Chapitre 31

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J'enfile ma veste et ma mère ajuste ma cravate. Elle me sourit, ses yeux sont rougies. Elle a pleuré, et je sais que c'est de ma faute. Elle sort de ma chambre d'enfance et je me retrouve seul face à mon reflet. Mes yeux se portent sur le reflet du vase remplit de lilas, positionné sur la commode derrière moi et ma gorge se reserre instantanément.

- FlashBack -

Elle est partie. Elle ne respire plus. Ma gorge me brûle à force de contenir ma douleur. Je pose mes lèvres sur ses cheveux dans le but d'y déposer un léger baiser et leur odeur me parvient comme un brouillard remplit de souvenirs qui m'aveuglent. Je la serre encore contre moi et je n'arrive pas à me résoudre à la lâcher. Je lève les yeux vers l'écran, et la scène qui s'y joue ne me facilite pas la tâche. Leonardo DiCaprio est entrain de mourir et Rose pleure. Je sens une main se poser sur mon épaule et je sursaute. Mathieu s'accroupit et là, je craque. Je laisse mes larmes coulées.

- Elle est partie.

Il acquiesce en essayant de faire bonne figure mais ses larmes aussi ne tardent pas à couler. Sa mâchoire tremble et il s'échoue sur le sol en enfouissant sa tête entre ses mains. Nous restons cinq bonne minutes ainsi, jusqu'au moment ou des ambulanciers cherchent à récupérer Louise dans mes bras.

- Non s'il vous plaît, encore un moment, fis - je la voix complètement cassée.

- Antoine.

Je lance un regard à Mathieu et il secoue la tête. Je n'ai plus la force de détacher mes bras d'elle, alors ils le font à ma place. Je ne me débats pas. Ils la prennent dans leurs bras avant de la déposer sur un brancard et de partir vers l'ascenseur. Je ne me retourne pas une seule fois pour les voir l'emmener. Je reste là,  recroqueviller sur moi même avec comme seul compagnie : mon chagrin.

- Fin du FlashBack -

Je ravale mes larmes et desserre légèrement le nœud de cravate. Je m'apprête à me servir un verre de whisky lorsque Matthieu entre.

- Tu comptais faire quoi la ?

Je repose immédiatement la bouteille et le verre que j'ai en main.

- T'es inconscient ou quoi ? Ça va faire cinq jours que je te repêche complètement déchiré. Et tu veux boire le jour de son enterrement ? T'imagine deux secondes comment elle se sentirait si elle pouvait te voir ?

Je lui lance un regard noir et il se rend compte de sa connerie presque instantanément.

- Justement elle peut pas, fis - je sèchement.

- Tout ce que je veux dire, c'est que tu as le devoir de rester sobre aujourd'hui. Fais un effort.

- J'en fais assez en restant gentil et courtois avec un bon nombre de gens.

Il soupire. Je me regarde une dernière fois dans le miroir avant de descendre rejoindre ma famille, Sara elle aussi est présente. Je pense qu'elle a accompagné Mathieu. Je n'ai même pas envie de savoir ce qui se trame entre eux, mais à mon avis Raphaël s'est fait éjecté. Ils me regardent tous avec pitié, j'ai horreur de ça. Je ne dis pas un mot et sort de la maison pour rejoindre ma voiture. C'est mon père qui conduit, ma mère et les autres ont choisis de prendre une autre voiture. Je me retrouve donc en compagnie de mon père, Mathieu et mon frère.  Le trajet se fait en silence jusqu'à l'église. Il y a beaucoup de monde, je ne dis pas bonjour qu'à quelques gens, voir  pratiquement personne et trace jusqu'à mon emplacement dans le cimetière lorsque la mère de Louise me retient.

- Antoine ?

Je me retourne et la prend dans mes bras. Je sais qu'elle se sent aussi mal que moi et qu'elle est complètement seule. Comme moi. Je suis peut-être entouré mais je me sens seul. Totalement seul. Lorsqu'elle se détache de moi, j'essuie les quelques larmes qui ont coulés sur ses joues et lui lance un sourire affaiblie.

Nous. [ Antoine Griezmann ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant