Chapitre Deux

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Je me sens comme revivre, revenir à moi même. Mes yeux s'ouvrirent avec hâte l'un après l'autre. Mais, il faisait toujours aussi noir : la pièce était plongé dans l'obscurité la plus totale. Étant assise contre un mur, je me suis aidé de ce dernier pour me relever. Mes membres, atrocement douloureux, eurent beaucoup de mal à me répondre. La salle était froide, du gel était formé sur les quatre murs de la pièce. Mes cheveux étaient cassants, mes doigts bleus et ma respiration saccagée : c'était un miracle de me savoir encore en vie ! Mes prunelles parcoururent la pièce dans l'espoir d'apercevoir un semblant de luminosité. Ma voix, affaiblis par la maladie sous-jacente et par ma faiblesse, tentait vainement d'appeler un sauveteur inconnu. Malheureusement, aucuns sons ne sortit de ma bouche. Mes lèvres dansaient sans accompagnement, laissant une épaisse fumée s'échapper à chaque articulations. Elles tremblaient, faisant claquer mes dents sans que je puisse les contrôler.
Après une bonne dizaine de minutes, mes jambes purent enfin me soulever, portant valeureusement tout mon poids. À vitesse incroyablement lente, petits pas par petits pas, mes mains effleuraient le mur dénudé de meubles. Elles cherchaient habilement un indice, où une simple poignée de porte pour pouvoir sortir. Le gel ne permettait pas à mes mains endoloris de douleur par le froid de distinguer correctement le peu d'objets que pouvait nous offrir cette pièce. Puis, ma main agrippa accidentellement une poignée. J'ai appuyé dessus, avec le restant de mes forces. Le gel sur la porte craquela avant de tomber dans un désagréable fracas. La porte s'ouvrit en grand, laissant la lumière manger l'obscurité. Mes yeux me piquèrent et commencèrent à pleurer, j'eus à les fermer un petit moment avant de les ouvrir de nouveau pour les habituer à ce changement de luminosité. Une grosse vague de chaleur vint redonner de la couleur à mon visage en sortant de la pièce. C'était plaisant d'être sortie. Je me suis retournée, difficilement, et mes yeux ont refusés de cligner devant une telle scène. L'hôpital était devenue une réelle ruine, la plupart des murs s'étaient effondrés. Tout avait semblé avoir souffert. D'ailleurs, il n'y avait aucuns survivants, je semblais être la seule. Plusieurs cadavres jonchaient le sol, sous mes pieds. Ils étaient dans un état de putréfaction avancé, certains n'avaient que les os et des blouses blanches, troués. Je suis tombée à genoux près d'un ancien médecin, essayant d'en connaître d'avantage sur la cause de leurs décès. Je suffoquais. L'air n'était pas respirable. Mon corps s'est écroulé près de celui du médecin : par chance, il avait un masque à gaz !
"- Je... Je suis désolée. "
Le crâne s'était décroché quand j'eus essayés d'enlever le masque. Cette vision m'en donna la nausée. Puis avec hâte, je mis le masque et respira quelques bouffées d'air à grands poumons.
"Je ne devrais pas rester ici" me dis-je à moi même. Sans attendre d'avantage, je me suis relevé et me suis dirigé vers le front. Il était situé qu'à une centaine de mètres de l'hôpital. Owen pourrait enfin me dire ce qu'il se passe...

À mon arrivée sur le front, mes jambes ne me supportèrent plus, et je me suis de nouveau écrouler. Cette fois-ci, elles refusaient catégoriquement de me lever à nouveau. Je ne pus qu'observer l'atrocité que m'offrait cette vue. Partout... Partout des cadavres. Le sol n'était plus plat, et de profondes failles avaient éventrées le sol ici et là. Il n'y avait plus d'herbes, et des troncs d'arbres morts servaient de passerelles entre deux morceaux de terres.
J'avais faim, soif, et j'étais extrêmement fatigué. Je suis resté sur le sol, épuisé.
Au loin, un chien aboyait et venait vers moi. Derrière lui, une troupe d'homme. Un rictus anima mes lèvres. Quelqu'un venait me sauver de ce cauchemar, enfin...
Quand enfin ils furent à mon niveau, j'essayais de me relever, en vain. Les hommes, qui étrangement ne portaient aucun masques, se regardaient tour à tour. Celui du fond -qui semblait être le chef, respecté de tous- s'approcha de moi et donna des ordres à ses camarades.
"- Les gars, c'est une bleue. Elle a l'air mal en point, on l'amène à Boston.
Celui qui semblait être le plus musclé me prit dans ses bras, comme un vulgaire petit bambin. Le chef marcha à côté de moi, pour tenter de me souscrire des informations. Après quelques minutes, il comprit que je ne pouvais répliquer, avec mon masque. Il jeta un coup d'œil à ma combinaison d'hôpital bleue et plus précisément au chiffre qui était accroché sur ma poitrine, mon ancien numéro de patiente.
- Bien, numéro 482. Je m'appelle Jaime, et nous te ramenons à Boston, parmi les chevaliers. "
Des chevaliers à Boston ? C'était ridicule ! Boston était une ville riche avec de hautes tours, et d'imposants monuments historiques. Par conséquent, la ville avait besoin d'instaurer la justice via les forces de l'ordre. Les chevaliers avaient mauvaises réputations de campagnard, mais possédaient de grands atouts pour les guerres. A vrai dire, personne n'en avait vraiment vu. Ils sont peu nombreux, et pacifistes.

Mon arrivée dans Boston dans les bras du grand gaillard ne se passa pas comme je l'aurai souhaité. La ville, anciennement merveilleuse, était elle aussi détruite à néant. Nous marchions parmi les décombres de buildings, de maisons, de végétations. Tout était plongé dans un silence alourdissant. Seul nos pas résonnaient les uns après les autres. Le ciel était un mélange de noir et de jaune. Tout était horrible.
L'Homme me déposa dans une semblant de maison rafistolée, faite à partir de bois et de tissus. Il me mit sur un matelas en piteux état, j'avais à éviter les ressors qui aux moindres de mes mouvements jaillissait hors du tissus. Jaime m'enleva le masque, et à mon étonnement, je pouvais respirer ici.
"- Où suis-je ? Demandais-je, comme paniqué.
- A Boston, parmi les chevaliers. C'est la plus belle ville du pays, pas mal nan ? N'ayez crainte, il vous arrivera rien ici. Oh, ton nom miss 482 ?
- Alyah. Alyah Froon.
- Tu sais, Alyah, je te conseille de rester ici un p'tit moment. C'est pour ta sécurité.
-Qu'est-il arrivé à la ville ? Pourquoi n'êtes vous pas sur le front d'hôpital, à donner vos vies dans cette guerre ? M'empressais-je de demander.
Jaime regarda ses camarades avec un sourire au coin des lèvres. La seconde d'après, tous rirent aux éclats. Quelque part, cela faisait du bien de voir de la bonne humeur en temps de guerre. Mais leurs réactions ne firent qu'amplifier mes craintes.
- Eh bien ma petite dame, peut être parce que cela fait deux siècles que nous avons perdu la guerre. "

482Où les histoires vivent. Découvrez maintenant