Chapitre 5 ~ Aleksandr

19 4 4
                                    

"Alek' ! On va être en retard !" cria la voix féminine a ses côtés qui venait de se réveiller.

Aleksandr regarda l'heure sur le tableau de bord et secoua la tête silencieusement. Depuis qu'il avait déménagé ici, son couple était en danger. Contrairement a ce que pensait Anastasia, il n'avait pas le mal du pays et il se sentait à sa place ici, parmi les Américains.

Tous deux s'étaient imaginés que si Anastasia venait quelques jours ici, la situation s'améliorerait, mais Aleksandr en doutait. Les jours avaient été longs pour lui, et il était heureux de pouvoir enfin la ramener en Russie.

"Alek...
-Oui ?
-C'est... Finit. Pas vrai ?"

L'homme sera le volant entre ses mains en gardant les yeux fixés sur la route. Il faisait nuit et la brume était tombée sur eux lourdement, si bien qu'il ignorait où il allait.

"Je crois bien. affirma-t-il
-Ça ne va pas s'arranger... Maintenant que tu es ici, tu vas trouvé mieux."

Aleksandr ne répondit rien, se concentrant sur la radio qui se diffusait dans l'habitacle. Il n'osa même pas regarder la jeune femme dans les yeux.

"Je ne comprends pas le choix de ton père. Avoir laissé sa femme avec tes sœurs là-bas...
-Tu ne le connais pas, tu ne peut pas savoir. dit-il sèchement.
-Pour ouvrir une boutique ? Alors qu'il pourrait faire pareil en Russie ? continua-t-elle sans écouter Aleksandr qui soupira bruyamment.
-Non. Ce n'était pas pour cela. Enfin... En partie.
-Et pourquoi il vous a prit vous ? Toi et tes frères ?
-Tu ne peut pas comprendre. Ok ?" Dit Aleksandr brutalement.

La jeune femme replaça une mèche de ses cheveux bruns derrière son oreille et se racla la gorge. Elle croisa les bras et resta ainsi, silencieuse et sans bouger, tout le long du trajet à l'aéroport. Aleksandr, lui, regardait les commerces défiler devant ses yeux et il ralentit en voyant une enseigne lumineuse rouge portant l'inscription "Pizza" sur le coté dans une petite rue calme. Le bâtiment était discret avec son revêtement en brique rouge typiquement New-Yorkais. Ses fenêtres étaient éclairés d'une lumière chaude où on pouvait voir des personnes sourire tout en dégustant un bon repas. Certains clients sortaient avec une grande boîte en carton en riant. Il y a avait de tout: des familles, des couples, des amis...

Anastasia donna un coup de coude dans les côtes du jeune homme qui revient à la réalité.

"Qu'est ce que tu fous ? Allez, on va être en retard."

Aleksandr accéléra en regarda le bâtiment s'éloigner dans le rétroviseur.

***

De retour chez lui, Aleksandr remarqua que de la lumière émanait toujours de la petite boutique de son père et il se dirigea vers celle-ci. À l'intérieur, tout avait été vidé, seuls quelques cartons trainaient dans un coin. Vladimir était assit sur un d'eux et lisait une feuille jaunâtre. Aleksandr ferma la porte derrière lui.

"Voila.
-Tu t'es débarrassé d'elle ? demanda son père en levant la tête
-Oui."

Aleksandr s'approcha et s'adossa contre le mur au papier peint démodé et poussiéreux. Il regarda le luminaire au plafond qui clignotait sans raison.

"Et tu as installé les bibliothèques ?
-Oui.
-Bien."

Leurs échanges étaient secs, Aleksandr sortit de sa poche les billets et les laissa tomber sur les genoux de son père.

"Je vais me coucher."

Le jeune homme s'approcha de l'arrière boutique qui menait directement à leur habitation. Vladimir ne leva même pas la tête.

"Attends... Tu n'as rien dis j'espère ?
-Non. dit Aleksandr blasé
-Personne ne doit savoir.
-J'ai compris, c'est bon. Je ne suis plus un gamin."

Aleksandr coupa subitement court à la conversation en rejoignant sa chambre. C'était une minuscule pièce au fond d'un couloir peu éclairé. Il n'y avait qu'une fenêtre donnant sur un autre petit immeuble de trois étages. Le plancher grinçait et les murs avaient besoin d'un coup de peinture.

Aleksandr n'avait toujours pas de lit digne de ce nom, seul un matelas était installé dans le coin de la pièce. Même son ordinateur dernier cri était par terre, sans bureau.

Assit sur le matelas, il régla son réveil pour le lendemain et se laissa tomber contre son oreiller, pensif.

Son ventre cria famine et l'image d'une pizza apparut dans son esprit. C'est avec un sourire aux lèvres qu'il s'endormit, se promettant de goûter à une de ses merveilles très prochainement.

Alek & NoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant