Partie 25

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                                                                       ** T **

J'attends qu'elle se retourne. Elle ne m'a pas repoussé, ne m'a pas insulté,
n'a pas fait de geste brusque. Elle est tout à fait normal. C'est la première fois que je me rapproche d'une femme de la sorte. Je pense que pour elle c'est la même chose mais version homme.

Je la sens respirer et je remarque qu'elle a fermé ses yeux. Son odeur. Son odeur est la plus belle et plus douce que j'ai pu sentir de toute ma vie. je scrute chaque recoin où j'arrive à avoir une vue dessus. Son oreille, sa joue, ses cheveux, son début de lèvres, ses yeux et ses cils légèrement sur le côté et pour finir le creux de son cou. Elle se retourne enfin légèrement comme si elle ne voulait pas que j'enlève mes mains du mur et que je continue à la 'protéger' par cette position.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Douce et légère. Aucune insulte. Voilà comment est sa voix. Je remarque bien que c'est bien elle qui est morte et non sa patiente. Ce n'était qu'un simple mensonge que seul moi connaîs. Je la fixe dans les yeux.

- J'étais là depuis avant !

Elle continue de me regarder. Ses yeux sont les plus beaux. Certes, ils sont bruns ce qu'il y a de plus basique mais ils sont les plus beaux. Elle sourit légèrement.

- Pourquoi tu chuchotes ?

Je souris à mon tour.

- Pour pas qu'on nous entende.

- Bah ils savent que t'es là non ?

- Oui mais ils ne savent pas que nous sommes là, tous les deux, dans le couloir entrain de parler.

- Mmh...

Elle baisse les yeux et fixe mon torse.

- C'est toi qui es morte Rania.

Elle continue de fixer mon torse. Je sens qu'elle veut répondre 'oui' mais qu'elle ne veut rien dire qu'elle veut rester celle qui reste mystérieuse sur tout.

- Pourquoi tu penses ça ?

- Parce que je le vois Rania, je le sens.

Elle sourit de nouveau. Elle finit enfin par relever ses yeux vers les miens.

- T'arrives à voir toi maintenant ?

Je fronce les sourcils puis commence à rigoler doucement. Elle fait de même. Nous nous arrêtons enfin puis nous regardons dans les yeux.

- J'aime bien quand t'es comme ça.

- Comment 'comme ça' ?

- Quand tu rigoles avec moi et discutes sans que tu t'énerves ou que tu m'insultes ou autre.

Elle baisse les yeux vers mon torse à nouveau. Je sens bien qu'elle regrette.

- Tu sais, j'ai toujours voulu avoir une femme mystérieuse.

- ...

- Une femme qui ne me révèle pas tout d'un coup et qui me laisse un peu galérer pour pouvoir avoir juste un peu d'informations sur elle.

Elle sourit légèrement et relève ses yeux.

- Mais j'ai jamais voulu avoir une femme qui m'insulte et qui me parle mal tout le temps ça je suis sûre que je l'ai pas demandée dans mes dou'as !

Elle commence à rigoler. Elle rigole tellement, qu'elle pose sa tête dans le creux de mon cou pour bloquer son rire pour que les autres ne l'entendent pas. Je rigole aussi. Elle s'arrête enfin et avec ses deux index, elle essuie légèrement ses larmes dues aux rires.

- Je suis si ignoble que ça ?

- Wallah même dans Game Of Thrones ou The Walking Dead quand y a des guerres ou des batailles ou des bagarres ils se font pas la hagra comme ça !

Elle recommence de plus belle. Cette fois-ci, elle rigole un peu plus fort.

- Chuuuut ils vont nous entendre !

Elle s'arrête. Elle fixe mes lèvres.

- T'as de sacré belles lèvres.

- Ouais je sais. Y a MAC hier ils m'ont envoyé un mail ils m'ont dit 'wallah Tawfik on a besoin de toi pour une pub tu nous prêtes tes babines boy' !

Cette fois-ci elle ne rigole pas. Je sens qu'elle est bloquée, comme si ce que je lui avais dit avant l'avais blessée.

- Rania ?

Elle me regarde sans répondre.

- Ça t'a vexé ?

Elle lève ses yeux vers le plafond. Une technique pour ne plus déposer ses yeux sur une partie de moi. Je sens qu'elle est triste et qu'elle s'en veut. Je ne pensais pas lui faire un si grand mal, je pensais rigoler avec elle. Elle relève ses yeux vers moi puis me sourit légèrement.

- Non t'inquiète pas...

Je sens bien qu'elle me ment. Elle dit non juste pour me rassurer ou ne pas me faire en vouloir de lui avoir dit quelque chose qui l'a blessée. Je me redresse un peu. Je la regarde dans les yeux. J'hésite à faire ce que j'ai envie de faire mais je veux le faire, je veux enfin me permettre de faire ce que j'ai toujours rêvé de faire. J'enlève mes deux mains du mur et les rapproche de son visage. Je les rapproche mais au moment où je suis sur le point de toucher son visage, je les recule d'un coup.

Elle lève ses yeux vers moi. Elle me fixe. Je scrute son regard et par grand surprise, elle me sourit. Je vois bien que dans son regard, elle me parle. Je décide de poursuivre ce que j'avais en tête. Je dépose légèrement mes mains sur ses joues. Elles sont froides. Lorsque je les touche enfin, je la sens frissonner légèrement. Elle ferme les yeux comme si c'était la dernière fois que j'allais pouvoir faire ça. D'un petit geste, je dépose mon pouce sur ses lèvres. Je fais tout, doucement comme si j'avais peur de lui faire mal.

Je fais de simples gestes et un sourire se dessine sur son visage. Je souris aussi. Qui aurait cru qu'elle allait accepter de s'approcher de moi ? J'y aurais cru, mais dans un autre monde. Je la regarde toujours. Elle dépose ses mains sur mes bras. Sans que je ne comprenne rien, elle rigole. Je la suis aussi. Nous nous arrêtons en même temps et je décide de continuer mon envie. Je place mon index sur son nez puis le remonte sur son front et descends vers ses joues puis repasse sur ses lèvres pour enfin arriver vers son cou. Je refais le même geste plusieurs fois jusqu'à ce quelque chose nous arrête.

- Elle te parle comme de la merde mais tu la prônes à nous ?

L'Homme et Les Quatre femmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant