Ténèbres

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J'ai besoin de parler. Il faut que je parle. Tout ne peut pas rester en moi, tout ne doit pas s'agglutiner en ténèbres me rongeant de l'intérieur. Il faut que je laisse échapper ces mots si lourd sur ma poitrine, ces parasites à mon bonheur ou quelconques raison de vivre.

J'ai besoin que quelqu'un m'écoute. M'écoute sans me répondre. Encaisse ce que je ne peux pas garder. J'ai besoin de me sentir écouter pour être sûre que ces monstres ne fassent pas que s'envoler, se balader quelques instants pour ensuite revenir à leurs nids douillets préférés ; mon esprit, mes pensées, mon cœur ma poitrine.

J'ai besoin de sentir une présence. Besoin de sentir que je ne suis pas abandonnée, sentir qu'il y a encore quelqu'un, peut-être, qui m'aime.

Mais mes ténèbres me rongent bel et bien de l'intérieur. Mes ténèbres ne veulent pas me laisser de répis. Elles aspirent chaque grain de joie pour me faire oublier ce que c'est que le bonheur. Elles pèsent sur mes poumons, m'empêchent d'inspirer et d'expirer la vie. Elles prennent possession de tout mon être de mon âme et m'efface peu à peu de cette Terre. De cette vie. Elles jouent la comédie me convaincant à quelques moments que je n'ai pas besoin d'aide, pour pouvoir me torturer de nouveau, pour ne pas me briser complètement, d'un coup et faire durer le plaisir de cette douce agonie. Mes ténèbres m'obscèdent et me condamne à survivre, comme un robot, avant la fin, en attendant qu'elle trouve meilleure victime. J'attends qu'elles m'engouffrent  complètement comme un corps résigné. J'attends simplement, sans penser, en encaissant.
Elles me posséderont, ou peut-être m'abandonneront dans cette société qui ne cherche pas à aider, ranimer, retrouver ces âmes perdues. Ces ténèbres m'accompagnent en permanence, cauchemars comme réalité. Elles sont toujours là à mes côtes.

Toujours.

Pourtant souvent...

Je me sens seule.

Recueil De L'imaginaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant