Chapitre Quatre

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Le lendemain matin, après avoir suffisamment mangé et dormis, j'ai pris un sac, apparemment rafistolé de nombreuses fois de tissus différents, en prenant soin de regarder si ce dernier était étanche et sans trous. Cela aurait été malheureux de perdre tout ce que j'aurai auparavant ramassé. Rapidement, j'ai récupéré ce qu'il me semblait être important pour ma survie. Des gâteaux secs, quelques rares bouteilles d'eau potable, un petit couteau rouillé et usé par le temps et l'utilisation, des munitions, et un pistolet de 10mm qui semblait être fait maison.
Déterminé comme jamais, je m'apprêtais à passer la porte dans la ferme attention d'en connaître un peu plus sur mon passé. Il fallait que je cesse de vivre dans l'ignorance et que, une bonne fois pour toute, je prenne mon avenir en main. Il fallait que je rende la justice.

- Où vas-tu comme ça ?
C'était Jaime, qui encore une fois m'avait barré le chemin. Il s'était adossé à la porte principale, les bras croisés. Il avait un air sérieux, ce qui creusait un peu plus ses profondes cernes, qui nous laissaient imaginer la nuit mouvementé qu'il avait dû passer. Ses cheveux bruns s'étaient dressés en épis, et ses vêtements tombaient quasiment, mal placés qu'ils étaient. En conclusion, il venait de sortir du lit.
- Merci pour l'accueil, pousses toi maintenant.
Mon ton était ferme, mais ma personne pas assez impressionnante pour qu'il puisse se pousser du pas de la porte. J'ai donc essayé de le pousser à bras nus, sans succès. Je faisais un petit mètre soixante-deux pour quarante sept kilos, il était peu probable que je bouge une personne d'un mètre quatre-vingt-dix et de quatre-vingt-dix-sept kilos. Jaime bailla avant de reprendre.
- Je te laisse passer à une seule condition, je viens avec toi. Les terres sont dangereuses, et toi particulièrement faible et maladroite.
J'ai longuement soupiré avant d'hocher la tête, acceptant sa requête. Il y avait du bon dans cette décision. Si Jaime devenait mon compagnon de voyage, ma survie allait sans aucuns doutes décupler. Mais, je n'oubliais pas que Jaime était un vrai expert en matière des terres désolées. Étant né dans ce que j'appelais le nouveau monde, il devait connaître les environs mieux que quiconque, mieux que moi. Et il y avait de grandes chances pour qu'il connaisse des astuces pour venir à bout des monstres naissants du Commonwealth.
Son visage se radoucit, et laissa place à un sourire, un réel sourire. Il semblait heureux, et cette gaieté me fit chaud au coeur. Sans me faire attendre d'avantage, il attrapa à son tour un sac qui semblait, par rapport au miens, déjà fin prêt. Son sac était bien plus imposants et plus grand que le miens, mais semblait également plus lourd. J'ignorais totalement la contenance de ce sac, mais la curiosité ne m'en démangea pas. Jaime courut à l'autre bout de la pièce en bois et prit à l'aide de ses doigts écorchés un fusil de chasse. C'était un beau fusil, flambant neuf. Il brillait et semblait refléter la fierté qu'avait Jaime en utilisant l'arme à feu.

Fin prêts, nous décidâmes de partir. Tels deux aventuriers arpentants les rues abandonnées de Boston, nous marchâmes parmi les débris de pierres et de fers. Nos masques, si précieux soient ils, nous permettaient de respirer l'air pur d'antan. J'eus dû attacher mes longs cheveux auburn en un épais chignon au dessus de la tête pour éviter que certaines mèches rebelles vinrent s'interposer entre le masque et mon visage. Ainsi vêtue de la sorte, notre humanité se perdait. Seul la qualité de notre peau nous distinguait des goules ou autres atrocités que protégeaient dame nature. Dans certains rares récits, ces créatures étaient comparés aux protecteurs de notre planète, aux enfants mêmes de dame nature. Ils ont donc acquis dans les contrées japonaises l'égocentrique nom d'Eradiqueurs de pollution. La science actuelle nous a pourtant démontré qu'ils furent victimes eux même de la pollution, et vivait malgré eux en se nourrissant de chair fraîche depuis deux siècle maintenant. Mais les goules, redoutables prédateurs, n'arrivaient pourtant pas à la cheville des Écorcheurs, de véritables Demons des Enfers. Personne n'eut survécut à un écorcheur pour pouvoir savoir à ce qu'il ressemble. La seule chose qu'il faut espérer, c'est de ne jamais tomber nez à nez avec cette chose.

Jaime, qui marchait à côté de moi, me racontait toutes ses anecdotes avec un grand sourire aux lèvres. Je le regardais avec un petit air de dégoût, que j'essayais tant bien que mal à cacher pour ne point le vexer. Dans mon temps, il aurait finit boucher ou tueur en série. Mais bon, "tout le monde" était comme ça paraît-il. La vie était-elle donc si triste maintenant ? Je ne pensais pas. Certes la faune et la flore avait souffert depuis les bombes atomiques. Les animaux avaient mutés, les arbres ne poussaient quasiment plus, et chaque fleurs poussaient dénudées de couleurs, blanchâtres. Mais la foi et l'humanité demeuraient présente dans chacun des corps des habitants du monde. Et c'est cette foi qui allait rebâtir le monde, j'en étais intiment persuadée.

Des voix nous coupèrent net dans notre petite conversation. Elles étaient lointaines, mais audibles. Jaime me prit par le bras et pointa du doigt un autre chemin, plus rocailleux et dissimulé par un épais nuage noirâtre.
- Ce sont des pillards. Mais comparé à moi, ils tuent quiconque se trouve sur leurs chemins. Changeons de direction, et allons en direction de Badbay.
J'ai hoché la tête, ses propos me suffisaient pour ne pas côtoyer les pillards. Nous avons donc emprunté le chemin le moins rassurant du monde.

Cela faisait de longues heures que nous marchions, et nous commencions à doucement se fatiguer. La nuit semblait ne pas tarder à s'installer de nouveau, pour régner à son tour sur ce monde détruit par les flammes du chaos. Mes pieds ne cessait de s'entremêler avec ce qu'ils rencontrèrent sur le sol. Le nombre impressionnant d'arbres morts qu'il nous fallait enjamber nous laissa comprendre que nous avions quitté Boston, sans doute depuis déjà un bon moment. Le noir nuage ne nous facilita pas la tâche, et notre vision fut quasi nulle. Mon pantalon, qui d'ailleurs appartenait à Jaime, commençait à se déchirer et à se colorer en un rouge pourpre au niveau de mes genoux, à chacune de mes chutes.

- Alyah, regarde !
Jaime, à un mètre de moi, alluma une lampe frontale. Mes yeux s'ouvrirent d'étonnement. Comment avait-il fait ? Je pus facilement deviner qu'il souriait sous son masque, en observant le plis de ses yeux. Puis, il s'approcha de moi et appuya sur un simple bouton situé sur mon front : et la lumière fut.
Bêtement, il rigolait. Malgré sa taille et sa majorité, Jaime demeurait un réel enfant. Et cela m'amusait beaucoup.
- T'as vu ça à du bon le futur, hein.

À peine eus-je le temps de répliquer, qu'un énorme grondement m'arracha un cri. Je me suis retournée au plus vite, comme mon compagnon. Un ours mal léché, plus grand que la moyenne couvert de boules de graisses et de tâches bleus souhaitait nous prendre comme déjeuner. Il était terrifiant. De plus, du sang lui colorait la gueule, et un vulgaire morceau de tissus s'était amusé à rester entre ses tranchantes dents. Ses pâtes, immenses étaient surmontés d'une dizaine de griffes, lacérants le sol à chaque fois. C'était un monstre.
- Un Yao ! Alyah, cours !
Mes jambes s'étaient déjà enfuient bien avant que Jaime me donna cet ordre. Assez rapidement, et en quelques enjambées, il me rattrapa et me prit par la main. La visibilité du chemin et les décombres nous empêchèrent d'avancer à notre rythme, et la bête gagna rapidement du chemin. Je me laissais simplement dirigé par Jaime. Mon autre main libre prit naturellement dans ma poche mon pistolet, au cas où on avait aucune chance d'échapper à la bête. Mon souffle était court, et j'avais l'impression que mon coeur allait exploser dans ma poitrine à chaque nouveau pas que j'entamais. Après tout ce que j'avais pu vivre, voilà à quoi ressemblait ma mort ?

Chers lecteurs,

Aimez-vous les précédents chapitres ?
Je vous préviens simplement que les suivants risques d'être un peu plus... Corsés.

Bonne lecture à vous ! 😊

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