Chapitre 1.

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Tranquillement installé dans son jardin, prélassé dans un vieux fauteuil en osier déniché quelques semaines plus tôt dans un vide grenier, Louis Marsan profitait du calme, trempant parfois ses lèvres dans le verre de blanc qu'il s'était versé. Il était là, seul, dans son jardin, près d'un olivier dont le jeune feuillage procurait suffisamment d'ombre pour se cacher un peu. Louis était un homme comme tant d'autres, à ceci près qu'il avait totalement conscience du moindre de ses défauts. Pourtant, il avait ce pouvoir tout particulier de se foutre éperdument de ce que les autres pouvaient penser de lui. Bien loin de se remettre en question, les malheurs de sa vie d'antan avaient fait place à d'heureux hasards qui lui permettaient de vivre sans torture de ce genre. Avec le recul, il était amusant de constater ce choix de vie actuel, loin de toute urbanité, lui qui aimait tant la ville étant petit. Il se plaisait à n'être qu'un point dans la masse, un peu de rien dans cette immensité. Juste assez, histoire de continuer à faire tourner la machine sans pour autant en rouiller les rouages. Ou en être la pièce maîtresse. Il préférait n'être rien de plus qu'une ouvrière dans une ruche fantastique, dont l'unique préoccupation est de servir la reine jusqu'à son dernier souffle. C'est l'image qui le décrivait le mieux : un insecte dans la fourmilière. Il avait longtemps cherché à en expliquer les raisons, mais c'est comme ça... Il était comme ça. D'ailleurs, plus les années passaient, plus il se plaisait à dire qu'il n'appartenait pas à ce monde, tant il se complaisait dans la solitude. Il essaya plusieurs fois de changer, pour lui-même, par amitié, presque même par amour, mais changer pour les autres, et s'oublier en passant, quand trop peu de gens s'impliquent vraiment, c'est plus qu'il n'en fallait pour le convaincre de ne pas changer autant. Il aurait tant aimé parfois qu'on le contredise, et que ses convictions ne soient qu'un manque de maîtrise. Il s'attristait de penser que peu nombreux sont ceux qui auront compris qu'exprimer un avis ne sous-entend en rien prétendre à vouloir gagner la partie. Mais quand la vérité tardait à se révéler, pour mieux se rassurer, il s'effaçait du paysage, et y laissait hélas de belles histoires au passage. Par lâcheté ou par manque de conviction, il se refusait presque systématiquement à refaire le premier pas quand il se trouvait dans une situation qui exigeait qu'il ne baisse sa garde pour récupérer un amour perdu. Du coup, il n'avait trouvé sa place nulle part. Il avait donc fini par choisir d'être seul, d'une certaine manière. On le lui avait d'abord imposé, puis il avait fini par se rendre à l'évidence. Il raconta alors son histoire. D'abord parce qu'il aimait s'écouter parler. Mais surtout parce qu'il attendait des autres qu'on lui montre la voie à suivre. Il la raconta au plus proche et à l'inconnu, au primeur et à la maîtresse d'école. Puis à des éditeurs. Qui firent de lui un homme aux ressources confortables. Et il s'amusait d'avoir choisi un des seuls métiers où ses malheurs d'autrefois construisaient son bonheur d'aujourd'hui. La table de fer forgé où était posée le verre de vin se mit à vibrer, en même temps que vibrait son téléphone. Voyant le nom de la personne qui le dérangeait s'afficher sur l'écran, Louis leva les yeux au ciel en soupirant." Mais qu' est-ce qu'elle me veut encore, elle ? " grogna-t-il. Il se redressa de son siège, et se saisit du cellulaire qui miaulait un Bach synthétisé et déplorable." - Monsieur Marsan... ? Allô ? Bonjour Monsieur... C'est Cécile. Je...- Bonjour Cécile. Que se passe-t-il ? Pourquoi pleurez-vous ? "À l'autre bout du fil, l'infirmière était en larmes." - Je... C'est... " Hoquetait-elle." - Quoi ? C'est mon père ?! Cécile, que se passe-t-il? Est-ce qu'il est... ? " demanda Louis, complètement affolé." - Non, non, ce n'est pas ça... Mais... Je n'en peux plus, Monsieur.... Je suis fatiguée. Je n'en peux vraiment plus... "À peine avait-elle prononcé ces mots qu'il ne l'écoutait déjà plus qu'à moitié. Il lui fallait bien reconnaître qu'à cet instant précis de la conversation, il était soulagé qu'il ne s'agisse pas d'une nouvelle plus grave concernant son père, que d'écouter une énième infirmière se plaindre de lui." - Ecoutez, je sais pertinemment qu'il est difficile mais... Vous faites de l'excellent travail avec lui. Alors reprenez vous, et arrêtez de pleurer, s'il vous plaît...- Pardon. Mais... Il devient ingérable ! Il est vraiment trop méchant !- Je le sais, Cécile. Je le sais. Et je comprends ce que vous devez ressentir. Qu'a-t-il ENCORE fait ?- Mais.... C'est devenu une habitude, Monsieur Marsan ! Ce n'est rien de particulier, c'est tout le temps ! Même son regard est plein de méchanceté ! " Criait-elle " C'est un homme méchant ! Ce n'est rien d'autre qu'un vieil homme amer, et méchant !- Ne me laissez pas tomber, vous êtes la seule à vouloir encore vous occuper de lui. Je vous en prie. " Lui implorait-il, quelque peu excédé." - Je ne peux plus, Monsieur ! Je suis désolée. Je suis à son service depuis bientôt 3 ans, et je crois que je ne tiendrai pas plus longtemps ! Vous savez, j'ai pris sur moi, parce que c'est mon travail. Mais dès que j'ouvre la bouche, parfois même simplement pour le saluer, il m'envoie sur les roses ! Rien de bien ! Pour lui, je ne fais rien de bien ! " Continuait-elle " - Et puis vous savez, l'aider au ménage, c'est une chose. Mais je suis infirmière, pas bonne à tout faire ! Je faisais tout ça de bon cœur, parce que vous vous êtes toujours montrés gentils, vous et votre frère. Mais là, c'est trop ! Sa place est en maison spécialisée ! "La patience de Louis atteignait ses limites. Même si une grande part de lui-même la comprenait aisément, il n'était vraiment pas d'humeur ce jour-là à l'entendre geindre, au point d'avoir eu l'espace d'un instant une envie irrépressible de la gifler, pour peu qu'elle se soit trouvée devant lui. Sans compter qu'il l'avait toujours trouvée un peu sotte, et que, connaissant son père comme il le connaissait, il avait dû par bien des fois s'agacer de ses niaiseries." - Écoutez Cécile... Si c'est une histoire d'argent, sachez que ce n'est pas un problème. Vous le savez. Laissez-moi appeler mon frère, et je pense qu'il sera d'accord pour vous augmenter.- Mais non, Monsieur Marsan, vous ne comprenez pas ! " Pleurnichait-elle encore " - Même en doublant mon salaire, je ne veux plus avoir à faire avec votre père ! Je sais qu'il a souffert, mais ça n'excuse en rien son comportement ! En rien ! Il faut le mettre en maison !- Soit. Mais je sais ce que j'ai à faire, Cécile. Donc mettez bien toutes vos affaires en ordre, et j'arrive au plus vite pour faire le nécessaire. Est-ce que vous pouvez au moins rester encore quelques jours le temps que je prenne mes dispositions ?- Désolée mais... Non. "La fermeté de Cécile le laissa quelques instants sans voix. Il soupira en pensant à ce que son père avait bien pu faire subir à cette pauvre fille. Puis il ajouta, reprenant ses esprits :" - Vous avez prévenu quelqu'un d'autre ?- Non, non, vous êtes le premier que j'appelle. Sachez bien que je suis désolée Monsieur Marsan. Vraiment désolée.- Je sais. Et croyez bien que je le suis aussi. "Louis était resté plusieurs minutes près du téléphone, une fois que Cécile eût raccroché, perdu dans l'organisation de ce qui serait le nouveau chapitre de sa vie. Il ne pouvait pas laisser décemment son père seul. Son frère était père de famille lui-même, et ne pouvait donc pas se charger de cela. Quant à sa sœur, dont il n'avait plus de nouvelles, elle était bien trop égoïste pour envisager une seule seconde cette possibilité. Il était partagé entre colère et découragement, lui qui allait devoir une fois de plus se déraciner pour chercher à s'enraciner à nouveau dans un endroit qu'il avait fui. Comme la peste. En y laissant famille, amis, et souvenirs. Et que douze ans plus tard, il allait retrouver, le cœur plein de craintes et d'amertume. " C'est ça, les choses" se disait-il " Elles se foutent bien de nous, parce qu'elles se répètent "Louis était un homme relativement solitaire, qui avait appris malgré lui à ne plus rien attendre des autres. Il se contentait de plaisirs simples, mais qui, reconnaissait-il, ne plaisaient qu'à lui. Parvenant à vivre de ses écrits et des quelques conférences qu'il animait parfois, il ne s'imposait aucun rythme précis, aucune contrainte sociale et hypocrite envers un collègue qui aurait pu lui déplaire dans l'exercice d'un métier quelconque, aucun sentiment trop profond qui l'aurait amené à douter de lui-même.Ce jour-là était un dimanche comme un autre, un dimanche qui ne dérogeait en rien des autres dimanches, toujours calmes et sans heurts, s'inscrivant dans une habitude presque routinière, où l'ennui n'a plus sa place, effacé par l'exécution de petits riens qui finissent par devenir le tout d'une vie rangée et au demeurant sans saveur, mais surtout sans les autres.Le seul vrai problème qui s'imposait à lui désormais, comme une foutue ironie, était que tournure des événements l'obligeait à retourner vivre chez son père. Et il s'imaginait déjà sans tout ça. Son jardin... Le soleil... La mer... Et les cigales... Elles n'en finissent plus d'enivrer les villageois, ces chanteuses de l'été. Plusieurs fois, Louis s'était promené dans le village, surprenant alors ces grands-pères qui, avec bienveillance, passaient des heures à palabrer en haussant les épaules. En prêtant l'oreille, il avait pu entendre leur accent, se gratifiant de leur bonheur d'être là où ils étaient, et faisant louages de leur plénitude, seule richesse contre ceux des villes qui, eux, " ne savent pas danser autrement qu'aux tintamarres des sirènes et des klaxons, qui étouffent dans leurs pots d'échappements et leurs motocyclettes, et qui font hurler leurs radios ". Louis souriait à ces pensées, et redoutait déjà son retour, au pays de toutes ces musiques qui eurent tôt fait d'aliéner le plus sage des hommes. Il adorait sa vie dans le sud aussi pour tout ça. Parce que c'était l'endroit qu'il l'avait accueilli quand il avait voulu fuir la réalité des sentiments de ceux qu'il aimait, quand il avait décidé, à 24 ans, de mener une vie sans plan de carrière ni autre projet que celui de n'en faire qu'à sa tête. Mais, après cet appel, il était vraiment temps pour lui de prendre une décision. Depuis le temps que les choses n'avançaient plus, il était temps d'en prendre une. Mais pas n'importe laquelle. La bonne. Celle qui les feraient avancer, les choses. Parce que celles-ci, quand elles ont décidé de plus bouger, c'est bien difficile de faire autrement que de les regarder faire. Louis était ce genre d'homme peu courageux, qui remet sans arrêt leurs projets imaginaires au lendemain, pour ensuite se trouver l'excuse du temps qui passe pour expliquer la monotonie de leur vie. Il aimait à dire quelles se pavanaient, ces choses, qu'elles aimaient le narguer, et faire en sorte qu'en plus de stagner, la vie finissait par s'embourber dans un miasme cyclique et invivable. C'était ça, pour lui, les choses : elles lui rendaient la vie invivable. Du haut de ses 36 ans, il prit pleinement conscience que retourner vivre chez ses parents impliquait bon nombre de concessions. Déjà parce que le temps et les épreuves font changer les gens, nous-mêmes d'abord, nos parents ensuite. Enfin, son père en l'occurrence, puisque il avait perdu sa mère 6 ans auparavant. C'est d'ailleurs cela qui avait lentement fait perdre toute raison à son pauvre père, et qui lui valait aujourd'hui de revenir prendre soin de lui, si tant est qu'il veuille bien de son aide. Parce qu'il était certes sénile, mais il n'en restait pas moins ingrat et méchant. Cécile et toutes les autres avant elle avaient fait preuve d'une patience qui risquait de lui faire défaut. D'une certaine manière, il avait compati à toutes ces aides qui s'étaient succédé pour lui rendre la vie de son père plus facile, et qu'il avait fait tourner bourrique par inconscience ou pire encore, par plaisir : sans doute l'apprendrait-il bientôt à ses dépens, lui qui s'était lavé les mains de tout soupçon d'intérêt pour son père depuis plusieurs mois maintenant. Pourtant, il lui paraissait inconcevable de le laisser vivre ses derniers jours entouré d'inconnus qui ne chercheraient qu'à se lier d'amitié pour espérer partager un peu de cet héritage qu'il s'inventerait pour plaire au plus grand nombre et qui, évidemment, n'existerait que dans ses fantasmes. Alors, bien malgré lui, il mit ses affaires en ordre. Il fit les choses lentement, tentant de retarder l'échéance d'un départ qui l'exaspérait d'avance. Malgré cela, il ne lui fallut que 3 misérables jours, puisqu'il n'avait jamais tenu à s'embarrasser des autres, et donc d'aurevoir qui auraient sans aucun doute retardé son départ. Sans même prendre la peine de trouver un locataire avant de s'absenter, il partit sans jeter un seul regard derrière lui, de peur que cela ne le conforte dans ses craintes, espérant secrètement que la situation ne s'éternise pas. Et il roula. Il roula pendant sept heures. Sept heures d'un interminable trajet pendant lequel il se laissa déborder par les souvenirs de cette vie qu'il laissait, entendant encore les murmures de ces amis, qu'il n'avait pas, le retenir, et lâcher enfin prise de ce passé trop encombrant, en envoyant simplement son père à l'endroit où tout le monde souhaiterait le voir, c'est-à-dire en maison de retraite. Pendant qu'il roulait vers son passé, Louis écouta de la musique jusqu'à épuisement. Il aimait entendre le murmure d'une symphonie qui s'engageait. Enfant déjà, il pouvait rester des heures avec son père, écoutant les claquements de la baguette sur le pupitre des partitions, sourcillant aux accords d'un violon capricieux, s'étonnant enfin du plaisir qu'avait son paternel dans sa fonction, chanceux involontaire d'un métier qu'il n'avait alors jamais envisagé, et que la vie lui avait offert comme issue de secours. Un métier singulier il est vrai. Un métier qui lui avait appris... Appris à être un homme bon. Appris à savoir comment faire. Appris à sourire en temps voulu, à s'effacer, un métier qui lui avait appris le respect. Et à baisser sa main sur une poignée de porte plutôt que sur leurs visages. Pourtant, le peu de considération qu'il obtenait de son patron ne parvenait pas à le décourager du rôle qu'il s'était donné. Quoi qu'il puisse dire à son propos, il se savait indispensable dans la continuité de son succès. Il savait rester des heures sans prononcer un seul mot, sans que cela ne le perturbe outre mesure. Quand le bonheur de le suivre souriait à Louis, il le regardait s'émouvoir chaque jour un peu plus.À mesure que les notes s'intensifiaient, son corps tout entier se raidissait, ses sourcils se fronçaient et le coin de ses yeux se perlait d'une émotion demeurée intacte après toutes ces années, ces dix-sept années où, il avait vu un souffle devenir un vacarme, ces dix-sept années qu'il exerçait son métier avec passion et force conviction, dix-sept années qui avaient fait de lui une pièce maîtresse du rituel que s'imposait son patron avant de monter sur la scène, qui avaient fait de lui le portier officiel de Sébastian Jaumann, maître de cérémonie de l'opéra de Vienne et chef d'orchestre mondialement reconnu. Quand Sébastian Jaumann eût joué sa dernière œuvre, Louis et son frère étaient déjà grands, et n'avaient plus crainte de voir ces mains désormais inoccupées revenir vers leurs traits. La seule chose qu'ils avaient faite était de remercier ce métier qui, en plus d'ouvrir des portes, avait réussi à ouvrir aussi le cœur de leur père. Un cœur qui depuis s'était refermé au moment même où se fermèrent les yeux de leur mère. Les yeux perdus dans le linéaire de la route qui se gommait devant lui, Louis repeignait les moments où il avait pu être heureux avec sa mère. Elle qui n'avait rien laissé paraître. Rien qui ne puisse trahir un secret qui finirait par lui coûter la vie. Un secret qui avait éclaté comme une bombe en plein visage, laissant derrière elle des morceaux d'eux, écrasés et abasourdis, elle qui ne leur avait jamais menti, et qui n'avait jamais rien laissé passer. Plus il y pensait, plus Louis se persuadait qu'il existe des secrets que rien ne laisse entrevoir, pas même un sourcillement, encore moins une trace, laissé au hasard d'un murmure, d'une gaffe, d'un petit coin de cheminée où l'étreinte de deux corps fait place aux confidences. Car de hasard, avec de tels secrets, il ne peut y en avoir...Tandis que les panneaux défilaient sous ses yeux, Louis se crispa de lire celui qui indiquait le village où sa mère reposait. Il se rappela de ce jour où, sur les graviers de l'église, les pas s'étaient murmurés. La procession fût incroyablement lente, et rien ne vint perturber le calme de la grande place. Les chaises s'étaient faites rares à l'intérieur, et la pluie battante avait glacé les os des badauds. Ils furent nombreux, autour de lui réunis, grand cercueil de pin verni, coulant leurs larmes sur des joues étriquées de rides et de passé. Louis les avaient vu un à un tendre leur main moite, pour y serrer dans la sienne un mélange nauséabond de pitié et de soulagement, heureux qu'ils étaient de ne pas être à sa place, ou pire encore, à celle de sa mère. Le cortège s'était avancé doucement vers le cimetière, emmenant avec lui des soupirs de tristesse et des chuchotements chevrotants, grossissant chaque fois un peu plus à mesure que le livre d'or finissait de se signer à la sortie de la cérémonie. Le ciel se menaçait d'un orage, et les parapluies ouverts sur les têtes avaient donné au moment l'allure d'un cocon de soie noire, chenille qu'ils devinrent, apeurés, et lugubres. Toute la famille était restée là, têtes baissées, longtemps même après que les invités ne soient partis. Sans doute avaient-ils bien d'autres choses encore à penser : le coût des fleurs et du dîner, les documents à faire signer, et leur papa à consoler. Et puis, dans une honte qu'il reconnaissait maintenant, une idée saugrenue traversa l'esprit de Louis, ce jour-là. Il s'était demandé quels étaient les cadeaux qui avaient pu lui être fait, car pour le moment, on ne pouvait pas dire que celui qui lui avait été proposé lui fasse grand joie. Aujourd'hui, jour quelconque pour le reste d'une planète à laquelle il semblait ne plus appartenir, monde qui le rejetait de ne pas partager cette douleur, lui qui était alors perdu dans un méandre de rage presque enivrante, ce même jour, il fêtait son anniversaire. Il n'y avait eu personne pour prendre une photo qui aurait été mise dans un album quelconque, personne pour manger la part d'un gâteau quelconque, personne pour lui faire lire des mots quelconques écrits sur une carte de supermarché. Parce qu'en ce jour ordinaire qu'était son anniversaire, il ne reçut comme seul cadeau que la mort de sa mère.

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