Chapitre 5

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Salam Aleykoum, bonne lecture ))

À peine ai-je eu le temps de me rendormir, qu'à l'entente de ces hurlements mon cœur m'a littéralement lâché. En une fraction de seconde ma respiration s'est coupée, et il ne m'en a pas fallut plus pour comprendre. En effet, un de mes frères ou peut-être même les deux allaient me quitter. Mais qu'était-ce ces hurlements ?

... *dans le couloir à l'entrée*: POLICE POLICE A TERRE ! J'AI DIS METTEZ VOUS A TERRE !
...: NIQUE TA MERE SAL FILS DE PUTE LÂCHE MOI LÂCHE MOI JE VAIS T'ENCULER TA GRAND-MÈRE LÂCHE MOI !!

Ça y est. C'est arrivé. Et je sentais pertinemment que ce n'était pas juste une perquisition comme nous en avions l'habitude car cette fois-ci, l'horloge affichait très exactement 6:02, l'heure de la mort pour nos frères, l'heure où ont lieues les arrestations des moins anodines, celles qui sont irréversibles.

Je n'ai même pas eu le temps de courir hors de ma chambre qu'au moment où je m'apprêtais à ouvrir ma porte, une lumière blanche m'éblouit totalement la vue. Une lumière sortant d'une arme, je ne sais pas sûrement d'un HK G36, en tout cas c'était une grosse arme.

Un policier cagoulé: A TERRE TOI AUSSI MET TOI A TERRE ! MAINS SUR LA TÊTE !
Un de mes frères je ne sais pas lequel: TOUCHES PAS À MA SŒUR TOI TOUCHES-LA PAS ! PERSONNE LA TOUCHE !!!

Rien qu'à travers cette voix je sentais la colère, la haine, mais surtout la peine, la tristesse. Comment voulez-vous que nos frères et pères considèrent ces hommes quand ils sont spectateurs de ce qu'ils infligent à leur famille, bien que ce soit de leur faute ? Voir sa sœur se mettre à terre, terrorisée, sous l'ordre d'un homme armé est-ce plaisant ? Mais n'est-ce pas aussi un moyen de s'en vouloir, de regretter ? Car dans la vie rien n'arrive sans rien.

J'étais donc au sol, une arme pointée sur moi, seulement âgée de 14ans, à 6heures du matin. Sympathique comme réveil n'est-ce pas ?
J'étais complètement tétanisée, traumatisée, mes larmes coulaient à flot, de peur, mais aussi de tristesse car mes frères allaient me quitter pour une durée encore indéterminée. Mais je remercie Dieu car à ce moment là ma mère n'était pas présente, elle avait été appelée d'urgence dans la nuit par son travail à l'hôpital. Elle a été épargnée de ce moment où ces hommes vêtus entièrement de noir ont complètement retournés notre appartement de fond en comble, jusqu'au moindre recoin. De ce moment où ses fils se battaient avec ces hommes, larmes aux yeux, les lèvres déjà légèrement gonflées. De ce moment où sa fille, en sanglot, se trouvait à terre cherchant refuge auprès de sa maman criant "maman ! maman !"

Badr *dans une autre pièce*: Hana pleure pas princesse elle est pas là maman
Moi *en sanglot*: Mais elle est où ??
Lui: Elle arrive t'inquiètes pas

Ne pas m'inquiéter ? Alors que je suis enfermée dans ma chambre avec un homme qui a toujours son arme pointée sur moi ? Alors que j'entends toujours mes frères hurler sur ces hommes ? Et que je suis seule, sans ma mère ? C'est un peu trop demander non ?
Mais je ne leur en voulait pas encore à ce moment là, j'étais bien trop effrayée.

Les policiers ont donc procédés à la perquisition, mais une perquisition d'une violence extrême. Tout ce qui leur passait sous la main ils le jetait en l'air. On pourrait croire qu'ils Y prenaient du plaisir. Même mon placard que je venais de ranger quelques jours auparavant. Ils ont prit tous mes habits et les ont tous jeter à terre en prenant bien soin de tous les déplier voir même de les froisser pour certains. C'est vrai c'est courant que ce soit la petite sœur qui cache de la drogue ou bien encore des armes dans ses sous-vêtements tiens.

Moi *j'avais arrêté de pleurer mais j'avais toujours des sanglots*: Y a rien ici tu cherches quoi !
Le policier: Fermes la si tu veux pas qu'on te menotte toi aussi.

Abasourdie. Et encore ce mot est bien trop faible. Je n'ai même pas eu le temps de réagir que j'entendais déjà mon frère Hassan hurler, se débattre, et arriver dans ma chambre menotté, avec trois hommes qui essayaient de le retenir.

Hassan: TOUCHES LA PAS JE T'AI DIS LA MECQUE Y A PERSONNE QUI LUI MET DES MENOTTES ELLE A 14 ANS TOUCHEZ LA PAS !!!
Badr pas loin: LE CORAN D'ALLAH Y EN A UN DE VOS FILS DE PUTE QUI LA TOUCHE DES QUE JE SORS JE LUI SÉQUESTRE TOUTE SA FAMILLE !!

De là une femme policière m'a demandé de venir avec elle, nous sommes allés dans la chambre de ma mère, en traversant donc mon appartement. Je n'avais pas les mots, je ne reconnaissais pas mon propre chez moi tant c'était sans dessus dessous. Les meubles étaient complètement renversés, les tableaux à terre, les objets cassés, même le canapé n'était plus à sa place. La chambre de ma mère elle, était la seule pièce qu'ils n'ont pas touchée car ils n'en n'avaient le droit.

Assise sur le lit de ma maman, je fixais le sol, les yeux rouges, toujours un policier pour me surveiller. Je ne saurai vous dire à quoi je pensais à ce moment là mais j'étais complètement absente. Mon corps était présent mais tout était abstrait.
Jusqu'à ce que j'entende "fais moi un bisou". Je lève alors les yeux et voit mon frère Hassan, menotté, un policier qui le tient par derrière, se diriger vers moi. Ni une ni deux j'ai couru dans ses bras. Mais ce moment a été de court instant car j'ai à peine su entendre un petit "pardonnes-moi" que brusquement il a été tiré par l'arrière.

Policier: C'est bon.
Hass: Comment ça c'est bon j'ai même pas le temps de lui faire un bisou tu te fou de ma geule ??!

Cette sensation d'arrachement. On venait de m'arracher mon frère comme si on m'arrachait mon cœur. Et je l'ai regardé, droit dans les yeux, s'en aller dans une autre pièce. Ce regard qu'il me faisait à ce moment là wAllahi, vous qui me lisez, que je ne l'oublierai jamais, et qu'il a fait redoubler mes pleurs qui avaient cessés auparavant.

C'est donc ça la justice française ? Je ne remet pas en cause le travail qu'ils font avec bravoure dans la vie de tous les jours, mais soyons honnêtes, ils manquent souvent d'humanité et certains ne méritent pas notre respect. Ce n'est que mon point de vu.

Un policier: Bon la maman arrive, on peut les embarquer c'est bon.
Moi: Badr ! Badr ! Attendez je lui ai pas dis au revoir !
Badr de loin: Je t'aime princesse je reviens bientôt t'inquiètes pas

Je n'ai même pas pu lui dire au revoir, le policier qui me surveillait ne m'a pas laissé sortir de la chambre.

C'est seulement quelques minutes plus tard que j'entendais ma mère dans les escaliers du hall crier, pleurer, se lamenter, invoquer Allah pour nous aider à surmonter cette épreuve.



Voilà, c'est la dernière fois que j'avais vu Hassan avant 1mois et demi. Il a été transféré dans une grande maison d'arrêt française à environ 1heure 30 de chez moi. Badr, lui, a pu al hamduliLlah sortir de garde à vue le lendemain.

Le calvaire ne faisait que de commencer. C'est à partir de ce jour que les problèmes se sont enchaînés un par un et que notre vie allait prendre un sacré tournant.



« Mon cœur en témoigne, suis-je l'accusée ? »

Ce jour là, nous avons tous été accusés.

« Mon cœur en témoigne, suis-je l'accusée ? »  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant