Deux semaines ont passé. Plusieurs lettres ont été échangées entre nos deux écoles. Gaspard est très fier de correspondre avec un garçon qui fait plus vieux que son âge. Il faut dire que Thibault a redoublé une classe. Il doit bien avoir 12 ans.
Emilie avait vu juste lorsqu'elle m'avait mis en garde contre les mensonges qu'il me faudrait inventer. Mais finalement je me montre très douée pour la comédie.
Là où les choses ont réellement commencé à se gâter, c'est lorsque la maîtresse, avec des air mystérieux, a voulu nous annoncer un projet qui lui tenait à cœur.
- Je ne voulais pas vous en parler plus tôt et risquer de vous décevoir si le projet n'aboutissait pas.
Des murmures d'impatience parcoururent la classe. Savourant son petit effet, la maîtresse poursuit :
- Vous ne l'ignorez pas, les prochaines vacances approchent. Et à cette occasion toute la classe est invitée à aller découvrir la Savoie. Avec l'aide de leur maître, vos correspondants ont établi un programme qui s'étalera sur trois jours. Sont déjà prévus une excursion à la montagne, un pique-nique au bord d'un lac, la visite d'un château...
- On va aller skier ? demanda Louis.
- Cela dépendra de l'enseignement. Quoi qu'il en soit, ce seront trois jours bien remplis. Nous voyagerons en car et vous serez hébergés dans la famille de votre correspondant. Il ne manque maintenant que l'autorisation de vos parents.
L'autorisation de mes parents. Sans doute mon dernier espoir de ne pas participer à ce voyage. Ma mère, si souvent inquiète quand il s'agit de me laisser passer une nuit chez une amie, refusera de me laisser partir si longtemps ! Et puis je me souviens que mes parents projetaient de passer un week-end à Venise durant les prochaines vacances. Je reprends espoir et redresse la tête. Autour de moi, chacun se réjouit à l'idée de partir à la montagne. Dans d'autres circonstances, j'aurais partagé leur enthousiasme. Du coup, je maudis Gaspard de me mettre dans cette situation.
Il était bien question d'un week-end à Venise, mais ce dont je ne me doutait pas, c'est que mes parents envisageaient de s'y rendre sans moi. Alors ce projet de voyage scolaire tombe à pic. Plus besoin de m'envoyer chez ma grand-mère, à une heure de train de chez moi.
Tout en étant secrètement ravis de la tournure que prennent les événements, mes parents se réjouissent pour moi, sans comprendre le peu d'enthousiasme que je manifeste. Impossible de leur avouer les véritables raisons de mon marasme, car je redoute leurs moqueries ! Le seul espoir auquel je m'accroche encore est qu'un événement inhabituel se produise d'ici à lundi et réduise à néant ce projet de voyage.
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Petits mensonges et grande frayeur.
CasualeEn classe Natacha découvre, avec déception, que sa correspondante est un correspondant nommé Gaspard. Elle signe sa première lettre d'un Nat. Gaspard s'imagine que ce Nat est le diminutif de Nathan ou Nathanaël. Au lieu de lui dire la vérité, Natach...