Chapitre Huit

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Un peu plus loin de la place centrale, le monde se serrait dans de petites ruelles fraîchement aménagées : c'était un marché. Sa taille était telle que l'on ne voyait pas la fin. De fines bâches couvraient les hauteurs des stands, pour les préserver à l'ombre. Jaime me tira à l'intérieur de ce dernier. Des étagères de bois et de fers s'entassaient les unes sur les autres, si bien qu'il était difficile de voir les produits en vente. Tout semblait insalubre, et ne donnait pas envie de s'approcher. Même dans cette grande ville, la pauvreté régnait encore. Même dans cette ville robotique, l'horreur de la Guerre avait encore sa place. Elle était gravé sur les visages de ses inconnus, aux entrailles métalliques. D'ailleurs, de nombreux produits que je connaissais si bien demeuraient encore intact sur les stands. L'un piqua ma curiosité, et je me suis approchée du vendeur. C'était une poupée, et sa conservation m'étonne grandement. Celle-ci était encore fort belle. Son teint de porcelaine n'avait aucunes égratignures et scintillait comme à son départ de sa fabrication. Ses doux cheveux d'or, bien que quelque peu arrachés, étaient encore nombreux et sa coiffe de l'époque était toujours aussi bien réalisé. Quant à ses vêtements, ils étaient d'origines. On pouvait encore facilement lire la marque Levis sur la robe de jean dont la petite blonde était vêtue. Ses chaussures étaient encore celles de réels bambins, d'un rouge qui pouvait refléter le monde entier, tellement que leur brillance était inégalable. Mais, tous les enfants avaient pour habitude de dire "Aussi rouge que la pomme de Blanche Neige". Sa ressemblance avec de réels bambins étaient frappantes. De plus, la poupée faisait exactement la même taille. Il y a maintenant fort longtemps, je jouais avec cette même poupée à l'école, et elle attisait la jalousie de toutes les autres filles.
Mes doigts fins et délicats prirent la poupée, tandis que mes prunelles la regardait avec attention. Je la regardait dans tous ses recoins. Puis, je l'ai retourné pour voir si son mécanisme marchait toujours, ce qui aurai été spectaculaire. Cependant, à la place d'une petite manivelle, je me suis retrouvée avec un trou béant à l'arrière de son dos. La poupée était éventré sur toute sa longueur.

"- Oh, je vois que mademoiselle à l'œil ! Allez, comme vous êtes bien mignonne, pour 100 perles je vous offre ce magnifique porte bombe. En parfait état !
Le vendeur s'était approché de moi. J'étais tellement omnibulé par le jouet que j'en avais oublié sa présence. Cependant, un mot piqua ma curiosité de nouveau.
- Un porte bombe ?
Le vendeur regarda Jaime avec un sourire en coin. Jaime répondit en haussant simplement les épaules. Le vendeur continua :
- Ah ! Je vois que madame ne sort pas beaucoup des villes. Eh bien voyez-vous, mon produit peut un jour vous sauvez la vie.
Il me prit la poupée des mains, et inséra la sienne dans l'énorme trou situé dans le dos de la poupée. Il poursuivit :
Dans le trou, on insère une bombe. Et quand on la jette, on ne pense pas tout de suite que cette chose va nous péter à la gueule. Alors, cette seconde que vous avez perdue pour observer l'objet va sans doute vous tuer sur le coup. Parce que, c'est pas n'importe quelle bombe qu'on met la dedans, oh non ! C'est une extra laser 931. Mais bon, les portes bombes étaient déjà utilisés bien avant la guerre, moi, j'invente rien ! Alors, tu le prend mon chou ?

J'ai secoué la tête de gauche à droite avant de recommencer à marcher, indigné. Tous les objets de l'époque avaient dès lors été réutilisés à des fins morbides. Et ce vice allait jusqu'aux jouets des enfants, cela devenait vraiment inquiétant.
Jaime m'a rejoint quelque instant après, et s'est positionné à côté de moi. Puis, on a recommencé à parler de la poupée, voyant que cette dernière m'avait fortement perturbée. Comme bon instructeur, il m'a ensuite expliqué le type de bombe que l'on pouvait mettre à l'intérieur et leur puissance.
"- On y met généralement un extra laser 931, c'est exact. Pour te rendre à l'évidence, elles ont la force d'une mini bombe nucléaire. Vaut mieux pas rester dans les parages quand on en lance une.

Nous avons continué à marcher, bercés par les vagues de monde. Puis Jaime à reprit :
- Ça servait à quoi avant, un porte bombe ?
J'ai souris à cette question. Sa curiosité me plaisait. Tous deux, ne devinrent instructeur de l'autre, sur deux mondes complètement différents.
- On appelait ça une poupée. C'était un jouet inoffensif pour les enfants.
Il fronça les sourcils. Jaime avait du mal à imaginer quelque chose d'inoffensif. Il ne voyait pas cette chose comme un jouet, surtout en l'ayant déjà vu comme meurtrière. Il me regarda de nouveau, l'air interrogé :
- Et... À Quoi ça sert un canard en plastique ? "

Je me suis mise à rire. Un rire franc, qui faisait tourner la tête des gens à mon passage. Jaime, en me voyant rire, s'est également mit à rire.

Puis, nous avons de nouveau marché. Nous étions bons qu'à ça : marcher.
Un peu plus loin, vers les derniers stands du marché, un attroupement de personnes s'étaient formés. Au milieu de cette petite foule, une femme de petite corpulence, qui vendait ses produits artisanaux; elles vendaient de la nourriture. La femme faisait fortune : la nourriture et l'eau pure étaient les choses les plus rares sur terre, et donc par déduction les plus chères. En quelques dizaines de minutes seulement, son stand entier s'était vendu. Tout était partit, jusqu'à ses pièces de viandes qui montaient à 34.000 perles. De ce monde, les agriculteurs avaient une vie des plus durs, mais demeuraient les plus riches. Malheureusement, leur nombre décroissait étant victime de tuerie ou de pillage dans leur ferme.
Nous dépassâmes ces derniers stands, et nous tombâmes nez à nez avec une gendarmerie. Si nous voulions retrouver Jo, nous devions en premier lieu passer. Par là. La grandeur de la ville nous avait fait perdre un temps fou, et il fallait à présent prier pour que Jo ne se soit pas fait virer de Badbay, elle qui était connue pour ses coutumes ancestrales.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 26, 2017 ⏰

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