En cage

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Je criais. Plus fort que les autres jours. Ce hurlement déchirait l'ambiance calme de l'hôpital. Des gardiens arrivaient en courant dans ma chambre. Joël me secouait et criait mon nom. J'ouvrais alors automatiquement les yeux et donna un grand coup de poing dans le nez de Joël qui tomba en arrière. Je restais bouche-bée. Je regardais mon poing puis Joël. Un gardien le releva et me regarda, les dents serrées.

- Tu l'as cherché. Vous autres, emmenez le. On l'enferme.

- Non, je vous jure, c'était un réflexe, je ne frapperais jamais Joël de mon plein gré. 

Ma voix n'était qu'un murmure.

- Les fous comme toi, on les enferme.

Des gardiens m'attrapaient les bras et me soulevaient. Je me débattais et hurlais de plus belle.

Seul. Je suis tout seul. On enferme les plus dangereux au sous-sol. A terre, je serre mes genoux et compresse ma poitrine. J'ai froid, trop froid. Je souffle dans mes mains et essaye de me réchauffer.

- Salut toi. Hé, mais tu as bonne mine.

Je ne répondais pas à mon démon. C'est grâce à lui que je me retrouve ici.

- Wow, quel accueil !

La tête dans mes genoux, je restais de marbre. Il s'agitait tout seul dans son coin.

- Bon, ton silence devient assourdissant. Fais ce que bon te sembles. Je ne serais pas malheureux de te laisser mourir ici. Regarde-toi, on dirait un vampire en manque de sang. 

Je le regardais. Les mains sur les hanches, il semblait impatient.

- Qu'est-ce que tu me veux ?

- Ah bah enfin ! Je venais juste aux nouvelles.

- Je ne peux pas aller mieux.

- Parfait ! Puisque tu m'as l'air en forme, serais-tu tenter par une petite évasion ?

Il ouvrait la porte en fer que je pensais fermée. J'écarquillais les yeux mais ma surprise s'envola. Je recommençais à broyer du noir et serrais plus fort mes genoux contre moi en baissant la tête.

- Je n'ai pas envie de sortir.

- Tu es sérieux ? Adam tu...

- Je t'ai dit que je ne voulais pas sortir.

-... Très bien.

Mon démon s'évapora dans l'air trop humide.

L'air empeste le moisie, la pourriture. Des assiettes de pâtes, riz, viandes et poisson jonchaient le sol. Leur contenu est  à présent immangeable.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici. J'ai dû compter quatre nuits. Je ne veux pas manger, je n'ai pas faim. J'ai juste froid.

Je suis plié en deux, en position fœtale. Mon démon me regardait, surpris. Je ne l'avais pas vu depuis longtemps celui-là.

- J'y crois pas. Tu es irrécupérable. Tu ne manges plus maintenant.

- ...

Il tournait en rond en faisant les cent pas. Pas un bruit ne les accompagnait. Quelque chose le tourmentait. Il mettait sa main sur son front, exaspéré.

- Je ne te laisserais pas mourir ici, de cette manière-là. On dirait que ça te fais plaisir de réduire mes plants à néant. Bon...

Je n'arrivais pas à entendre ce qu'il me disait. Je suis déconnecté au monde extérieur. Je sais juste que j'ai froid, incroyablement froid.

A mon démon.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant