Chapitre 10

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You may talk all about me, and scandalize my name, but deep down inside me I know I'm the only man.

Chapitre Dix :

Je quitte New York.

Avec une vitesse que je ne soupçonnais pas, je montais les escaliers et pris le sac de voyage qui était accroché à la porte. Je devais faire vite. Ma mère, compréhensive, m’aida à glisser mes affaires à l’intérieur, tant pis si c’était en vrac. J’allais mettre ma sacoche à l’intérieur quand une enveloppe tomba de celle-ci. Ma mère était descendue en bas pour répondre à un coup de téléphone, et j’en profitais pour l’ouvrir discrètement. 

Un carton avait été glissé à l’intérieur, et portait une écriture que je ne connaissais pas, mais à en déduire par le contenu, ça ne pouvait être que Keith. Je posais la carte à côté de moi et fut surprise de trouver dans l’enveloppe un billet d’avion portant la mention « London Heathrow Airport ». Pas de date, pas d’heure d’embarquement, juste cette mention indiquant la destination. Il voulait que je vienne à Londres. Je pris le carton et le lus attentivement.

« Charlie, je sais que l’on se connaît depuis vraiment très peu de temps, tu n’as pas manqué de me le faire remarquer ces deux derniers jours, et je tenais à m’excuser si mon attitude t’a semblé parfois un peu trop brusque et entreprenante. Tu dormais encore ce matin, alors j’en ai profité pour aller chercher ça à la réception. J’espère que tu en feras bon usage, et que tu ne seras pas seule pour l’utiliser. Love, Keith. »

Je posais la carte au sol, plutôt choquée. Je portais une main à ma bouche pour m’empêcher de crier, et remis l’enveloppe sur le dessus de ma pile de vêtements et de ma sacoche. Je fermais une bonne fois pour toutes mon sac, jetais un dernier regard à ma chambre avant de descendre pas à pas l’escalier, comme pour marquer mon départ de façon solennelle. Ma mère m’attendait en bas, les clés de la maison à la main.

« Tu es sûre de ton choix ? Tu pars un peu sur un coup de tête, tu en es consciente ?

- Oui maman, ne t’en fais pas, tu sais que j’arriverais à retomber sur mes pattes.

- Bien. Alors, au revoir ?

- Au revoir maman. »

Je pouvais sentir l’émotion dans sa voix. Elle allait être toute seule pour digérer ma décision, et surtout assumer les conséquences de mes actes sur le reste de ma famille. Je la pris dans mes bras une dernière fois, longuement, avant qu’elle ne me donne mes clés - au cas où je décide de revenir - et ferma la porte après que je sois partie en lui faisant un signe de la main. Maintenant, je devais faire vite - même si avoir un sac sur le dos ne m’aidait pas dans ma tâche.

Les idées claires cette fois-ci, je me dirigeais vers le métro, sereine et en même temps stressée. Après tout, j’allais peut-être me heurter à un mur. Et peut-être allais-je devoir retourner dans le Bronx. Mais bon, ce n’était ni l’heure ni le moment pour penser à ça. Les portes du métro s’ouvrirent et je m’engouffrais à l’intérieur avant de m’affaler sur un siège. Les stations défilèrent et j’attendis patiemment de trouver celle qui me mènerait au Plaza. 

Je pris le temps de détailler chaque personne se trouvant autour de moi. Il y a avait une mère avec son enfant, qui parlaient en Italien. Surement des immigrés qui rejoignait leur famille. Un jeune homme se tenait à la barre, une valise à ses pieds, et lisait « Les Misérables » ; un français qui venait vivre le rêve américain. A côté de moi, un homme d’affaires New Yorkais qui relisait sa lettre de démission. Tous ces gens, moi y compris, allaient changer de vie dans les heures, les minutes à venir. Et tous semblaient assumer parfaitement ce choix.

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