Hello Madness, My Old Friend.

CHAPITRE VI - L'HOMME ET LA CIRE

        Après notre longue chevauchée nocturne, Ruine et moi étions épuisés. Ruine était le nouveau nom de mon nouveau cheval, cette noble bête qui m'avait porté toute la nuit. Si je ne pouvais aimer les Hommes, mon empathie pour les animaux était infinie. Nous nous étions arrêtés sur le haut d'une colline. Je descendis du dos de Ruine et ce dernier s'allongea lentement pour se reposer. Le soleil se levait à l'horizon, et une douce brise matinale venait doucement me caresser la peau. Le ciel bleu et dégagé au-dessus de moi annonçait le début du printemps mais dans ce paysage plutôt rocheux, on ne voyait pas un seul bourgeon. Cependant, une tâche noire intriguait mon esprit. Un large trou béant, dans le flanc de la colline, ressemblait à l'entrée de quelque chose. En descendant la petite pente quelque peu raide et en m'approchant, je me rendis vite compte que c'était en fait l'entrée d'une mine. Des pioches et des casques ainsi que quelques lampes à gaz étaient posés à terre, ce qui confirmait mon intuition: C'était bien une mine à charbon. Des bottes de mineur et quelques manteaux avaient été oubliés, pour mon grand bonheur. Les bottes m'allaient bien mais les manteaux étaient un peu larges. Au vu de ma situation, je n'allais pas en faire toute une histoire. Je m'assis contre la paroi de la mine et sans même m'en rendre compte, je m'endormis.
Réveillé par des gouttes de pluie, je devinai tout de suite que j'avais trop dormi. Il faisait nuit et la pluie tombait de plus en plus fort. Je remontai la colline et Ruine était là, il m'attendait. Comme s'il savait que j'allais me réveiller et venir vers lui, décidément les animaux sont mille fois plus intelligents que les Hommes. Je grimpai sur son dos et nous fîmes route vers l'est. Au bout de quelques heures, nous arrivâmes enfin à un petit village. Tout semble dormir, tout est plongé dans le noir, sauf une auberge dont la lumière était toujours vive. Je descendis à nouveau et attachai Ruine à l'endroit prévu pour et entra dans l'auberge. Trois ou quatre hommes buvaient et parlaient. Le propriétaire de l'auberge parlait avec eux, c'était sûrement des habitués. Je m'assis à une table voisine et demandai une bière et un peu de viande. Les hommes m'invitèrent à leur table, prétextant que ce serait plus facile pour le propriétaire de l'auberge de nous servir. Ce dernier acquiesça. Je m'assis donc avec eux, écoutant leurs histoires :

- Apparemment, un gars s'amuse à torturer et massacrer des gens dans le pays, lança l'homme assis à ma gauche.

- C'est pas bien nouveau Tom, lui répondit celui assis à ma droite.

- Si si je t'assure, j'ai parlé avec certains enquêteurs et ce type là... C'est un malade ! Répliqua Tom.

- Le petit Tommy a peur ? Ricana l'homme assis en face.

- La ferme John ! Tu sais qu'il a repeint l'intérieur d'une église en rouge ? Lui tout seul, toute une église massacrée ! Aboya Tom.

- On ne devrait pas rire de ça John, déclara l'homme à ma droite.

- Oh puis qu'il vienne je l'attends ce fumier ! Tom, Donovan, n'ayez crainte je ne vais en faire qu'une bouchée ! Annonça John.

- C'est ça, répondit Donovan avec peu de conviction.

- De toute façon cela est arrivé bien loin de notre village, nous sommes sûrement à l'abri de ce fou furieux, déclara l'aubergiste.

- Et toi l'ami, qu'en penses-tu de tout ça ? Me demanda Tom.

- C'est un homme très dangereux et sans limites. Il faut être très vigilants et rester prudents en toute circonstances, lui répondis-je malgré moi.

- Bien, conclut l'aubergiste

J'avais bien écouté leur propos et leur avait donné un point de vue totalement erroné. Je m'étais complètement effacé du tableau "suspects". Finalement l'aubergiste m'apporta de la bière et du jambon. Je bus la bière cul sec mais pris le temps de déguster le jambon. La chair de M. Hopkins était plus tendre, plus juteuse, plus succulente. La peur et la douleur avaient-elles un rapport avec le goût de la chair ? Ayant fini de boire et de manger, je me montrai généreux et amical en déposant trois pièce d'or trouvée dans les affaires de M. Hopkins sur la table: