Partie 9

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08:15.

J'entre dans mon cabinet et attends que mon patient du matin arrive. J'envoie un dernier message à une personne de mon entourage pour fixer notre rendez-vous dans mon cabinet vers les coups de 19 heures. Je pose mon téléphone puis ma secrétaire frappe à la porte.

- TU PEUX ENTRER FARIDA !

Elle ouvre la porte et me sourit.

- Comment tu vas ?

- Hamdoulah et toi ?

- Hamdulilah ! Alors ? Quoi de neuf ?

- Rien de neuf que du vieux !

- Hahahaha siiii y a bientôt ton mariage.

- Oui mon mariage...

- T'as pas l'air très enchantée hein... ?

- Non... Vraiment pas !

Elle baisse la tête puis la relève et souffle un peu pour changer de sujet.

- Euh en fait depuis avant on parle mais il y a ton patient !

- Ah ouais ? Le pauvre laisse le entrer.

- Oui !

Elle me salue avec sa main puis finit par me sourire et appelle mon premier patient du jour. Il entre et elle sort enfin en fermant la porte derrière elle. Je me lève et tends ma main.

- Bonjour ! Comment vous allez monsieur Bertrand ?

- Bonjour madame Tariki ! Je vais bien merci et vous ?

- Très bien Dieu merci !

- Dieu merci Dieu merci !

- Alors on fait comme d'habitude ?

- Oui comme d'habitude !

Monsieur Bertrand est un vieux patient à moi. Il est celui qui m'a en quelque sorte fait connaître. Lors de mes débuts, j'ai dû me faire connaître via les médecins, les amis, mon entourage et lui m'a fait connaître via ses amis et son entourage aussi. J'ai eu énormément de patients grâce à lui et je ne peux que le remercier. Il est âgé de 87 ans et il est plus en forme que certains jeunes de notre génération !

Je l'aide à se lever de sa place pour le déplacer vers l'autre pièce exprès conçue pour les consultations. Il s'assoit et me donne sa canne que je place derrière lui. Je commence tout d'abord par voir si il se rappelle de ce que nous avons fait la semaine dernière puis je commence enfin mon exercice du jour.

Lors de nos exercices, nous avons pour habitude de parler d'un peu de tout et de rien. Ces temps-ci, il me parle souvent de sa femme qui vient tout juste de décéder il y a un mois de cela. Il l'aimait énormément à tel point qu'il part tous les jours sur sa tombe déposer les fleurs qu'elle aimait tant, des roses blanches. Il m'en parle encore maintenant. Je l'écoute avec passion c'est magnifique un amour comme celui-ci.

- Tu sais, au départ je ne l'aimais pas je m'en rappelle encore hahahaha !

- Ah bon ? Pourquoi ?

- J'étais un petit coureur de jupon mais ne le dites à personne hahahahahaha.

- Hahahaha je vous promets de le garder pour moi.

- J'aimais beaucoup les femmes surtout avec mes amis on se donnait des gages et des défis et le plus souvent c'était de séduire chaque femme qui se trouvait devant nous.

- Et comment vous avez fait pour l'aimer votre femme ?

- Mon père devait vendre notre maison. J'avais l'âge de 20 ans à cette époque. J'étais le plus grand d'une fratrie de 9 enfants.

- 9 ? Mais c'est INCROYABLE !

- Ah oui 9 ! Je devais m'occuper des plus petits et petites. Lorsque j'ai vu que mon père avait perdu son travail et qu'il n'arrivait plus à subvenir à nos besoins, j'ai donc dû commencer à travailler dans un autre travail. J'avais deux métiers à la place de un. Un soir je suis rentré épuisé et ma mère est venu dans ma chambre. Elle s'est installée à mes côtés et m'a dit 'ton père doit absolument te marier avec une fille de riche. Nous avons besoin d'argent et c'est la seule solution'.

- ...

- Je peux te dire qu'avec la fatigue et le choc, je n'ai même pas répondu. Je n'avais pas d'autres choix. J'étais obligé de me marier avec elle et de vivre à ses côtés. Je suis arrivée dans sa vie et je ne l'aimais vraiment pas. Je la détestais. Elle la pauvre, ne disait rien, ne faisait rien, ne se plaignait jamais. Au fil du temps, son comportement et son caractère me plaisaient énormément. J'ai donc commencé à l'aimer et cela sans m'en rendre compte. Du jour au lendemain je me suis trouvé dépourvu de tout sentiment.

Je le regarde sans parler. Mon sourire s'efface et j'écoute son histoire. Il rigole un peu puis avec un grand sourire et un regard rempli d'amour il me répond :

- Je l'ai détestée mais j'ai fini par lui dire je t'aime !

L'Homme et Les Quatre femmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant