Ève sortit en trombe lorsque je prononçai mes voeux, ce qui fit crouler le magnifique sourire de Mikaëlle. Son visage s'assombrit, elle voulu la rejoindre.
S'en rappellait elle? Non! Impossible. Je lui ai fait avaler une dose d'amphétamine, assez pour qu'elle oublie jusqu'à son prénom. Pourquoi alors n'arrêtait elle pas de me devisager et d'éviter mon regard depuis tout à l'heure.
Je finis de dissiper mes craintes et serrai les mains de ma femme. Nous nous dirigions sous la tonelle aménagée dans la cour de la congrégation à l'occasion des vins de noces.
Un groupe twoubadou venu du nord annimait la foule de chanssons populaires champêtres.
Tandis que le prêtre nous assénait de ses longs sermons sur la fidélité et l'importance de la communication dans un couple, je me surpris à redouter le retour probable d'Ève.
Mais elle, ne revint pas. La fête se deroula sans incidents.
J'émis même un soupir lorsque nous embarquions la voiture qui devait nous emmener vers le sud pour notre séjour au " lover's island".
C'était fait. J'avais épouser la femme de ma vie. J'oublierai l'autre, ma douce passion d'une nuit, pour me consacrer à elle seule.
Nous partîmes de très tôt pour ne pas rater le voyage en bateau. Mikaëlle avec regret posa une longue bise sur les joues de sa soeur et lui fit promettre de la contacter dès qu'elle aurait des nouvelles de sa meilleure amie. Ses parents la prirent dans ses bras, retenant des larmes, de bonheur de la part de sa mère et sans doute de jalousie de la part de papa.
Il a toujours été trop protecteur envers elle, voulut la protéger et tout lui offrir, croyant que son argent pouvait tout lui procurer. Bien que cela m'enragais, je devais accepter que ma femme soit une progéniture de l'élite haïtienne, le fléau de la masse.
De ces gens qui exploitent le peuple et soudoient le gouvernement pourvu qu'ils aient partout leur intérêts.
Son père s'était opposé à notre relation dès son début et j'ai dû beaucoup sacrifier pour lui prouver que j'étais à la hauteur. Que je pouvais la combler économiquement, garantir la continuité de leur bourgeoisie.
Mika me serra le bras, posa la tête contre mon torse et s'endormit presque tout le trajet.
Arrivés sur la côte de la ville des Cayes, nous embarquons dans un fly-boat garé dans la baie.
Quelques minutes plus tard, nous accostâmes une rivage aux sables dorés où la mer d'azur pâle venait d'échouer.
Je me tournai vers ma compagne. Les rayons festivals du soleil qui lui frappaient le visage, annoçaient un moins de juillet parfait. Loin de la famille, des problèmes politique, d'Ève...
...
Plus de deux jours, avant de quitter le paradis. Si je pouvais, je transformerais les minutes en jours et les jours en années. Je resterais içi indéfiniment, tant qu'elle était là.
Tant qu'elle restait comme ça, comme elle était. Je ne voulais pas perdre de vue cette ange à côté de moi, je ne voulais l'emmener en enfer.
J'aimais la regarder dormir, elle me rappellait tellement... Non! Il ne fallait pas que je pense à elle. Pas encore. Elle causerait ma perte. Pourquoi n'arrivais je jamais à me la sortir de la tête! Tout cela était de ma faute. Je n'aurais jamais dû. Je savais bien qu'il s'agissait d'une des idées farfelu de Mika de l'envoyer elle. Mais j'avais décidé d'y aller seul. Elle m'a parru tellement innocente que je n'avais pû résister. Je l'avais regardé danser et ma raison m'avait quittée. J'avais commis l'irréparable. Cette fille m'étais interdite, et c'est elle que mon instinct de mâle avait choisi pour ses folies de vide garçon. Et à penser qu'il n'avait fallu que d'un verre.
En colère, plus contre moi même que quiconque, je sortis de la chambre, laissant Mikaëlle seule et endormi.
Je rejoins un petit groupe de deux ou trois couple qui dejeunaient sous une chêne où un restaurant en plein air avait été aménagé.
L'hotelier me fit servir un bol d' akasan au lait accompagné de pains rasis grillé que je devorai avec avidité, puis s'assayant avec nous, on discuta football et politique.
C'était un homme conciliant. Rapidement on s'entendait à merveille. De bonnes relations ne font jamais de tort. Surtout lorsqu'il s'agit d'hommes fortunés et influents comme lui.
Mikaëlle arriva plus tard, vêtu d'une robe jaune qui s'alliant merveilleusement à son teint, la rendait encore plus sexy. Mon nouvel ami lui fit un clin d'oeil puis se tourna vers moi, m'adressant un sourire innocent.
Je me retint avec peine de ne pas lui sauter à la gorge pour lui arracher la trachée, une vague de jalousie m'envahissant. D'un seul coup, il me devint hostile.
La conversation continuait de bon train, mais je ne prononçai plus un mot. J'etais dévoré, dès que ses yeux se posaient sur elle.
Le téléphone de Mikaëlle sonna. Quand elle decrocha, son visage se vida d'expressions.
« Un accident?...Ève!...»
Mon système demeura paralysé, une minute. J'avais oublié ma rage. Celle là me poursuivrait donc toujours!
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Lexique
Twoubadou: (mot créole) Style musical qui se joue avec des instruments traditionnels, comme des tambours, tcha-tcha, banjo, accordéon etc.
2- Groupe qui en joue.Lover's island: appelé l'île à vache situé sur la côte sud d'Haïti, dans la baie des Cayes.
Akasan: (mot créole) Boisson obtenu de la cuisson de maïs moulu.
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Le prix de l'interdit
Narrativa generale« On ne devient pas mauvaise, on ne fait que découvrir le mal caché au fond de soi» Ève, née à Kenskoff dans une petite famille de la haute, décide à ses vingt-trois ans de changer de vie. Elle rêve de changements, d'égalité et de justice. Mais n'ar...