Chapitre VIII- Innocence

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« Je sais que tu te rappelles!» me dit elle froidement.

- Bonjour Ève. Comment ça va ton pieds? Tu peux marcher dessus maintenant à ce que je vois.

- Je sais que tu te rappelles! Ne fais pas semblant. Je sais... reprit elle sans se démonter.

- Ève...mais de quoi tu parles? Feignis-je, un rien choqué.

- N'essaie pas de me tromper! Cria t elle d'un coup. Je ne suis pas folle. Je sais de quoi je parles et toi aussi...toi aussi tu sais! Oui, j'en suis sûr! Tu sais!

- Ève, calme toi. Je crois que tu devrais retourner dans ta chambre et te reposer.

«Mais qu'est ce qui se passe!» questionna Mikaëlle venant de la salle de séjour.

« J'ai cru entendre crier.»

- Crier? Kibò? (Où ça?) Non! Je crois qu'Ève te cherchais...

Mais Ève, ne prêta plus attention à ce que je disais. Elle tourna le dos et descendit les marches, sous le regard intrigué de son amie.

Je n'essaiyai pas de répondre aux interrogations muettes de Mikaëlle.

Je retournai dans la chambre, me débarassai de mes vêtements et me plongeai sous la douche. Une boule se forma sous mon estomac. Je n'arrivais plus à contrôler les appréhensions qui partaient et venaient au fond de mon cerveau.

Mes craintes s'étaient confirmés. Eh oui, Ève s'en rappellait.  Irait elle jusqu'à tout révéler à Mikaëlle? Comment ferais je pour éviter cela?
Peut-être pourrais je lui faire croire que tout cela n'était que le fruit de son imagination trop fertile. Peut-être pourrais je...

Je ne la revis pas de la journée, ni les deux jours qui suivirent. Je faisais de mon possible pour ne pas me retrouver seul dans les corridors de l'étage. J'évitais de rester trop longtemps en compagnie de sa mère et de Mikaëlle. Elle finissait toujours par prononcer son nom à la fin de la conversation.

Mais il semblait impossible de lui échapper. Elle me guettait, j'étais sûr. Je la retrouvai le troisième jour, en retrant d'une ballade avec Kelly, assise calmement sur mon lit. 

Elle semblait attendre depuis un moment. Portant une robe rose aux plis parfaites, les cheveux remontés dans un chignon bien rangé, des boucles d'oreilles en or lui tombait le long du visage où un maquillage sans exagération avait été déssiné.

Elle leva lentement les yeux dans ma direction et je ne trouvai qu'un mot pour la qualifier: innocence.

Elle me sembla innocente comme la première fois.

«Devan...»

Mais, je ne voulais plus de son innocence, car je payais le prix d'avoir goûté à la fleur de l'interdit. Tout cela n'était qu'apas.

Des larmes coulèrent le long de ses joues, tandis que sa voix se brisait.

«Devan... pourquoi refuse tu de te souvenir? Je sais pourquoi tu ne veux plus de moi. Tu me trouves laide, est ce cela?»

- Non! Bien sûr que non tu n'es pas laide. Mais il faut que tu comprennes que...

-Oui, je sais. Tu ne m'aimes pas. Aucun homme ne m'aimeras jamais. Pourquoi me détestes tu?

- Èves. Mais que dis tu là! Je ne te déteste pas. Tu es une fille magnifique! Mais...

- Alors pourquoi avoir choisi Mikaëlle? Hurla t elle, une soudaine colère lui montant à la voix.

Elle tatonna les draps à la recherche de la canne qui se trouvait pourtant appuyé contre le lit. Ne la trouvant pas, elle se mit debout sur ses pieds mais retomba presqu'aussitôt.

À terre, elle pleura comme une enfant. J'eus pitié.

Je la pris dans mes bras pour la consoler, mais elle pleura encore plus, s'appuyant contre mon torse.

Du coup elle passa ses mains autour de mon cou et se détacha de moi. Elle me regarda droit dans les yeux le visage soudain serein.

Je savais ce qu'elle voulait et je ne l'arrêtais pas quand ses douces lèvres se posèrent sur les miennes.

Je me vis récapituler une semaine plus tôt, dans le cabinet de toilettes d'un bar. Possédant une fille que je connaissait à peine. Mais il ne s'agissait pas de celle là.

Celle là était plus expérimentée. Innocente était bien loin d'elle. Celle là était passionné.

De sa langue esorceleuse, elle explorait chaque recoin de ma bouche. Elle me goûta avidement.

Avec une force qu'on ne lui devinait pas, elle me repoussa et s'assit à califourchon sur mes jambes et continua sa promenade sur mon visage, s'attarda sur ma nuque laissant derrière une salive séchée qui me brûlait la peau.

Je glissai alors ma main sous sa robe. Son intimité palpitante se moitait sous la voile qui la recouvrait. Je m'embrasai complètement à ce moment là. Mes convictions s'effondraient. Mon membre se contracta de désir.

«Devan!... Ève!? Qu'est ce que vous faites» fit une voix venant derrière nous. Celle que je vis me laissa muet pris de court. Elle affichait un air dégoûté et révolté face à la scène qui s'offrait à elle.

Ève était devenue froide, satisfaite. Elle se pencha, saisit sa canne et s'éloigna la démarche boitante.

Elle ne jeta pas un regard à celle qui se trouvait devant la porte et me laissa seul avec elle...

Le prix de l'interdit Où les histoires vivent. Découvrez maintenant