Chapitre 7

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Il est huit heures et quart du matin quand mon téléphone se met à sonner, je m'empresse de décrocher pour éviter de réveiller Antoine.

- Allô ? Fis - je en m'enfermant dans la salle de bain.

- Louise ? Bonjour, c'est Mathieu.

- Mathieu ? Mais je pensais que tu étais en Afghanistan avec Sacha et Kim !

Mathieu est un ami que j'ai rencontré en fac de médecine et que j'ai revu assez souvent pendant mes voyages.

- Je suis rentré hier, me coupa t - il, Et je suis actuellement à Paris enfin à l'hôpital surtout !

- Pourquoi ?! tu es blessé ??

Son rire résonne dans le téléphone.

- Non Louise, je reprends le boulot, tu t'en souviens ?

- Désolée j'avais oublié que nous étions collègues et pas seulement des amis.

Il toussote et un silence pesant s'installe, je connais très bien ce silence. Il a quelque chose à m'annoncer.

- Crache le morceau Mathieu.

- Je.. Il vaut mieux qu'on se voit pour qu'on puisse en discuter c'est pas..

- Dit - le, le coupais je, Je vois pas ce qui pourrait me..

- Tu es malade.

Je manque presque de perdre mon équilibre et m'appuie contre la porte.

- Quoi ?

- On a reçu ton dossier hier soir et je l'ai feuilleté toute la nuit en essayant de trouver des failles dans ton IRM, mais ...

- Qu'est ce que j'ai ?

- Tu as une tumeur maligne et..

- Elle s'est propagée ?

Le silence répond à sa place.

- Écoute je te rappelle Mathieu, J'ai beaucoup de chose à faire et.. au revoir.

Je lui raccroche au nez et me laisse glisser contre la porte. Je ne suis pas malade, je vais parfaitement bien. Comment pourrais - je être malade ? On sent ces choses là ! Et Je ressens rien qui me montre clairement que je le suis. Les larmes me montent aux yeux.

- Louise ?

Je me redresse à l'entente de la voix d'Antoine de l'autre coté de la porte.

- Oui ? fis - je en m'essuyant les yeux.

- Ça va ?

J'ouvre la porte en lui faisant un magnifique sourire, il est hors de question que je lui en parle, parce que je suis absolument pas malade.

- Je vais parfaitement bien, Tu sais ce que je me disais ?

Il me sourit et je passe mes bras autour de sa taille.

- Quoi donc ? Si tu me dis une journée série, je te préviens que je m'en vais tout de suite.

- Des pancakes !

- Des pancakes ?

J'ignore sa mine apeuré et le tire avec moi hors de ma chambre, direction la cuisine ! Je sors tous les ingrédients qu'il nous faut pendant qu'il s'appuie contre le plan de travail.

- Tu es sure de vouloir cuisiner ? Parce que tu sais on peut très bien aller prendre un petit déjeuner dans un café !

- Je sais faire des pancakes ! me défendis - je.

- Ouais et moi je tiens encore à ma vie, marmonna t -il.

Je lui lance un regard noir et commence la préparation pendant que Antoine prépare la table. C'est plutôt bien d'avoir la maison pour moi toute seule. Nous nous mettons à table quinze minutes après.

- Quand j'empoisonne quelqu'un il est supposé mourir, ironisais - je en le voyant s'empiffrer cinq pancakes d'affiler.

- Tu as vraiment un sens de l'humour incroyable ! tu le savais ?

Je lui lance une banane dans la tête et il fait mine d'être outré ce qui me provoque un fou rire.

- Non mais c'est quoi ces manières Louise !

Deuxième fou rire. Il se lève de sa chaise et me fonce dessus pour me prendre en sac à patate.

- Mais qu'est ce que tu fais ?! m'exclamais - je en me débattant.

- C'est l'heure de la punition, on doit bien se tenir à table.

- Dépose - moi  ! hurlais - je en rigolant.



***



Pour tout dire, il n'aurait peut être pas du nous faire monter. Nous voilà enlacer depuis à peu prés deux heures temps dans mon lit et je n'ai aucune envie de me défaire de lui. Je lève légèrement la tête et le regarde dormir paisiblement. Je me sens en sécurité comme ça et sentir son cœur battre contre ma joue m'apaise énormément.

- C'est adorable.

Je sursaute et regarde en face de mon lit où se trouve.. Karim ? C'est impossible, je dois sûrement rêver. Je ne prends pas le risque de bouger et ferme les yeux en me répétant qu'il n'est pas là, que ce n'est pas lui.

- Je suis toujours là, Louise, souffla t -il doucement.

Je garde mes yeux fermés aussi fort que je peux. Il n'est pas là Louise, Il n'est pas là. Respire. Je les ouvre à nouveau et il a disparu. Je jettes un coup d'œil à Antoine qui dort toujours aussi profondément, Je crois que j'ai besoin d'un verre d'eau. Je me lève lentement du lit en évitant de trop le secouer et descend à la cuisine où je me mets à ranger nos dégâts de ce matin avant de me servir un grand verre d'eau.

- J'aime bien ta maison, elle est très spacieuse.

Je me retourne pour croiser le regard de Karim encore une fois, il est assis sur le plan travail une pomme à la main et son sourire insouciant scotché sur ses lèvres.  

- Tu n'es pas là, me répétais -je en passant mes mains sur mon visage.

- Je peux t'assurer que je suis là Lou'.

- Ne m'appelle pas comme ça ! tu n'es pas réel.

Je ferme les yeux en m'appuyant contre le rebord du levier de la cuisine et sens sa main sur mon épaule. Mon cœur s'affole et mes larmes se mettent à couler, il ne peut pas être là.

- Va t - en s'il te plaît, le suppliais - je.

J'ouvre à nouveau les yeux et regarde autour de moi. Il est parti. Je me laisse glisser jusqu'au sol et ramène mes genoux jusqu'à ma poitrine. Il y a du vrai dans la phrase qui dit que souvent on se rend compte qu'on est réellement malade, qu'une fois après l'avoir appris.







Nous. [ Antoine Griezmann ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant