Chapitre 1

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Can’t you hear me knocking ?

Chapitre Un :

Je rencontre une rock-star. 

Je suivais le guitariste dans les ruelles de Manhattan, encore moins rassurée que d’ordinaire lorsque j’empruntais ces rues. Je me retournais sans cesse pour vérifier qu’un type louche ne nous suivait pas. Keith marchait bien loin devant moi, les mains dans les poches de son jean, le flacon précieusement enfui dans sa poche de veste. Je me retournais une dernière fois, et presque immédiatement après, je me retrouvais nez à nez avec Keith, ce qui me fit sursauter et m’arracha un cri. Le guitariste haussa un sourcil et baissa les yeux sur moi - j’étais plus petite que lui d’au moins une quinzaine de centimètres.

« Pour une fille de vingt ans, t’es drôlement froussarde.

- C’est parce que tu ne connais pas Manhattan, répliquais-je, acide, toujours face à lui.

- Ah, tu crois ça ? Londres n’est pas moins dangereuse que ta chère île - bon, peut-être un peu moins, mais rien n’est jamais vraiment sans danger.

- J’ai vu des gens se faire poursuivre par des policiers, mourir, des règlements de comptes, des prostituées se faire lyncher. Alors, oui, je pense que je peux dire que tu ne connais rien de Manhattan. » 

Je le fixais droit dans les yeux et avais la ferme intention de ne pas baisser le regard. Et mes efforts furent payants puisqu’il se retourna et continua son chemin, me laissant pantoise au beau milieu de l’allée aux dizaines de bouches d’aération et de tas de déchets provenants des restaurants et foyers. Je me décidais à le rattraper et marchais à côté de lui. Il alluma une nouvelle cigarette. Plus je le détaillais, plus je me disais qu’il ne collait pas du tout à l’image que les Américains se faisaient des Anglais. Cheveux longs, dépenaillé, plus accro aux drogues dures qu’au thé Earl Grey... 

« T’es une fille des quartiers, ça se voit. 

- Et comment tu peux déduire ça ?

- Ton caractère. Tu te laisses pas faire facilement, tu te comportes comme un mec alors qu’au fond de toi tu voudrais juste être une fille comme les autres, mais tu joues les dures pour ne pas qu’on te marche sur les pieds et qu’on te rabaisse. Tu veux montrer que toi aussi tu existes et que tu es capable de répliquer s’il le faut. Une fille de bonne famille ne serait pas comme ça, déjà, elle ne se permettrait pas de tutoyer un mec qu’elle connaît à peine sous prétexte que son pote - elle n’en aurait pas d’ailleurs - a conclu un marché avec, et surtout elle ne se permettrait pas de lui répondre comme tu l’as fait avec moi. Mais j’aime bien les filles avec du tempérament, ça me plaît. Trop faciles les soumises.

- Parce qu’en plus d’être guitariste, monsieur est psychologue, brillant.

- Arrête ce petit jeu tout de suite, je ne me laisserais pas non plus faire par une pucelle de vingt piges.

- Et moi je ne tomberais pas dans les filets d’une rock-star du pays des rosbifs de vingt cinq ans avec un gosse et une liste de groupies grande comme le bras. » 

Il s’arrêta. Je fis encore quelques pas avant de me rendre compte qu’il s’était arrêté. Je me tournais vers lui. Le guitariste tira une longue bouffée de sa cigarette avant de s’approcher de moi. Je déglutis difficilement et fis profil bas. Je ne jouais plus du tout, j’avais peur. Même si Keith n’avait pas l’air dangereux, je me méfiais. Je savais de quoi un mec était capable sur une fille, quelque soit son âge, j’en avais vu plus d’une fois en venant ici. Mais là, c’était pas n’importe quel mec, c’était Keith Richards, et je lui avais filé de la drogue et l’avait presque insulté.

Tumbling DiceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant