindé. On avance en direction du garage, là où est garé sa BMW. Je grimpe dedans et m'attache, suivie par mon père. Il démarre et conduit en direction du lycée. Pour décrire ce trajet, deux adjectifs me viennent en tête : embouteillé et silencieux.

Il se gare en face d'un grand bâtiment, entouré de murs rouges. J'ouvre la porte et descends de la voiture. J'entends mon père prononcer un « bonne chance » avant que je claque la porte. J'inspire un grand coup et me retourne vers ce lycée. Je n'ai absolument aucune idée de ce que je dois faire. Peut-être aller chercher mon emploi du temps ?

Je décide d'aller à la vie scolaire et leur demande ce que je voulais. Visiblement, les élèves de ce lycée n'aiment pas les nouveaux, car chacune des personnes que j'ai croisées, que ce soit élèves, surveillants ou professeurs, m'ont jeté des regards perplexes et bizarres. Je me sens tellement bien intégrée, ici, ironise-je.

Une fois tous les papiers récupérés, ainsi que mon emploi du temps, je regarde mon prochain cours. Maths, salle 223. Génial.

***

Pour trouver chacune des salles de cette matinée, ça a été un calvaire. Il est beaucoup trop grand, ce maudit lycée. Maintenant, c'est l'heure de la pause déjeuner.

Alors que je me dirige vers le self, j'entends quelqu'un qui hurle mon prénom derrière-moi. Je me retourne et voie Clarke qui s'avance vers moi.

- Salut ! Alors, cette première matinée ? se renseigne-t-elle.

Je souris en la voyant, ça fait du bien de croiser quelqu'un qui ne vous regarde pas avec cette animosité que les autres élèvent ont, ou tout simplement de connaitre quelqu'un ici.

- Plutôt... normal, je dirais.

- Tant mieux ! Bon, viens avec moi, je vais te présenter à mes amis.

Elle désigne de la main une bande de garçons, tous regroupés dans un coin de la cour du bas.

- Tu n'as que des amis mecs ? m'étonne-je.

- Oui, tu vas voir, ils sont comme une famille.

- Je te suis.

On s'avance vers eux, moi encore plus stressée que ce matin -sans raison, et Clarke le sourire aux lèvres

- Les mecs, voici Auburn... ? hésite Clarke, ne connaissant pas mon nom de famille.

- Auburn Farel, continue-je.

Ils hochent tous la tête et se présente. J'essaie de retenir leurs prénoms : Luc, blond aux yeux bleus, Josh, mat de peau et cheveux ainsi que yeux noirs, Fabrice, brun aux yeux marrons, Mathieu, brun aux yeux noirs, Karim, châtain aux yeux gris et enfin Henri, qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Luc, je crois.

- Luc et Henri sont jumeaux, explique Clarke.

Un septième s'avance vers moi, celui qui dévorait Clarke des yeux :

- Moi c'est Fred, enchanté.

- Moi de même, répondis-je.

Fred, lui est châtain aux yeux bleus et a une présence naturelle. Cependant, elle n'est pas aussi grande que celle du garçon qui est appuyé contre un mur. Nos regards se croisent et quelque chose que j'ignore passe brièvement dans ses yeux bleus. Un frisson me remonte la colonne vertébrale et je détourne le regard.

Un autre garçon que je n'avais pas repérer jusqu'à présents me souris brièvement.

- Lui, c'est Gregor, il est très réservé, me chuchote Clarke.

- Et lui ? lui réponds-je discrètement en faisant un mouvement de tête en direction du garçon contre le mur.

Clarke se redresse et jette un regard noir au jeune homme, qui ne m'a pas quitté des yeux depuis tout à l'heure. Il l'ignore, mais s'avance vers nous et s'arrête à un mètre de moi :

- Shawn Lockhart, dit-il. Donc... Tu es la fille de Jérémie Farel ?

- Oui. Comment tu le connais ?

- Chez nous, tout le monde le connait.

Qu'entend-il part « chez nous » ?

Un détail me frappe : ils ont tous le même collier -une chaine avec un pendentif en forme de loup qui hurle.

Shawn remarque que je fixe son collier puis que mon regard dérive sur celui des autres, alors il le met en-dessous de son t-shirt, et les autres font de même en baissant les yeux, comme s'ils s'étaient donner un signal.

A ce moment-là, je me sens gênée et encore moins à ma place que tout à l'heure.

Clarke remarque ma gêne :

- Nous, on va manger, tu n'as qu'à à venir avec nous !

- Clarke... commence Shawn.

- Quoi ? C'est une élève à part entière de ce lycée, alors elle peut manger avec nous, je ne vois pas où est le problème.

Shawn soupire puis se dirige vers la cantine, suivis de Fred puis du reste du groupe, avec Gregor qui ferme la marche, un peu en retrait.

L'aura que dégagent Shawn et Fred, le fait que Gregor soit toujours en retrait, que tout le monde suit et écoute Shawn sans discuter, me fait penser à quelque chose, et je trouverai à quoi.

At the Heart of a Full MoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant