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8 #Demi-soeurs

Je sors de la salle en pleurant. Je le savais au fond de moi. Mais qu'elle me le dise en face ! Je n'ai rien fait à part naître ! Pourquoi ? Pourquoi ne me laisse-t-elle pas juste tranquille avec mes démons ? Mais j'ai compris trop tard que même en les ignorant, ils reviendront. Parce que ton passé c'est comme un chien, ça te suit partout où tu vas. Même quand tu essayes de l'éviter, il sait où te trouver, te tourmenter.

Je n'ai d'ailleurs pas pleurée depuis longtemps. Je ne pleure jamais pour ainsi dire. Mais ça... C'est la pire des humiliations que j'ai connu ces dernières années. Je m'étais habituée à vivre avec la moitié d'une famille et j'ai arrêté d'y penser. Ignorer était la meilleure chose. Gabrielle a tout simplement rouvert une cicatrice.

Elle m'avait prévenu... ou me l'avait faite comprendre.

Comment Maho a-t-elle pu être aussi méchante ? Alors que quelques heures avant elle était si gentille...

Je reste dans le hall, appuyée contre le mur de cette salle du diable. Je pleure. Des torrents dévalent mes joues à une vitesse incroyable. Mais, même avec mes yeux à moitié troubles, je le vois. Lui qui s'approche d'un pas lourd, d'un pas conquérant.

Il veut des réponses mais je n'ai aucune envie de parler de ça.

Cameron me surplombe à présent de toute sa hauteur. Il descend et reste accroupi devant moi. Il prend mon menton dans sa main si chaude et rassurante. J'aurais bien pu m'enfuir, mais je ne fais rien.

Nos deux visages sont presque collés et ses yeux sont plongés dans les miens.

- Tu savais ? me demande-t-il d'un air grave.

Son ton n'est pas rassurant, et j'aime bien. Je déteste qu'on ait pitié de moi. Il est réaliste. Ces blessures ne peuvent pas être réparées en deux ou trois mots gentils.

- Oui, je réponds d'une petite voix aiguë.

Je ne voulais juste pas me l'avouer, avais-je envie de dire.

#Flashback#

Je l'ai vu une seule fois. Elle avait les mêmes cheveux blonds que moi et les mêmes yeux noisette que Gabrielle.

J'étais devant le lycée ainsi qu'en première année. J'attendais mon père qui devait me récupérer parce qu'il pleuvait à torrent. Moi, je préférais rester sous cette pluie bien qu'il y avait un abri juste à côté. J'aime bien la pluie, surtout qu'à Miami on en a pas souvent. Rassurez-vous, j'avais quand même une capuche. Mon téléphone était dans ma poche, branché sur Ain't Your Mama de Beyoncé. Ironique, n'est-ce pas ? J'avais la tête baissée sur le sol pour je ne sais quelle raison. Regardant les gouttes tombées sur mes pieds, j'ignorais ce qui se passait autour.

Et puis, c'est à ce moment qu'elle est venue.

- Mademoiselle, vous allez bien ? Voulez-vous un parapluie ? me dit-elle de sa voix mélodieuse et maternelle.

Je relevai la tête et croisa son regard.

La ressemblance était frappante, même traies fin du visage, mêmes pommettes rosées...

A la vue de mon visage, elle recula immédiatement et tomba au sol. Son visage resta bloqué sur moi.

- Vous deviez être... partis toi et ton... père... balbutia-t-elle.

Je l'ai reconnue à ce moment-là. Ma mère. Sa phrase prenait tout son sens quand on connaissait mon histoire. Hors, Gabrielle la connaissait. Je lui confiais des choses à cette époque. Nous étions loin d'être meilleures amies, mais c'était une fille de confiance et tout le monde pouvait se confier à elle. J'étais à côté d'elle en cours, ce qui facilita les choses. C'était une fille populaire pour sa gentillesse, un peu comme Maho. Plutôt l'ancienne Maho à présent.