« Parce que la mort nous en a trop pris, si c'est un jeu elle triche...»
Elle le savait, elle s'y attendait. On l'avait prévenue et elle avait eu un pressentiment.
Elle venait de revenir. "Viens au salon ma chérie, c'est important." Elle savait ce qui l'attendait, pourtant elle essayait de se convaincre qu'on lui annoncerait une bonne nouvelle.
Mais elle avait eu raison. Il était partit la veille.
Elle s'était demandé comment elle réagirait, maintenant elle le savait. Les larmes ne vinrent pas, enfin pas immédiatement du moins. Ses tripes commençaient à se tordre dans tous les sens. Une boule se créa dans sa gorge.
Jusque-là elle avait réussi à parler mais quand elle essaya de poser cette ultime question, des torrents de larmes se mirent à dévaler sur ses joues. Un flot de pleures silencieux l'emportèrent. Mais quel était ce poids sur sa poitrine qui l'empêchait d'expirer et de se calmer ?
« Pourquoi craint-on la mort quand on croit au paradis, pourquoi pleure-t-on encore quand un proche est parti? »
Elle se leva prendre un mouchoir. Son père pleurait aussi. Ce fut le drame lorsqu'elle l'aperçut.
Comment résister à cette souffrance qui vous tiraille les entrailles ?
Comment surmonter la douleur que les êtres restés sur terre ressentent ?
Comment continuer de vivre sans jamais ne plus revoir l'être l'aimé ?
Parce que le temps ne s'arrête pas, et que nous ne sommes pas partis. Parce que nous n'avons pas encore fait notre temps. Parce ce que
Le temps guérit les blessures.
Non. Il les panse juste et ces blessures se rouvrent quand la vie le décide.
Tu n'as pas souffert, tu as eu une belle vie. Simple mais bien remplie. Pauvre mais heureuse. Tu te contentais des petits plaisirs de la vie.
Tu as eu de la chance d'avoir une femme géniale, un merveilleux fils, et de connaître les petits-enfants qu'il t'a donné.
Où es-tu maintenant ? Es-tu dans un paradis ? T'es tu réincarné en plante ou en animal ? Ou n'es-tu simplement...nulle part ?
Je ne crois pas en la vie après la mort, non. Mais je t'imagine quand même sur ton petit nuage là haut. Tu es vieux (bien sûr c'est comme cela que je t'ai connu). Tu es allongé, tu souris et mange à ta faim et bien évidemment tu veilles sur nous, ceux qui sont restés.
Je ne te l'ai probablement jamais dit, trop pudique pour ça, mais c'est bête parce que je regrette un peu maintenant. Tu le savais mais je ressens quand même de coucher ces trois mots sur le papier.
JE T'AIME.
Pour toujours dans mon cœur.
4 février 1931 - 20 juillet 2016