Partie 4

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14:00.

Je termine de discuter avec les filles. Je ne sais pas si elles se mettent d'accord entre elles, mais à chaque fois que je parle à l'une, l'autre survient d'un coup aussi. Je dois donc me plier en trois pour subvenir aux besoins de chacune. Dans notre famille lorsque la femme désire quelque chose, en tant qu'hommes, nous devons le lui offrir. Tel est la règle chez les Boughlifa.

Ce nom de famille est répété plusieurs fois lorsque l'on parle. Je sais, c'est bizarre mais chez nous il est notre fierté. Vous me direz 'oui mais c'est la fierté de tous, c'est normal d'être fier de son nom de famille'. Certes c'est normal, mais chez nous, il est encore plus important que toute autre chose sur cette terre. Il est notre dynastie et notre valeur. Tout le monde nous reconnaît lorsqu'ils entendent 'Boughlifa'. Ça peut paraître un peu hautain mais ce n'est pas moi le fautif. Je suis obligé d'obéir à la règle et c'est comme ça. Personne ne peut rouspéter ou se plaindre. La devise chez nous est 'tu es un Boughlifa, tu suis les règles et tu te tais' !

Chez moi, tout le monde est heureux. Je vais me marier très bientôt si Dieu Le veut et ça doit se fêter. Ma mère et mes cousines préparent les préparatifs pour le mariage religieux. Chez nous le mariage religieux est très important. Nous sommes de confession musulmane il nous faut donc respecter cette loi islamique. Je me dois d'être marié devant Dieu à mes femmes. Les papiers français n'attestent rien chez nous. Enfin ils attestent quand même un peu mais le principal reste Dieu ! Je regarde et remarque que je n'ai pas prié ma dernière prière. Ma mère s'approche de moi un classeur à la main au moment où je pose mon tapis sur le sol.

- Wouldi (mon fils) !

- Oui ma reine ?

- Tu aimes quel jabador (sorte de jellaba qui va jusqu'aux genoux et d'un pantalon assorti à la jellaba le tout formant un ensemble qu'on retrouve au Maroc et qui sont destinés aux hommes) ?

- Aaaaah maman tu viens au mauvais moment vraiment... J'allais effectuer ma prière...

- Aaaaah je suis désolée mon fils excuse-moi... Quand tu auras fini tu viendras au salon !

- Oui maman promis !

Je lui prends sa tête et dépose un baiser sur son front. Elle me sourit puis sort de la chambre me laissant ainsi effectuer ma prière.

14:35.

- Il est pas mal celui là !

- Non celui ci est encore meilleur !

- Ah non je trouve qu'il n'ira pas avec son teint il est mate caramélisé Tawfik alors il lui faut un beau jabador blanc !

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Non mais attends je t'explique ici il faut d'ab...

- Stop ! Arrêtez !

Mes cousines se tournent toutes vers moi. Depuis avant elles se battent pour savoir quel jabador je vais porter pour le mariage religieux. Je les regarde une par une. Elles me fixent en attendant une réponse.

- Celle qui choisira mon vêtement sera ma mère !

- Et pourquoi ?

- Nous aussi on a le droit de donner notre avis je te rappelle nous sommes tes cousines Tawfik !

- Oui c'est vrai ça nous sommes tes cousines !

- C'est vrai pourquoi on a...

- STOP ! J'ai dit STOP ! Celle qui choisira mon vêtement sera ma mère pour la simple et bonne raison que je veux faire plaisir à ma mère en lui donnant le privilège de choisir mon vêtement !

Elles baissent la tête. Elles n'ont plus le droit de me répondre. Chez nous, lorsque l'homme hausse la voix les femmes se taisent. Parfois c'est bien parce que les femmes aiment beaucoup crier et parler mais parfois je trouve que cette règle est mal agencée ou peut-être qu'elle est bien agencée mais que certains hommes de ma famille en profitent un peu. Ma mère les regarde l'air gêné.

- Mon fils... Je veux te parler...

Je lui souris puis me lève et nous nous dirigeons vers une autre pièce. Elle ferme la porte, replace son foulard puis s'approche de moi en tenant mon bras.

- Mon fils !

- Oui ?

- Tu sais je suis ta mère je suis heureuse que tu me demandes mon avis et celui de tes cousines mais...

- Mais ?

- En tant que femme, j'aurais voulu que ton père me demande mon avis sur sa tenue si on venait à se marier.

Je tourne ma tête vers la droite et fixe le mur. J'avais complètement oublié qu'il y avait désormais quatre femmes dans ma vie. Je la regarde puis souris.

- J'avais oublié... Ce n'est pas grave je leur dirai et puis elles m'aideront à choisir ! Ce soir en plus je dîne avec elles si Dieu Le veut !

Elle sourit puis s'avance près de moi.

- Tu es la prunelle de mes yeux mon fils !

- Et toi la reine de mon trône !

Elle rigole puis s'en va me laissant seul. Je m'assois un moment pour remettre mes idées en place. Tout va très vite d'un coup dans ma vie. Lorsque l'on dit que le mariage est une chose importante et qui prend énormément de temps et de place dans une vie, on dit vrai ! Je n'y croyais pas mais je suis entrain d'en faire les frais. Trop dur et trop de complication d'un coup. Il faut que je respire, que je prenne l'air et que je discute avec quelqu'un de tout ça. Bien sûr les meilleurs conseillers sont mes frères et mes cousins. Chez nous, nous n'avons pas énormément d'amis. Nos seuls amis sont les membres de notre famille. Nous sommes tellement nombreux que cela nous suffit amplement.

Je regarde l'heure et remarque que je dois aller me préparer pour aller dîner ce soir avec mes femmes. Je dois tout d'abord passer acheter quelques cadeaux. Ne jamais venir les mains vident devant une femme. Son amour grandira plus si tu lui offres quelques présents. Je sors de la pièce et monte dans ma chambre pour enfin me préparer pour ce soir.

L'Homme et Les Quatre femmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant