Elle était là, sous cet arbre, près d'une rivière, à l'attendre comme ces innombrables fois où elle l'avait attendu pour se partager leurs amours interdits, leurs amours de deux races aux coutumes différentes. Elle était là, l'herbe haute caressait ses jambes comportant des motifs tribaux. Son regard perdu dans un passé figé par une flèche en plein course. Iguenamota l'indienne de la tribu des Taïnos, patientait à attendre son bien-aîmé, l'espagnol, l'inconnu, l'homme blanc, le dieu sous les yeux d'un soleil qui allait bientôt rendre l'âme par derrière le palais turquoise de la mer.
"Jamais je ne t'abandonnerai, je t'aime Iguenamota, je te fais la promesse, je ne partirai pas sans toi. Notre amour aura raison de tout".
Iguenamota, repassait cette phrase, elle y parvenait avec délicatesse presque sans effort car celle-ci ne cessait de revenir de temps à autre dans sa mémoire d'adolescente. Elle le rappellait trop son amant, sa voix qui tremblait d'émotion en proférant ces paroles aux résonances profondes et à elle de scruter son visage, le visage de celui qui lui avait fait transgressé tant de règle au sein de son tribu. Il était différent d'elle en tout point, depuis ses cheveux couleur rayon de soleil qui tombe en boucle sur ses épaules jusqu'à son tibia vélu porteur de la même couleur, il se disait appeller Miguel, il était venu avec le cinquième vague c'est-à-dire la cinquième expédition de ces blancs qui ont débarqué pour épuiser leurs réserves à pépites. Iguenamota l'avait tout de suite aimé lorsque cachée par des feuillages qui offraient une vue sans être vu sur la mer, elle l'avait nargué qui mettait les pieds sur le rivage, le visage blême, le teint pâle, la bouche ouverte, le dos courbé tandis qu'il faisait passer tout ce qu'il avait dans le ventre par la bouche. Ça l'avait fait pensé encore une fois que ces blancs n'étaient les dieux qu'ils croyaient. Un dieu est censé être fort, infaillible, doté de grands pouvoirs en ne faisant montre d'aucune faiblesse mais ce jeune espagnol qui avait à peu près son âge vu à sa fraîcheur physique manifestait des symptômes dont la plupart des hijos du tribu manifestaient lorsqu'ils avaient trop forcé sur le manioc.Elle pensait au moment où elle avait vu ce beau jeune homme défaillir sur le rivage, elle l'avait aimé pour avoir eu des faiblesses. Elle avait entamé alors le long périple dans lequel elle négligait ses taches dans la case de sa mère pour espionner l'espagnol qui s'enfermait à longueur de journée derrière une tente en coton sous l'oeil commandeur d'un de ces semblables. Il ne sortait que pour aller prendre son bain d'après-midi dans la rivière qui était à trois jets de pierre de sa tente. Ce fut les moments qu'elle appréciait le plus, où l'espagnol laissait tomber sa carapace argentée qui n'était que la cuirasse de protection et ses accessoires de combats sur l'herbe grasse qui poussait sauvagement sur le limon et mettait sa chair blanche à nue, comme les guerriers Taïnos après une journée de chasse dans la forêt se prélassant sur les rochers, zizi à l'air libre. Elle avait aimé la façon dont l'eau, claire et limpide miroitait sur sa peau crayeuse. Elle avait tout de suite senti une décharge qui avait pulsé les battements de son coeur tel les moments où elle courait avec ses amies après les chèvres du tribu. Sentiment inconnu véhiculé par un homme dont sa race qualifie de dieu vengeur, elle s'en allait toujours en courant ne comprenant pas pourquoi son coeur dérapait de la sorte. Mais la curiosité est l'une des défauts qui infectait les gènes des taïnos, elle avait continué à observer le jeune homme dans son bain tous les après-midis. Et lorsqu'elle rentrait, avant le crépuscule, sa mère la considèrait d'un oeil suspicieux. Peut-être avait-elle l'heure trop rêveuse en pilonnant le petit-mil mais elle se disait qu'un simple regard n'allait pas l'arrêter. Le lendemain, dans l'après midi, elle fut à son poste, tapie sous les hautes herbes comme un félin guettant un proie succulent avec avidité. Il était là et avait répeté les mêmes mouvement habituels. Cuirasses et habits ont rejoint le sol, pour laisser découvrir la chair que les blancs s'échinent à cacher pour rien. Elle était fascinée par son corps sans motif, de ce blanc dont la pudeur dévoilée charriait en elle des désirs qui lui frémirent et fit dresser les oranges qu'elle portait dans la poitrine. Le blanc avait fait quelques brasses en mettant en exergue la robustesse des ses deltoïdes ensuite il s'était arrêté pour laver l'intérieur des ses cuisses. Ce qu'elle vit a fini d'ouvrir les vannes qu'elle essayait de retenir entre ses jambes dont elle commençait à ne pas supporter la chaleur et comme tant d'autres fois, impuissante devant ce sentiment inconnu, elle avait fui cette fois, sans prendre la peine de se mettre à couvert sous les regards interloqués et effrayés de l'homme qui surgissait de l'eau pour recourir à ses armes.
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Amours & Délices
Historia CortaSi vous passez sous les tropiques Et que notre soleil vous bronze Nos négresses vous charment Nos histoires vous exultent Notre cuisine vous comble de saveur Ou vous rend trop porté sur l'assiette. Si vous vous perdez dans les vaguelettes de notre m...