Chapitre Cinq

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- Baissez-vous !

Plusieurs voix au loin nous crièrent cet ordre. Sans vraiment réfléchir, nous avons plongé sur le sol, à plat ventre. La bête n'eut aucun mal à nous rattraper. Rapidement, le Yao se dressa sur ses pâtes arrière et entama un profond grognement. Ses pattes avants se balançaient de chaque côtés, manquant de nous arracher la tête en retombant lourdement sur le sol.

- Les gars, tirez !

À ce nouvel ordre, d'éphémères lumières se produisirent suivit d'une dérangeante cacophonie. Les balles, par dizaines, transperçait et déchirait la peau de l'animal en lui arrachant quelques râles d'agonie. Une balle argenté vint à transpercer son œil droit, qui gicla sur nos masques, pour se loger dans ce qui semblait être son cerveau. Nos lumières frontales éclairaient ce massacre, nos yeux étaient rivés sur la bête qui à présent baignait dans son propre sang. Les pas d'hommes se rapprochèrent rapidement vers nous. Ils nous tendaient une main chaleureuse, que je pris avec grand plaisir pour me relever de cette flaque sanglante.

- Eh ben, on a cru avec les gars qu'il vous avait bouffé.
Un vieil homme se présenta à nous, ces mots réconfortants à la bouche. Il nous regarda tour à tour et s'approcha de Jaime avant de lui jeter un grand couteau.
- Et l'grand, viens nous aidez à couper c'truc pour bouffer.
Jaime acquiesça et prit le couteau confortablement dans la paume de sa main. C'était une façon pour lui d'être redevable à nos sauveteurs.
- Oh fillette, éclaire donc par la.
Les hommes possédaient de faibles lampes torches accrochés à leurs baïonnettes, et j'ai à mon tour accepté de les éclairer. J'ai pris sur moi même et ai regardé la scène avec effroi et dégoût. Les hommes découpèrent les membres de l'animal un à un. On pouvait ouïr les os se briser, et la chair se déchirer. Une forte odeur métallique vint horrifier mon odorat, et j'eus dû fermer les yeux pour me ressaisir. Des dizaines de minutes passèrent, ou même plusieurs heures. Les hommes portaient chacun un épais bout de viande, et le vieux portait la peau de l'animal. J'ai de nouveau jeté un coup œil au Yao, il ne restait plus que son imposante carcasse.
Jaime s'approcha de moi, tâché de sang de la tête aux pieds.
- Nous devrions passer la nuit chez eux.
J'étais d'accord avec Jaime, j'avais aucunes envies particulières à être de nouveau face à un monstre de nuit. La nuit était très dangereuse dans le Commonwealth, et le jour redoutable. Il était préférable de rester dans des bâtiments sûrs le plus souvent possible, même si cela pouvait retarder mon but principal.
Nous avons de nouveau marché, mais cette fois-ci aux côtés d'hommes, à qui nous ne connaissons rien. Notre route fut particulièrement courte, et étrangement agréable après nos courtes péripéties. Nous arrivâmes devant une ferme, ou du moins ce qui ressemblait à une ferme. Comme chaque bâtiment de la région, les murs étaient effrités et verdâtres. Le grillage autour d'un semblant de jardin et de pousses était au sol, complètement détruit. Le toit avait d'énormes trous et ne protégeait plus grand chose contre les pluies acides. Devant la porte centrale, un feu cuisait la viande que l'on venait de ramener dans de simples barils. Plusieurs hommes et femmes arrêtèrent de travailler leurs terres pour nous regarder froidement. Apparemment, nous n'étions pas vraiment les bienvenues.

/ La ferme d'Odo \

D'après Jaime, nous étions à la ferme d'Odo, une ferme devenu célèbre pour son meilleur élevage de bœufs. Il était vrai que les bœufs étaient impressionnants, surtout pour une personne comme moi. Le bétail avait deux têtes, et une dizaine de pies. Par conséquent, il était bien plus grand et imposant que ce que je connaissais à mon époque. Les tâches noires avaient laissées leurs place à une peau épaisse et violacé. Ils n'étaient pas très beau à voir. Mais de part leur déformation physique, ils produisaient plus, ce qui était un bon point.
Nous sommes rentrés à l'intérieur du bâtiment principal, qui était recouvert de paille. C'était grand, mais particulièrement mal odorant. Des volatiles en tout genre partageaient la pièce avec les Hommes. Certains dormaient à même le sol, sur l'épaisse couche noirâtre de paille. Une douce petite mélodie adoucissait l'aspect brut du dortoir de fortune qu'offrait la ferme d'Odo. Je n'eus aucun mal à reconnaître le fragment de musique. C'était une musique mondialement connu que j'affectionnais énormément, c'était Canon de pachelbel. Le refrain, si on pouvait appeler ça un refrain, passait en boucle et était de temps à autre entrecoupé par les lourds ronflements des campagnards.
Je me suis retourné vers Jaime, pour discuter avec lui de ce court instant de bonheur auditif. À ma plus grande déception, celui-ci était couché sur le sol, emporté dans les bras de Morphée. Il dormait, un sourire aux lèvres l'air heureux. Son sourire était si pur et si réel qu'il me réchauffa le coeur, oubliant le fait que mes vêtements baignaient complètement dans le sang d'animal mutant. N'ayant pas sommeil, j'allais devoir trouver une occupation seule.

J'ai décidé de partir vers l'endroit où émanait la musique. La ferme était, sans menteur, d'une grandeur spectaculaire. L'intérieur de cette ferme délabré devait sans aucuns problèmes être aussi grand qu'un terrain de football. J'ai enlevé délicatement mon masque et l'ai attaché via un petit attache sur ma ceinture. Je me laissais guider par mes oreilles, pas après pas. Après quelques secondes, j'ai quitté le salon principal laissant les dormeurs et Jaime derrière moi. Un restant de cuisine s'offrit à moi. Elle était assez grande, et de nombreux robots ménagers délabrés jonchaient le sol, rouillés. Il n'y avait rien d'intéressant dans cette pièce, ni même de la nourriture ou de l'eau potable. Cependant, un escalier semblait se cacher derrière quelques cageots vides. Je me suis approchée de cet escalier, et ai poussé les cageots les laissant s'écraser avec fracas sur le sol. Certains cafards, étrangement physiquement fidèle à l'apparence d'un cafard, en profitèrent pour s'échapper dans l'espoir d'avoir une vie prolongé. Mon regard se posa alors sur l'escalier particulièrement imposant. Il était poussiéreux et vieillot, mais ne semblait pas en mauvais état, une chance dans cette ferme. Sans attendre d'avantage, j'ai monté l'escalier marches après marches, pas après pas. L'escalier de bois grinçait désagréablement sous mon poids. Mais, la mélodie devenait de plus en plus audible. Elle était proche ! J'ai enjambé les deux dernières marches avant de m'engouffrer dans une nouvelle pièce, plongée totalement dans le noir. Mes mains ont parcourus mon corps avant de s'arrêter sur mes hanches, allumant la lampe frontale du masque dans le but de créer de la lumière. La lumière éclaira une infime partie de la pièce, et je pus facilement deviner que cette dernière se situait juste au dessus du salon principale, étant quasiment de même superficie. Le sol était éventré, et une faible lumière se faufilait entre les épaisses planches de bois. Il n'y avait pas de toit, comme je l'avais remarqué dehors. Au fond de cette même pièce, une longue silhouette se tenait en face d'un piano à queue, et semblait jouer pour les étoiles. La lune, quant à elle, restait admiratrice du pianiste.

Excusez moi pour les fautes ( peu soient elles ), mon correcteur est plutôt coriace, et ma flemme de les corriger grandissante.

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