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~PDV Camille~

Je suis en vacances d'été, la dernière émission de l'année vient à peine de se terminer et au lieu de rester avec tout mes chroniqueurs pour leur dire au revoir, j'ai décidé de monter dans mon bureau pour regarder les étoiles. Pour regarder la nuit en pleurant. Je suis en manque. Depuis quatre mois, je suis en manque d'amour. Parce que Bertrand m'a bel et bien brisé le cœur mais j'arrive pas à l'oublier. Mon cerveau ne veut pas me laisser de repos depuis lui. Et le seul truc qui comble un peu ce manque c'est de me vider l'esprit, donc je regarde la nuit pour me consoler.

- Ah Cam's t'es là ! On te cherche depuis vingt minutes !

Je me retourne et adresse quand même un sourire triste à Abdoul qui s'approche de moi avant de me dire :

- Tu devrais aller le voir.
- Non.
- Bah alors vient à notre soirée. Change toi un peu les idées, c'est les vacances. Tu vas pas rester à pleurer tout l'été. Pense au nombre de mec que tu prives de ton corps.

J'ai un léger rire avant de me tourner une nouvelle fois vers l'extérieur et lui dire :

- T'es pas obligé de dire ce genre de phrases tu sais ?
- Oh merci... J'ai eu mal au cœur en la disant alors c'est beaucoup mieux comme ça. Donc tu viens avec nous ou tu restes avec tes étoiles ?
- Y'a quoi à ta soirée ?
- Y'a des stripteaseur et -euses, y a de l'alcool, y'a tout les autres sauf les vieux, y'a de la mousse, me demande même pas pourquoi, enfin bref pleins de trucs.
- Je vais rester avec mes étoiles.
- Allez Camille... Tu peux pas ne pas venir à cette soirée alors qu'on y sera tous.
- Bah si, parce que je reste ici. Bonne soirée à toi.
- Comment t'es pas drôle quand t'es amoureux Combal...
- Le pire c'est que je le sais.

Abdoul a un léger rire avant de me laisser seul. J'attends qu'il ai fermé la porte pour enlever ma veste de costume et regarder à nouveau la nuit. Pourquoi est-ce que j'ai pas envie d'aller voir Bertrand ? Parce que j'attends qu'il fasse le premier pas parce que c'est lui qui a brisé tout ça ? Je pense que oui. Pourtant j'ai pas de nouvelles de lui, il a continué ses trucs et m'a oublié vous croyez ? Parce que je lui servais juste pour son travail ? C'est peut-être vrai franchement. Doucement, je me mords la lèvre parce que je commence à oublier les détails de son visage et le goût de ses lèvres que j'aime tant, est-ce que mon cerveau veut me faire vraiment l'oublier ?

- T'es pas cool franchement toi.

Je me parle tout seul, est-ce le début de la folie ? Peut-être que oui. Mais c'est possible d'être fou d'amour ? Je me pose trop de questions. Je cligne des yeux et regarde un peu la rue devant la tour, vide, tout le monde est déjà parti et je pense qu'on va pas tarder à me foutre à la porte moi aussi. Je soupire et regarde une dernière fois les étoiles avant de reprendre ma veste et l'enfiler avant de partir de mon bureau.

Je marche d'un pas rapide vers la sortie en saluant au passage Antoine qui est sûrement venu pour aller à la soirée sur le plateau, il m'adresse un signe de la main avant de partir loin de moi en courant. Donc je soupire et laisse cette soirée dans un coin de ma tête. Mais je dois être vieux parce que je pense aux personnes qui font le ménage et qui passeront après eux. Enfin bref, j'attrape mon casque dans mon sac et je le mets sur mes oreilles avant de lancer une musique aléatoire. Mais je tombe sur l'une de mes préférées "Je Suis - BigFlo et Oli" et je fais un playback sur le chemin, la musique me vide encore l'esprit mais j'ai toujours les larmes aux yeux. J'aimerais aller hurler à Bertrand que je le pardonne et que j'ai envie qu'il me revienne mais je peux pas, j'ai besoin que lui revienne en premier, parce qu'après tout c'est de sa faute tout ça.

~XXX~

Assis sur mon lit, je regarde mes mains, pour ne pas regarder les draps, qui me semblent toujours pleins de lui, de son odeur de ses légers sourires qu'il me lançait le matin, de sa bouille endormie dans mes bras... Une larme m'échappe à nouveau. Alors j'ouvre le tiroir de ma table de nuit et j'attrape le téléphone dedans, le sien. Celui de Bertrand qu'il n'est jamais venu reprendre. Je sais pas, ça me met un coup de poing au cœur de voir ça, et si je n'avais jamais fouiné dedans, est-ce que Bertrand m'aurait tout dit un jour, ou est-ce que je serais resté dans l'ignorance a l'aimer et à maudire une taupe dont je ne savais rien ? Ce sont les questions qui tournent en boucle dans ma tête.

J'allume le téléphone et le fond d'écran m'arrache un sourire avant que je le déverrouille et que j'aille prendre son numéro. Pour le mettre dans mon portable et l'avoir à nouveau. Parce que mon faible cœur a choisi que ça se passerait comme ça, mais je ne cherche pas le contraire. Je range son téléphone dans le tiroir avant de fixer le mien. J'ose ou j'ose pas ? Après tout ça fait quatre mois que j'attends qu'il revienne, est-ce que moi aussi je peux essayer de faire le premier pas à sa place ? Finalement je me retrouve à écouter les sonneries en priant pour qu'il me réponde. Quatre... Cinq... Répondeur. J'attends le bip en cherchant quoi dire, j'ai du mal à parler à un répondeur en me demandant si quelqu'un va écouter ce que je dis un jour. Puis finalement, j'utilise le message basique :

- C'est Camille, je sais pas si tu as encore envie de m'entendre mais en tout cas, j'aimerais qu'on se revoie un jour ou l'autre, alors rappelle moi quand tu peux...

J'ai aucune autre idée alors je raccroche et repose mon téléphone en me demandant pourquoi est-ce qu'il a pas répondu ? Il dort ? Il est en train de se taper quelqu'un d'autre d'influent dans le monde de la télé et il est redevenu cette taupe ? Mes poings se serrent, et si il ne m'aimait pas ? Et si en réalité je n'étais que ça, que Camille Combal l'animateur de télé et qu'il voulait juste des infos... Et si en fait ses pleurs étaient juste parce qu'il venait de perdre son boulot ? Je donne un coup de poing dans mon oreiller avant de foutre ma tête dedans, et oui en fait, c'est pour ça qu'il a pas cherché à me revoir depuis quatre putain de mois ! J'étais sûrement rien pour lui en fait !

Je me redresse et j'attrape mes vêtements pour les enfiler en quatrième vitesse avant de partir dans mon entrée ou je mets rapidement mes chaussures avant d'attraper mon sac et de sortir de chez moi. Je retourne à TF1, je vais la faire cette soirée, je vais la faire et je vais me taper quelqu'un pour oublier cette enflure de Chameroy.

House Of CradesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant