Chapitre XI- Espoir

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Je n'arrivais pas à croire que j'aurais à faire équipe avec Fanne un mois entier. Je decendis lentement les deux marches qui me séparaient de mon trio.

Le docteur Maussant pendant ce temps, tria quelques papiers, qu'il nous distribua, de son porte document.

C'était un mulâtre, il devait faire les quarante ans au moins, vu les mèches grises qui se perdaient dans sa touffe soyeuse d'ébène et les rides qui prenait naissance au coin de ses yeux et de ses lèvres fines.

«Je suis le docteur Paul Maussant...» commença t il en nous exposant son CV.  Son ton sérieux et son allure imperturbable en disait plus long sur sa maîtrise du domaine.

Puis il commença un discours pour nous expliquer notre programme de stage, les règlements et tout un tas de choses que nous savions déjà.

«Mademoiselle!»

Mes deux compagnons se tournèrent dans ma direction. Les yeux sombres du docteur se fixèrent sur moi.

« Ce que je dis ne vous intéresse pas, dites-moi»

- Non, ce...

- Alors non?

- Si. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.

- Qu'aviez vous voulu dire dans ce cas?

Il s'arrêta quelques secondes, en attente de ma réponse qui ne venait pas. C'est vrai que ce qu'il disait ne m'intéressait pas, il s'en rendaient compte.

Il sourit. Détournant, enfin, de moi son attention.

«Très bien dans ce cas!... Je ne vous retiendrai pas plus. Vous pouvez partir. Allez vous préparer, demain les vrai cours commencent.»

Ce stage, je l'attendais depuis des siècles. Les cours théorique, on s'en lasse facilement. Prendre des notes, faire des exposés, lire des immenses bouquins, cela ne servirait à rien, si l'on ne faisait pas l'expérience du terrain. Et oui! Ce jour arrivait enfin.

Pour une fois, je contribuerais au changement. C'est vrai que seule, je ne changerai pas grand chose mais ce serait mieux que ces gens qui se construisaient des barrières autour de leur luxe pour ne pas voir la misère qui tuait au pas de leur porte. Mieux que ma classe qui s'obstinait à ne pas voir plus loin que le bout de leur nez.

Cette espoir m'illuminait de joie et en sortant de l'amphithéâtre, je ne marchais plus, je volais.

Il était trois heures quand la camionnette que j'avais prise s'arrêta devant le bâtiment crème. Je tendis au chauffeur le seul billet de cinquante gourde usé que j'avais en poche. Il me remit trente gourde.

« Monsieur monnen an manke wi
(L'argent n'est pas complet)

Mais la voiture démarra. En rogne, je sortis mes clefs de mon sac à dos. Il faisaient souvent cela. Tout le monde savait que la course se payait soit à cinq gourdes, soit à dix gourdes. Il n'a même pas placé un travailleur à l'arrière de sa bogota pour avertir les passagers, et il venait toucher vingt gourdes. Qu'est ce qu'il croyait, qu'il roulait un taxi ou quoi!

Je n'avais même plus d'argent sur ma compte en banque. Bientôt, j'aurais à quémander des sous chez ma mère.

L'odeur poussiéreuse de l'appartement me piqua le nez. Je devrais penser à faire le ménage mais je n'avais pas eu de temps libre ce mois. Celui à venir ne s'annonçait pas mieux.

Toutes mes bonnes résolutions partaient en fumée petit à petit dans ma tête. J'ouvris les rideaux du salon qui plongeait dans le pénombre la pièce et me laissai aller sur le divan dans un soupir.

Le prix de l'interdit Où les histoires vivent. Découvrez maintenant