5. Le départ

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Après une journée passée à voyager, nous arrivons à Chambéry. Il y a déjà beaucoup de monde place de l'Hôtel-de-Ville. A travers la vitre du car, je cherche au milieu de tous ces visages celui qui m'est déjà un peu familier. Emilie me tire par le main.

- Allez, viens. On descend !

Je la suis, tel un automate. Le moment de vérité approche.


Emilie aperçoit Océane, elle l'attrape par la taille et l'entraîne à l'écart.


Me dandinant d'un pied sur l'autre, j'aperçois bientôt Gaspard, plus blond qu'il ne parraissait sur la photo. Ses yeux ne sont pas noirs, mes d'un bleu très foncé.



J'esquisse un pas vers lui. Il fait mine de ne pas me voir. Il continue de scruter par-dessus mon épaule, à la recherche d'un visage connu.


C'est là que j'interviens en l'interpellant d'une petite voix :

- Bonjour... C'est moi, Nat...

Gaspard lève ses yeux sur moi. Il ne réagit pas tout de suite.

- Non, tu dois te tromper, dit-il enfin. Je cherche Nathan.

- C'est moi... Enfin, je ne m'appelle pas Nathan, mais Natacha. C'est avec moi que tu corresponds.

Il secoue la tête.

- Non... C'est impossible.

- Pourtant, je te dis la vérité. Je peux même te dires que tu joue tu tuba dans un harmonie, que tu passes les vacances d'été chez ta grand mère dans les Landes et que tu aimes les pizzas au chorizo.


Ses joues s'empourprent. Il baisse les yeux, visiblement mal à l'aise. Puis il se ressaisit et demande dans un souffle :

- Mais la photo ? 

- C'est celle de Thibault, un élève de CM2 de mon école. Je suis désolée...

- Laisse tomber..., lâche -t-il, avant de s'éloigner vers ses copains.


C'est mots me font l'effet d'un coup de massue. Tremblante, j'essuie avec le dos de ma main les larmes qui perlent au bord de mes yeux. A travers le brouillard qui troublent ma vue, j'aperçois Madame Chabanel s'avancer vers moi. Elle me présente la femme qui l'accompagne.

- Voici la maman de Gaspard. Il semblerait qu'il y ait eu un petit malentendu concernant l'identité du correspondant de Gaspard. Mais à présent, tout est rentré dans l'ordre. Je te laisse donc avec ta famille d'accueil.


La maman de Gaspard m'agrippe doucement par le bras et me guide vers une petite camionnette blanche dans laquelle a déjà pris place Gaspard. Je m'installe à l'arrière du véhicule tandis qu'il fait mine de regarder par la fenêtre. Un peu étonnée par le silence de son fils, sa mère tente de me rassurer.

- Ne t'en fait pas ! Gaspard est certainement très intimidé de te voir.

A côté de moi, Gaspard ne bronche pas. Il se contente de faire craquer les jointures de ses doigts. Ils se contentent de faire craquer les jointures de ses doigts.

- Nous arrivons, prévient bientôt sa mère en garant la camionnette le long d'une allée.


Tandis que le père de Gaspard nous accueille sur le perron de la maison, un brouhaha se fait entendre derrière nous. Mon visage se fige en découvrant une douzaine de garçons arborant d'épaisses genouillères et un tee-shirt rouge et blanc avec imprimée en grosses lettres noirs l'inscription " Les Colloses de La Ravoire. "

- Bienvenue au club de basquet de La Ravoire.

Je lance un regard éperdu vers la mère de Gaspard qui, dans un sourire, m'explique :

- C'est la surprise que te réservait Gaspard !

Petits mensonges et grande frayeur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant