Chapitre 13

3.3K 156 0
                                    


6 jours après le 14 juillet.


Il est minuit quand je me réveille, impossible de supporter les douleurs qui proviennent de mon crâne. C'est la première fois que ça me fait aussi mal. Je me redresse et penche ma tête en avant quand je remarque des gouttes de sang dégouliner sur mes draps, j'appuie de suite sur l'interrupteur près de mon lit et deux infirmiers débarquent quelques secondes plus tard. Tout devient ensuite très confus, je sens des picotements dans tout mon corps et je reste consciente pendant au moins une bonne trentaine de minutes jusqu'à ce que Mathieu arrive précipitamment. Il ne porte pas sa tenue de travaille je suppose qu'on la biper pendant qu'il ne travaillait pas.

- Pardon de t'avoir réveillé, fis - je complètement dans les vapes.

Il me regarde et me caresse les cheveux en me répétant que tout va bien. Non tout ne va pas bien ! Je n'aurai pas du parler parce que maintenant j'ai le goût un goût métallique dans ma bouche. Mon nez pisse le sang bordel et ma tête me fait atrocement mal je serais presque tenter de me tirer moi même une balle pour que ça s'arrête. Je vois des aiguilles bouger dans toute les sens, des voix et des cris. Et c'est le trou noir.


- Eclipse du temps -


- Louise ?

J'ouvre avec peine mes yeux et ressens comme un grand vide, comme si ma tête était soudainement très lourde juste à cause de son poids mais qu'elle était complètement vide à l'intérieur. Je prends cinq bonne minutes à observer le plafond avant de poser mon regard sur Antoine à mes côtés un sourire qui semble sincère mais qui reflète toute sa fatigue en même temps.

- Ça va aller mon cœur, je vais rester ici.

J'acquiesce incapable d'ouvrir ma bouche et pose mon regard sur sa main qui tient la mienne. Je me concentre alors sur la sensation de sa main sur la mienne, la chaleur, les petits cercles qu'il dessine sur le dos de ma main ainsi que les frissons que me procure ce simple contact. C'était tellement horrible, comment vais - je pouvoir supporter tout ça sans flancher ?


- Eclipse de quelques heures -


Je pianote sur mon ordinateur portable en attendant le retour d'Antoine avec le dîner. Je me sens un peu mieux, vu tout ce qu'on m'a donné pour. Je m'apprête à lancer un tuto youtube sur "comment se faire un maquillage éclatant" pour éviter qu'Antoine ne me voit aussi blanche que neige ainsi que mes visiteurs, quand mon petit frère fait son entrée.

- Salut toi, souffla t - il s'efforçant de sourire en examinant mon état, tu es rayonnante !

- Raconte pas de conneries, pouffais - je, j'ai l'air d'un zombie.

- Puisque c'est toi qui le dit !

Il rigole et vient s'installer sur le rebord de mon lit. Je le regarde, il a l'air assez nerveux. Je le connais assez pour voir que quelque chose le tracasse. Je ferme mon ordinateur et le pose sur la table juste à coté avant de prendre sa main.

- Qu'est ce qu'il ne va pas ?

- Rien, Pourquoi cette question ?

Il ricane et balade ses yeux dans la pièce.

- Tu veux me faire croire que la décoration de cette maudite chambre t'intéresse soudainement et que tu trembles pour rien ? Allez Davis, je suis ta sœur et je suis pas encore morte, tu peux quand même me dire ce qu'il ne va pas non ?

- Je t'en parlerai plus tard, je te le promets Lou'. Mais là tout de suite, je veux profiter du fait que je sois sur Paris pour passer du temps avec toi.

Je finis par abandonner et envois un message à Antoine pour lui annoncer que je passerai finalement ma soirée avec mon frère et qu'on se verra demain. J'espère qu'il en profitera pour décompresser et sortir avec ses amis au moins ce soir. Il se donne tellement pour être là pour moi, si il en été autorisé il dormirait aussi à l'hôpital avec moi. Mon lit est tellement grand qu'il pourrait contenir Antoine et Sara , moi y compris, mais seul un époux ou un membre de la famille peut rester dormir. Il aurait pu facilement payer pour pouvoir le faire mais je ne voulais pas qu'il fasse ça pas avant au moins que mon état soit vraiment critique. Je sais c'est ridicule.

Nous passons notre soirée à se remémorer nos souvenirs d'avance. Étrangement ça me fait du bien, j'étais plutôt septique lorsque Davis a emprunté ce chemin là au fil de notre discutions mais finalement ça me mets de bonne humeur.

- Oh ! Tu te rappelles là fois où nous étions allés en Inde pour les vacances de mai ? rigole t - il.

Comment pourrais - je ne pas m'en souvenir ? C'était tout simplement magique.

- J'avais seize ans et tu en avais onze non ?

- C'est exacte ! Tu étais devenue complètement gaga des éléphants et tu voulais à tout prix en monter un.

J'explose de rire, oui je m'en souviens. Les éléphants étaient des animaux extraordinaire à mes yeux et ils le sont toujours. Toute les histoires dont ils étaient les sujets étaient fantastique, j'en étais vraiment folle. C'est pour ça que j'en veux sûrement à mon père de m'avoir refusé d'en monter un. C'est aussi là - bas que j'ai rencontré Karim pour la première fois, à cet époque là je n'étais pas avec Antoine. Je l'ai rencontré que quelques mois après.

- Louise ?

Je secoue légèrement la tête comme pour me sortir de mes pensées avant de plonger mes yeux dans ceux de mon petit frère.

- Mathieu.. il m' a laissé entendre qu'au début tu voyais ..Karim ?

Je retiens mon souffle en me souvenant de ce qu'il était pour chacun d'entre nous. Davis aimait vraiment Karim comme un frère, comme il aime Mathieu d'ailleurs.  Je me rappelle encore de ma réaction quand j'ai su que nous serions affecté dans le même cursus universitaire pour devenir tout deux médecins il y a quatre ans. C'était la première fois que je le revoyais depuis notre voyage en Inde, j'avais tout juste vingt et un ans et il en avait vingt- quatre.

- C'est .. la vérité mais je ne veux pas que tu me vois comme une..

- Détraquée ? me coupa t -il avant d'exploser de rire, C'est pas le cas en fait ça va te sembler ridicule mais je suis content qu'il soit ..enfin tu vois qu'il..  laisse tomber c'est con.

- Non non vas - y ! l'encourageais - je amusée.

Il souffle un bon coup avant de reprendre.

- Je veux dire ça me fais du bien de savoir qu'il sera là bas avec toi.

Les larmes me montent aux yeux et je caresse légèrement la joue de mon petit frère, en repensant ce qu'il avait vécu lorsque Karim est mort, il y a trois ans. On en parle pas souvent voir jamais parce que parler de ces histoires là, c'est nous faire du mal. Il était important pour nous. Vraiment. D'une part je me dis aussi que ce n'est peut être pas juste le fait que je sois malade, qu'on l'a envoyé veiller sur moi jusqu'à que mon cœur cesse de battre que c'est lui l'ange qui vient me récuperer et m'emmener dans un endroit sûre.. le paradis peut - être qui sait.

- Moi aussi ça me fais du bien, murmurais - je en prenant mon frère dans mes bras.

Je relève légèrement les yeux en le serrant toujours dans mes bras et croise le regard de Mathieu. Il essuie rapidement les quelques larmes qui coulent sur ses joues avant de quitter l'encadrement de la porte pour sûrement retourner travailler. J'espère que Davis supportera mon absence et je sais que Mathieu sera présent pour lui. Après tout Mathieu est le mieux placé pour l'aider à surmonter ça, lui aussi a perdu Karim : son unique frère.




Nous. [ Antoine Griezmann ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant