Chapitre 9

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You shouldn't stick with me,  you trust me too much, you see.  Take all the pain, it’s yours anyway.

Chapitre Neuf :

Je me dispute avec Keith (et ça tourne au vinaigre).

Je crois que si j’avais eu un objet contondant de volume appréciable à portée de main, il aurait directement volé dans la direction de Keith. J’avais juste envie d’encastrer sa tête dans le mur à cet instant précis. Je détestais me disputer de la sorte, surtout pour une broutille pareille, alors que j’étais presque sûre que j’avais raison, que la réalité me donnait raison. Mais visiblement, il ne voulait encore en faire qu’à sa tête, et me prouver qu’il n’avait pas fait tout ce petit jeu pour rien. J’étais tout de même dubitative.

« Vas-y Charlie, puisque que tu es si intelligente, prouve moi que tu n’as pas fait ça juste pour pouvoir pavaner, à dire que tu as effectivement couché avec une rockstar. Tu réponds quoi à ça ?

- Tu me fais chier.

- Oh, bravo ! applaudit-il. Bel argument, beaucoup de recherche.

- Ferme-la ! assenais-je. Je ne suis pas une vulgaire poupée en plastique avec laquelle on joue, tu m’entends Keith Richards ? Dis-moi franchement, est-ce que tu t’es amusé à jouer avec mes sentiments ? Hein ? C’est vrai à vingt ans on est tellement manipulable, hein ? 

- Je vois que tu as bien pris en compte ce que je t’ai déjà répété cent fois, l’Alzheimer te guette ma pauvre enfant. 

- Arrête ce petit jeu tout de suite.

- Quel jeu ? Tu me parles de jeu ? Je n’ai pas oublié que tu faisais du théâtre, Charlie, qui me dis que depuis deux jours tu ne joues pas un rôle avec moi ?

- Parce que tu crois que cette nuit je jouais le rôle d’une actrice ? Réponds moi franchement, tu penses vraiment que je jouais un rôle ?

- Ne mélange pas tout !

- C’est toi qui me dit ça ? Arrête d’inverser les rôles ! Est-ce que toi tu joues un jeu avec moi ?

- Bon sang Charlie arrête ! Tu parles pour ne rien dire !

- Vraiment ? Tu veux que je te dises quelque chose ? Je te déteste. Je te déteste et en même temps je peux pas m’empêcher de me dire que je devrais me la fermer parce que je suis en train de gâcher tout ce qui s’est créé en quelques heures. Et je sais pas quoi faire, parce que putain, j’ai que vingt ans, et je sais pas ce que ça fait d’aimer quelqu’un ! Tu peux le comprendre ça ? J’ai que vingt ans Keith, je sais pas ce que c’est l’amour, je n’ai fait que le lire dans des putains de bouquins, et tout est tellement différent, j’en ai la preuve désormais. Alors, par pitié, ne dis pas que je joue un rôle, parce, le rôle, je le joue pas, je fais que d’improviser. »

Mes mains tremblaient. Mon corps entier tremblait. J’en avais peut-être trop dit, mais je crois que je m’en fichais pas mal. Je versais toutes les larmes de mon corps à cet instant précis, jamais je n’avais pleuré de la sorte, même lorsque que mes parents m’avaient annoncé que j’étais adoptée. A bout de forces, je me retrouvais par terre, assise contre le mur, un coude appuyé sur un de mes genoux. Keith me regardait, les bras ballants le long du corps, et les yeux brillants. D’un geste rageur, j’arrachais l’élastique qui maintenait mes cheveux en chignon.

Le silence était seulement perturbé par mes sanglots incessants. Je fermais les yeux un instant. Je vis alors le guitariste mettre un pied devant l’autre et attraper la bouteille de Jack Daniels posée sur la console à côté de moi. Il s’en servit un verre et j’entendis le bruit mat de la bouteille qu’on repose sur l’acajou verni. Sans un mot, il s’agenouilla en face de moi, son verre de whisky dans une main et l’autre posée négligemment sur son genou.

Tumbling DiceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant