Elle se reveilla soudainement. Il faisait encore noir et on entendait le premier chant des coqs retentir au loin comme un écho fantomatique. Elle se retourna et jeta un coup d'oeil à son téléphone dont l'écran s'affichait 5h30 AM. C'était le début de novembre et un vent matinal s'emgouffra dans la pièce en faisant soupirer les persiennes. On avait a peine ajusté le fuseau horaire mondial et le temps avait encore du mal à s'adapter à ce jeu ridicule. Le chant des coqs se firent entendre de plus en plus, un concert apaisant caractéristique même du climat caraïbéen. Elle essaya de se souvenir de ce qu'elle avait fait la veille. Des lambeaux d'image revenait peu à peu: le travail, la fatigue, le blocus sur l'autoroute et le sexe. Ah oui, sexe. Elle avait fait l'amour hier soir en rentrant. Elle était toujours fascinée par cette sensation qui lui paraissait nouvelle comme à chaque fois, elle aimait ça, elle a même fait des heures supplémentaires hier. C'a toujours été une façon de dégager de chaque centimètre carré de son corps le taux de stress concentré que lui laissait toujours une rude journée de travail. Le sexe a toujours été son seul échappatoire pour fuir les pressions du quotidien, tout, absolument tout se retrouvait balayer dans un raz de marée d'orgasme qui l'élevait doucement vers des sphères infinies pour la replonger dans la réalité glacée le corps ivre et sain, nettoyé par une couche de sueur tandis qu'elle tremblait toujours sous une dernière impulsion. Tout cela se déroulait dans sa chambre, entre elle et sa compagne. Elle était du genre discrete, méticuleuse et sévère.
D'ailleurs n'est-ce pas ces qualités qu'on a vu en elle qui lui ont permis d'accéder à ce poste de ministre de la défense des conditions féminines. Un bon boulot hein, quoique dans un pays moins avancé comme le sien, le concept est encore mal compris et puis ses prédecesseuses n'ont pas su apporter l'éclat que devait avoir l'idée comme il en est le cas dans les contrées internationales. Mais elle s'était donnée la mission de donner un essor favorable au mouvement pendant son mandat. C'est de plus en plus de formation est organisée à travers le pays pour faire connaître aux femmes leurs droits. Ça n'a pas été facile, car c'était déclarer la guerre à des systèmes qui voyaient la femme comme un support ménager pour l'homme. Elle avaient essayé plusieurs attaques des dirigeants religieux qui voyaient en elle la venue de l'Antichrist. On lui avait meme une fois surnommé la femme de Satan, chevauché par un esprit qui veut s'approprier l'âme des fils de Dieu. Mais il a fallu quand même continuer le travail car il fallait que les femmes savent qu'elles pouvaient s'impliquer dans bien des choses utiles au developpement du pays.
C'est pourquoi elle admirait Oprah Winfrey, cette afro-américaine qui est maintenant pressentie comme un potentiel candidat à la présidence des états-unis. Elle arrêta un moment de cogiter. Elle passa une main dans ses cheveux, jeta un regard vers le corps couché de profil à ses côtés, de ses doigts elle suivit le galbe de ses hanches, de sa cuisse poir ensuite revenir aux fesses rebondies qu'elle soupesa doucement dans sa paume. La silhouette bougea doucement. Elle profita pour se rapprocher un peu d'elle, elle huma la bonne odeur de ses cheveux. Elle l'aimait et elle n'avait jamais su qu'elle éprouverait autant d'amour pour une femme, du même sexe qu'elle.
Une autre partie de sa personne qui a suscité pas mal de controverse, qui a fait coulé beaucoup d'encre local, les gens s'en sont pris à elle sur les réseaux sociaux et elle avait vu sa boîte de réception rempli de message désopilant: 《madivin》, 《froti frota》, 《Manman Bouzen》 et tout un lot encore qu'elle a choisi d'oublier. Et la majeure partie de ce beau monde a été des femmes. Ses détracteurs n'ont pas laisser filer pareille oseille, ils s'en sont donné à coeur joie sur sa personne. Elle leur avait répondu par le silence sachant qu'elle avait vu pire dans sa vie. Elle se focalisait sur son travail, rien que son travail.
Elle détestait les hommes. Elle détestait son père. Elle détestait le pénis. Elle détestait les barbes, les corps musclés, la testostérone enfin elle haïssait tout ce qui était masculin.Elle déposa un baiser au creux de l'épaule de son amante. Puis elle se leva, passant un drap sur le coprs pour cacher sa nudité, elle se dirigea vers la galerie une poche de cigarette en main. C'est ainsi qu'elle parvenait à chasser la torpeur lorsque les démons de son adolescence revenait la hanter, elle embrumait son cerveau de fumée toxique et en écoutant son coeur battre avec rage dans sa cage thoracique. Mais ses yeux tombèrent sur la cicatrice macabre qui était à la base de ses poignets. Et l'image de son père revenait en boucle. Son visage de pierre, sa barbe hisurte, sa force herculéenne, ses yeux enfoncés tel un vautour. L'image du vrai Satan. Le démon fait homme.
C'était un homme qui a toujours été insatisfait de la vie qu'il a eu. Il était toujours de mauvaise humeur et rendait l"atmosphère de la maison execrable. Il se plaignait tout le temps de son échec, de ses rêves noyés, de son futur perdu à cause d'un enfant qui n'aurait pas du être. Son père les rendait responsable de son sort et battait sa mère quand bon le semble. Elle n'avait presque jamais connu le visage de sa mère sans qu'il n'y ait une boursouflure, l'oeuvre des mains de son père. Son père et elle ont été deux adolescents en chaleur qui ont expérimenté le plaisir charnel sans se préocuper d'enfiler un condom et très vite ils avaient pu rendre compte de leurs énormes bêtises. Son père a fini avec sa mère dans un taudis, celui-ci sans travail, fumait, jouait au hasard, sentait le poulailler ayant passé trop de temps dans les gaguères et lorsqu'il rentrait frappait violemment sa mère avant de lui donner de quoi préparer à manger. Le diable avait été dans son enfance et elle a failli mourir. Il avait beaucoup bu ce jour-là, la première fois depuis longtemps, il est rentré en se plaignant de son sort, son éternel crédo de raté lorsque ses yeux se sont tombés sur elle. Il avait pris un rasoir et s'était précipité sur elle, en essayant de lui trancher les veines du poignet. Si ce n'était sa mère qui est venu à temps pour fracasser son crâne d'un coup de meule, elle ne serait jamais parvenue à cette place où elle est en ce moment même.
Avant de lui envoyer vers un autre membre de la famille, pour s'assurer de sa protection, elle s'était souvenue de ce que sa mère l'avait dit: "Sois une femme, pas une femme pour une femme, pas une femme comme moi, sois une femme comme l'est toute la complexité du mot, comme l'est toute la beauté de l'être, ne baisse jamais le regard, sois le maitre de ton destin, instruis toi, agis, combat, c'est ainsi qu'on obtient le respect. Je t'aime ma fille."
Des mots qui l'ont tenu sur le parcours de la vie et sa vie à elle n'a pas été une vie de Melrose Place, ça a eu des hauts et des bas, des humiliations, des moments de doutes, mais jamais elle n'avait oublié ces mots: "instruis-toi, agis, combat". C'est pourquoi elle avait fait des ces paroles le crédo de sa politique au sein du ministère quoiqu'elle savait très bien le féminisme qu'elle pronait n'était qu'une sorte de renversement de la situation. Il fallait oser, battre les hommes à leurs propres jeux et leur insuffler ce respect qui a passé tant de millénaires à allaiter un enfant, à s'occuper du foyer ou encore servir de terre pour la semence des hommes.
Empêtré dans ses souvenirs incommode, elle n'avait pas vu le jour qui s'était pointé en avance sur le premier rayon de soleil. Elle habitait les hauteurs et avait une belle vue sur la vie qui se tramait dans les vénelles en bas. Ces vénelles qui grouillaient déjà de monde à la recherche de la vie et la majorité était des femmes, des combattantes qui s'étaient lancée dans un rixe avec la décrépitude. Elle pensait déjà au 8 mars de l'an prochain, elle voulait faire différemment les choses. Elle bascula sa tête en arrière et laissa échapper une longue fumée cancérigène et c'est à cet instant qu'elle vit son amante qui la contemplait en silence.
-Je parie que tu t'es encore mise à ressasser ton passé.
-On ne peut l'oublier complètement, c'est la chose la plus capricieuse que j'ai eu la chance de rencontrer. Ca part et ca revient et on n'y peut rien.
-Et en plus tu fumes. Je croyais qu'on t'avait dit d'arrêter. Est-ce que tu t'es déjà imaginée ma vie sans toi, madame la ministre?Elle eut un haussement d'épaule et lui fit signe de l'approcher. Quand elle fut près d'elle, elle la fit asseoir sur ses cuisses. -Ah, Ariana que ferais-je sans toi, tu m'es cette goutte d'eau venue rafraîchir mon enfer. Je t'aime tellement.
Elle déposa un baiser sur ses levres et la fit rentrer. Son alarme sonna 6h pile. Elle se leva, s'étira. Regarda vers l'horizon et doucement répéta ces phrases: "Je suis la maîtresse de mon destin, je suis une combattante, j'ai la reussite comme seconde nature et je peux obtenir tout ce que je veux par la force de ma volonté." Puis, elle rentra prendre une douche.
La journée allait être remplie pour Madame
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Amours & Délices
Historia CortaSi vous passez sous les tropiques Et que notre soleil vous bronze Nos négresses vous charment Nos histoires vous exultent Notre cuisine vous comble de saveur Ou vous rend trop porté sur l'assiette. Si vous vous perdez dans les vaguelettes de notre m...