House Of Crades

11.

~PDV Extérieur~

Bertrand est en train de ranger des feuilles dans des classeurs, qu'il range eux-mêmes dans des rangées par ordre alphabétique, de la musique dans les oreilles et les yeux tristes, il répète la même opération une bonne centaine de fois avant de passer à une autre rangée. C'est ça son futur ? Être triste d'avoir perdu ses ailes et son cœur et ranger des putains d'archives ? Seuls ses pas raisonnent dans ses lieux vides et juste comblés par des étagères et autres choses. Il doit être minuit passé mais Bertrand n'arrive pas à rentrer chez lui, parce qu'il sait qu'après il sera en vacances et il retombera dans ce chagrin d'amour dont il a été victime pendant près de deux mois, et dont il est encore victime mais moins. Pourquoi ne peut-il pas juste oublier le visage parfait et souriant de Camille Combal ? Pourquoi est-ce qu'il avait été un connard au point de devoir lui faire du mal et de s'en faire à lui-même ?

Sa tête bouge doucement sur le rythme de sa musique et malgré ses larmes, il fait un playback. Il n'entend pas les portes de l'ascenseur s'ouvrir sur son patron qui lui dit, d'une voix que le châtain n'a pas dû entendre à cause de son casque :

- Bertrand, tu devrais rentrer chez toi, on va me dire que je fais trop bosser mes employés après...

Remarquant la non-réaction de Bertrand, Jean-Marc s'approche de son employé avant de lui enlever son casque et lui répéter ce qu'il vient de dire, mais le châtain rattrape son objet avant de répondre :

- J'ai pas envie de rentrer chez moi...
- Tu vas être obligé tu sais ?

Bertrand dépose alors ses classeurs et ses fiches sur une étagère au hasard avant de dire, en regardant son patron dans les yeux :

- Je suis obligé de prendre des vacances ?
- Pourquoi tu veux pas ? Tu passes ton temps ici, il faut que tu voies le soleil un peu, t'es devenu tellement blanc que je me demande si tu brilles pas un peu dans le noir.
- Très drôle... Mais j'ai pas envie de me lamenter pendant un mois... Vous savez pas à quel point c'est dur de me dire que c'est mieux pour lui que j'aille pas essayer de le revoir...
- Si, parce que ça m'est arrivé bien plus de fois que toi ce genre de trucs. Tu sais quoi ? J'ai décidé d'être un bon samaritain cette fois.
- Comment ça ?

Jean-Marc fait alors signe à Bertrand de le suivre avant de marcher vers l'ascenseur, le châtain hésite quelques secondes avant de courir pour le rejoindre, abandonnant à leur triste sort ses classeurs non-triés. Il fixa ensuite son patron qui avait un fin sourire aux lèvres au moment où les portes de l'ascenseur s'ouvrent devant lui et qu'il commence à marcher à travers les couloirs jusqu'à son bureau.

Bertrand s'arrête juste après la porte, tant de mauvais souvenirs sont accumulés dans ce lieu qu'il n'ose pas faire un pas de plus de peur que tout ça lui revienne à la gueule et qu'il finisse en pleurs sur le sol habillé d'une moquette rouge neuve. Ce bloquage du châtain fit sourire Jean-Marc qui alla derrière son bureau avant d'ouvrir un tiroir et d'y attraper une carte avant de la tendre à Bertrand et de lui dire :

- Tu dois venir le chercher ici.
- C'est quoi ?
- Il y a une énorme soirée à TF1, et voici un badge qui t'en ouvre les portes.
- Et qu'est-ce qui vous dit qu'il y est ?

Les yeux de Bertrand se tournèrent alors vers le mur avant qu'il ne croise les bras sur son torse arrachant un léger sourire à son patron qui lui dit, d'une voix pleine de défi :

- Et qu'est-ce qui te dit que tu y perds à tenter ? Tu préfères pleurer dans les archives plutôt qu'essayer de retrouver ton Roméo ?
- Donc c'est moi Juliette, sympa...

Cette phrase arrache un rire à Jean-Marc qui continue quand même à tendre le badge vers un Bertrand qui ne bouge toujours pas et reste dans sa position fuyante.

- C'est un remake 2016, Roméo et Roméo. Donc tu tentes ou tu retournes chez toi à te lamenter comme tu dis ?
- J'en sais rien... Il doit sûrement plus vouloir me voir après mon coup...
- Et si jamais tu te prouvais le contraire ?

Un soupir s'échappe alors des lèvres de Bertrand qui tourne son regard noisette vers la carte avant d'hésiter une bonne minute et de finalement s'en approcher pour la prendre des mains de son patron et lui murmurer un merci semblable à un murmure.

- Grouille avant qu'il soit trop tard.
- Pourquoi vous faites tout ça ?
- Parce que je sais que tant que tu seras aussi triste je ne pourrais jamais tirer profit de toi dans toutes tes compétences, alors maintenant dégage et va danser un slow avec ton brun avant que je te tue et que je te foute dans des valises qui finiront dans la Seine. (NDA: J'adore Crimes sur NRJ12 !!!)
- Faut vous calmer un peu dans les tournages de Crimes quand même, ça va vous rendre fou à un moment.
- Mais dégage bordel !

Bertrand eut un léger rire avant de ranger le badge dans sa poche et de partir en courant du bureau de son patron. Il attrape ses affaires rangées dans une salle à côté de l'ascenseur avant de repartir dans sa folle course. Bien décidé à pouvoir enfin retrouver son brun, enfin le brun que son cœur affectionne tant. Alors il parcourut les rues qui le séparaient peut-être de lui avec un fin sourire aux lèvres et son cœur battant la chamade, à cause de son excitation et de sa fatigue parce que même cinquante mètre ça fatigue déjà à mort quand même, faut le savoir.

~XXX~

Essoufflé, Bertrand arriva enfin devant la tour TF1 aux alentours de 1 heure du matin, les joues rouges, le souffle court et les jambes mortes, il garde quand même ce sourire de con amoureux qui lui est cousu au visage sûrement pour l'éternité. Il ne laissa pas le temps à son corps de se remettre de cette course et pénétra dans le hall de la première chaîne de France, la main serrée sur son badge. Il marcha les trois mètres qui le séparaient du portillon et il le passa très rapidement avant d'entendre les basses violentes de la musique diffusées à la soirée de malade de cette fin d'année.

Alors après une profonde respiration, Bertrand les suivit et arriva enfin au plateau énorme où se déroulait la plus grosse fête qu'il avait pu voir de sa vie. Il était très tenté par l'alcool mais il dirigea plus son regard autour de lui pour trouver Camille, et lorsqu'il le trouva enfin, son cœur se brisa de nouveau et il se retrouva bouche bée avec des larmes lui brûlant les yeux...